Au CES de Las Vegas, une patate connectée a fait sensation. Pour son créateur grenoblois, c'est une manière de se faire connaître, tout en rappelant que la technologie doit rester utile et au service d'un réel besoin.
"A quoi peut servir cette patate ? A toutes les grandes décisions. Par exemple : ma femme m'ennuie, dois-je divorcer ? Vous n'êtes pas assez courageux pour y répondre, alors mettez la responsabilité sur votre patate connectée, elle vous répondra."Dans son stand au milieu du Consumer electronics show (CES), la grand messe annuelle de la technologie à Las Vegas, qui avait lieu du 7 au 10 janvier dernier, Nicolas Baldeck, créateur grenoblois, a enchaîné les harrangues mémorables, patate à la main, sans sourire aux lèvres.
Révolutionnaire pomme de terre
Présentée comme une techonologie de pointe, son produit, la smart potato - ou patate connectée - a pour ambition de faire parler les tubercules à l'aide d'une puce électronique.Le pitch pour la #smartpotato attire toujours autant de monde ! "Payer + de 4000 dollars pour venir au CES valait le coût" me dit ensuite @nb4ld pic.twitter.com/KGNEYRj07I
— Sylvain Rolland (@SylvRolland) January 9, 2020
Connectée par bluetooth à votre smartphone, la pomme de terre révolutionnaire pourra, à la manière de Siri, répondre à toutes vos questions. Comme n'importe quelle innovation du CES, la smart potato dispose de sa vidéo de présentation, de son kit de presse téléchargeable et d'une cagnotte en ligne sur la plate-forme indiegogo.
Malgré un dossier béton, grâce auquel le jeune homme a pu obtenir un stand dans le prestigieux salon américain, la smart potato n'a pas vocation à se retrouver en magasin entre les smart cafetières, les smart toilettes ou les smart tampons.
"Appelez-là troll si vous voulez, moi je préfère l'appeler performance artistique", explique le Grenoblois, qui s'est déjà rendu plusieurs fois au CES pour présenter, cette fois-ci, des objets tout à fait sérieux.
Un "syndrome de la patate"
"Cette pomme de terre intelligente interroge la mode des objets connectés, précise Nicolas Baldeck. Aujourd'hui, on connecte tout et n'importe quoi. Connecter ses toilettes, c'est une innovation marketing et non technologique.Je ne voulais pas me moquer du salon, mais seulement de ces objets inutiles qui concentrent l'attention, alors qu'on pouvait trouver de la deep technology [des inventions qui reposent sur des avancées scientifiques importantes, ndlr] au CES : une start-up exposait une batterie biodégradable par exemple !"
Le smart tampon existe pour de vrai, et ça n'est malheureusement pas un canular : https://t.co/e2jo2QB9OB https://t.co/gp3BZsmnba
— Nicolas BALDECK (@nb4ld) January 30, 2020
L'entrepreneur grenoblois, qui a déjà créé une balise et un site météorologique pour les parapentistes, ne souhaite pas pousser la blague plus loin. "C'était un one shot, ça n'aurait pas de sens de recommencer, assure-t-il. Mais si le produit atteint les 1000 précommandes je le commercialiserai."
Toujours est-il que la smart potato a donné naissance au "syndrome de la patate", expression désignant cette tendance à la création de technologies futiles.
Une smart potato pour chercher du boulot
L'intelligence du tubercule réside également dans sa capacité à faire connaître son créateur, qui aimerait se lancer dans un projet "utile à la société"."Je cherche un boulot d'ingénieur McGiver Géo Trouvetout, sourit Nicolas Baldeck. Je voudrais inventer quelque chose pour améliorer la vie des gens. Par exemple, faire marcher les personnes handicapées avec un système qui ressemblerait à un exosquelette et leur permettrait de descendre les escaliers pour prendre le métro."
Le Grenoblois présentera son idée au startup weekend de Chambéry ces 1er et 2 février.