Jeudi soir, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé le passage de Grenoble en zone d'alerte maximale au Covid-19. En conséquence, les bars devront fermer à partir de samedi matin. Une catastrophe pour les cafetiers, qui avaient pourtant mis en place d'importantes mesures sanitaires.
Après les annonces d’Olivier Véran, jeudi soir, les clients attablés aux terrasses vont devenir bien rare. Car comme Lyon, Saint-Etienne ou Lille, Grenoble est passé de zone d'alerte renforcée à zone d'alerte maximale. Les bars devront donc fermer dès samedi matin.
Pour les gérants, cette mesure sonne comme une injustice. "On s’est plié à des contraintes sanitaires très exigeantes, qu’on applique à la lettre, il faut bien le dire, assure Mathieu Chassin, du bar-restaurant Subway. La police est passée plusieurs fois vérifier, elle nous a dit : ‘Continuer comme ça, vous faites les choses très bien !' Et maintenant, on nous explique qu’on va fermer, sachant que l’équipe est déjà fatiguée d’avoir mis tout ça en place. On a l’impression d’avoir fait tous ces efforts pour rien."
"Est-ce qu’il ne va pas y avoir plus de morts dits économiques que de morts du Covid ?"
Depuis dix jours, les bars avaient déjà l’obligation de fermer à 22 heures. Au-delà de l'injustice, ce durcissement des mesures pour freiner l’avancée du virus suscite de la colère. "Quand quelqu’un passe huit heures de travail à l’usine et qu’on nous explique que c’est la demie heure qu’il basse au bar, en sortant, qui va le contaminer, j’ai un peu du mal à y croire !" tonne Mathieu Chassin.Déjà fragilisé par le confinement, le secteur redoute les conséquences économiques d’une nouvelle période de fermeture. "Est-ce qu’il ne va pas y avoir plus de morts dits économiques que de morts du Covid ? Aujourd’hui, la réponse est oui. Il y a moins de morts du virus que ceux qu’il va découler des restrictions économiques. Evidemment !" s'inquiète Marc Tjoutis, gérant du bar "Les copains d'abord".
Selon l’organisation patronale des hôteliers cafetiers et restaurateurs, ces nouvelles restrictions sont contre-productives. Elles pourraient même accélérer la propagation du virus pour Jacqueline Amirante, de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie Isère : "Si les bars ferment, les jeunes vont de toute façon se retrouver, dans des petits appartements peu aérés. Et là, à mon avis, ça va augmenter la contamination."
Un dispositif majeur a montré toute son efficacité depuis le début de la crise : le fonds de solidarité. Il a bénéficié à plus de 1,7 million d’entreprises. Mais il ne permet pas de couvrir toutes les situations. Nous le renforçons de manière significative. ⤵️ pic.twitter.com/5oJC5ut3Oi
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) October 8, 2020
Ce jeudi, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé un renforcement du fonds de solidarité, afin de venir en aide aux secteurs de l'hôtellerie et de la restauration. Ce fonds sera ouvert à toutes les entreprises ayant jusqu'à 50 salariés – contre 20 jusqu'à présent. Pour en bénéficier, il faut soit faire l'objet d'une fermeture administrative, soit avoir perdu 70% de son chiffre d'affaires – contre 80% précédemment.
Les professionnels grenoblois ne sont pas rassurés pour autant. Vendredi, les cafetiers-restaurateurs renouvellent l’opération "Laissez nous travailler" : de nouveaux concerts de casseroles auront lieu devant leurs établissements.