Grenoble Habitat. "La ville court à sa perte" : face au risque de report de la vente, la mairie prévoit un nouvel emprunt

La vente de Grenoble Habitat, qui doit rapporter 37 millions d'euros à la Ville, risque fort d'être reportée à l'an prochain. Pour boucler son budget 2023, la municipalité décale certains projets et envisage un nouvel emprunt, portant sa dette à un niveau record. L'opposition fustige une "spirale très dangereuse".

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La Ville de Grenoble pourrait recourir à un nouvel emprunt pour combler un trou conséquent dans son budget. En cause, la vente du bailleur social Grenoble Habitat, inscrite au budget primitif 2023 à hauteur de 37 millions d'euros, qui risque finalement de n'intervenir que l'année prochaine.

L'information a été annoncée mercredi 25 octobre lors d'une réunion de la commission des finances de la municipalité. L'adjoint au maire en charge des finances a indiqué qu'une décision modificative du budget serait soumise au conseil municipal le 13 novembre, permettant à la Ville d'emprunter jusqu'à 21,4 millions d'euros supplémentaires d'ici la fin de l'année. Ce qui porterait le total des emprunts prévus cette année à 46 millions d'euros - une somme encore jamais atteinte - sur un budget primitif 2023 de 388 millions d'euros.

La municipalité écologiste a mis en avant des "efforts de gestion" réalisés en limitant les dépenses et en décalant certains projets comme les travaux de restauration de la tour Perret. Ces ajustements ont permis à la Ville de réduire son budget 2023 de 16 millions d'euros, auxquels il faut toutefois ajouter cet emprunt d'équilibre de 21,4 millions pour ne pas faire plonger les comptes dans le rouge. L'endettement total de la municipalité s'élèverait alors à quelque 320 millions d'euros à la fin de cette année.

"Spirale très dangereuse"

"Nous avions alerté sur le fait que la vente de Grenoble Habitat ne pourrait pas se faire cette année. Cela a contraint la Ville à réduire ses investissements et à recourir, pour la deuxième année de suite, à des emprunts pour équilibrer ses comptes", regrette le conseiller municipal d'opposition du groupe Nasa (Nouvel air, socialistes et apparentés) Romain Gentil. "Selon mes calculs, ces opérations vont coûter, au total, 1 million d'euros d'intérêts."

Ce nouvel emprunt est d'autant plus critiqué par l'opposition car il intervient la même année que la hausse de 25 % de la taxe foncière, faisant de Grenoble la ville où cet impôt est le plus élevé en France. Une augmentation que la municipalité justifiait par la nécessité de financer son projet de "bouclier de justice sociale et climatique" dont le budget a finalement été amputé à cause du possible report de la vente de Grenoble Habitat.

La municipalité grenobloise, actionnaire majoritaire du bailleur social (51 %), entend vendre ses parts à la société Adestia, filiale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Un dossier brûlant auquel se sont opposées la Ville de La Tronche et la Métropole - toutes deux actionnaires minoritaires -, et qui fait toujours l'objet de recours devant la justice. Malgré ce nouveau report à 2024, la vente ne serait toutefois pas remise en question.

"Eric Piolle vend les bijoux de famille, il augmente les impôts et il n'y arrive toujours pas", fulmine Alain Carignon, président du Groupe d'opposition (divers droite), pointant une "spirale très dangereuse de l'endettement". "Sans réforme de structures, la ville court à sa perte", écrit-il sur X (anciennement Twitter).

La Ville dédramatise

Pour sa part, la municipalité tempère. Sur les 37 millions d'euros de la vente de Grenoble Habitat, l'adjoint au maire en charge des finances, Vincent Fristot, parle d'une "recette possiblement décalée à 2024". Une incertitude qui explique, selon lui, la nécessité de "se préparer" à une vente qui interviendrait après le 31 décembre en soumettant au vote une nouvelle "ligne maximum d'emprunt d'équilibre" de 21,4 millions d'euros.

Quant au décalage de certaines dépenses d'investissement comme le chantier de la tour Perret, il s'agit "uniquement de délais techniques" ou de "mise en route qui prend du temps" pour le bouclier de justice sociale et climatique. "Les 16 millions [d'économies, NDLR] ont été identifiés dans des lignes existantes qui ont été décalées ou modifiées", résume Vincent Fristot.

L'adjoint présentera cette décision modificative du budget, la deuxième cette année, lors du prochain conseil municipal le 13 novembre. Une séance qui s'annonce déjà houleuse avant le vote, le mois suivant, du budget 2024 dont les investissements risquent de se voir amputés par le remboursement des nouveaux emprunts.

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