Il y a quelques mois encore, elle ne savait pas pourquoi son fils, aujourd'hui âgé de 18 ans, était handicapé : retard mental important, surdité et troubles de l'équilibre, qui l'empêchent de se déplacer normalement. Aujourd'hui, le handicap de Jack s'aggrave de plus en plus et devient trop lourd à porter pour sa mère. "J'aime mon fils, il m'apporte beaucoup de joie. Mais son handicap m'apporte beaucoup de souffrance."
"Ils ont pris une décision libérée"
Elle a attaqué en justice son gynécologue qui n'a rien décélé pendant la grossesse. La responsabilité du médecin est écartée car le handicap est apparu après l'accouchement. "Ils ont pris une décision délibérée d'intervenir après la mort. Et ils savaient très bien qu'en cas de réussite de l'intervention, il serait rudement handicapé. Ca change tout", poursuit Corrie Jean Walker.
Jack, handicapé à vie, est dépendant de sa mère quand il n'est pas dans un institut spécialisé. Pour sortir, il a besoin d'un fauteuil. Et communique avec sa mère par une langue des signes conçue ensemble.
"Le médecine a franchi une limite qu'elle ne devait pas franchir"
Quand elle apprend enfin la nouvelle, elle est furieuse. Elle poursuit le pédiatre et le médecin réanimateur de la clinique. Elle dénonce un acharnement thérapeutique et des manoeuvres de ressucitation.
Un cas inédit qui pourrait redéfinir les conditions d'intervention des médecins. L'avocat de Corrie Jean Walker et de Jack Walker, Hervé Gerbi, s'explique :
On parle de réanimation lorsque vous êtes en état de mort apparente et qu'il y a ce petit souffle de vie qu'on veut faire croitre. Là, il y a manoeuvre de ressucitation car l'enfant est mort probablement depuis longtemps quand il sort du ventre de sa mère. Et je crois que c'est cette différence qu'a voulu mettre en avant l'expert pour dire que la médecine avait franchi une limite qu'elle ne devait pas franchir.
Pour l'avocat du médecin réanimateur, il était impossible de savoir lors de l'accouchement que Jack était mort-né. Il a également affirmé que l'urgence de la situation justifiait le choix de la réanimation.
Une expertise judiciaire doit désormais déterminer s'il y a eu acharnement thérapeutique sur Jack ce 21 mars 2001.