Un appel a témoins est diffusé par la police judiciaire de Grenoble, ce lundi 6 mai, dans le cadre de la disparition inquiétante de Malik Boutvillain il y a sept ans, en Isère. La famille du disparu déplore une nouvelle fois le flou qui entoure cette enquête.
Le 6 mai 2012, Malik Boutvillain, 31 ans, quittait son domicile d'Echirolles sans argent, ni téléphone portable, ni papiers d'identité. Sept ans plus tard, jour pour jour, la famille ignore toujours dans quelles circonstances le trentenaire a disparu. Mais l'enquête a été rouverte, début 2018, après une plainte de la famille. Une juge d'instruction a ainsi été nommée, permettant la tenue de nouvelles investigations.
C'est dans ce contexte qu'un nouvel appel à témoins est lancé ce lundi 6 mai, nous apprend l'antenne de police judiciaire de Grenoble, confirmant une information du Dauphiné Libéré. Toute personne disposant d'informations sur Malik Boutvillain est priée de se rapprocher des enquêteurs au 04.76.60.41.05/06 ou 04.78.78.40.60. "C'est une bouteille à la mer", indique une source policière proche du dossier, sans donner plus de détail.
A de nombreuses reprises, la famille de Malik Boutvillain a regretté, par la voix de son avocat, le manque de moyens alloué à l'enquête. Des investigations menées "avec les moyens du bord", dénonçait Me. Bernard Boulloud fin 2018. "C'est la famille qui a dû faire l'enquête de voisinage, je regrette qu'il n'y ait pas eu d'instruction. On a perdu six ans d'indices."
Ce nouvel appel à témoins, lancé à la demande de la famille, est une lueur d'espoir pour Dalila Boutvillain. Mais sept ans après la disparition de son frère, elle regrette d'être "toujours dans le flou". "Nous ne sommes pas tenus informés des avancées de l'enquête. On se sent mis à l'écart, ignorés", déplore-t-elle.
La piste Lelandais
Selon une enquête du Parisien sortie au début du mois d'avril, la disparition de Malik Boutvillain ferait partie des 40 dossiers suivis de près par le cellule Ariane de la gendarmerie. Créée début 2018, elle enquête notamment sur des cas de disparition non élucidés de la région Auvergne Rhône-Alpes potentiellement imputables à Nordahl Lelandais, tueur présumé de la petite Maëlys.
Sur les 900 dossiers suivis initialement par cette cellule basée dans le Val-d'Oise, 40 auraient été sélectionnés pour faire l'objet d'investigations croisées avec le parcours de Lelandais, d'après nos confrères. Une information que les sources officielles se refusent à confirmer, même auprès des familles concernées.
"Je dois, aujourd'hui encore, répondre aux questions de chacune desdites familles qui m'ont missionnées sur la fiabilité des informations parues dans la presse, relatait Me. Bernard Boulloud, suite à la publication de l'enquête du Parisien. J'en suis bien incapable puisque, pas d'avantage que le Général Lecouffe [sous-directeur de la police judiciaire à Paris], la justice ne me dit rien !"
L'avocat de la famille du disparu se dit "exaspéré" de cette omerta qui "ajoute encore à la profonde souffrance de chacune des familles". Bernard Boulloud défend également les proches du caporal Arthur Noyer, l'une des victimes présumées de Nordahl Lelandais.
Élément inquiétant dans la disparition de Malik Boutvillain : il n'est pas le seul a s'être volatilisé il y a sept ans. Hugo Raffi, Stéphane Chemin, Ahmed Hamadou... Au total, onze personnes disparaissent à la même période. Certaines familles décident donc de porter plainte contre X début 2018, dont les Boutvillain, ce qui aura permis la réouverture de l'enquête judiciaire.
Reportage de Anne Hédiard, Franck Céroni et Jean-Jacques Picca