Le dispositif d’alerte "Demandez Angela" a fait son arrivée en mai dernier dans les bars et les commerces de Grenoble. Ce réseau de lieux sûrs, dans lesquels toute personne peut se réfugier si elle est suivie ou harcelée dans l’espace public, s'étend à des supermarchés de la métropole.
Un nom de code et un signe de protection pour les personnes victimes de harcèlement dans la rue et les établissements festifs. Le dispositif "Ici, demandez Angela" a été lancé à Grenoble en mai dernier. L'initiative apparue au Royaume-Uni en 2016 a essaimé dans plusieurs pays. En France, des dizaines de collectivités font désormais partie de ce réseau d'entraide. À l'automne, la métropole grenobloise a décidé d'élargir le dispositif en l'appliquant aux lieux publics fréquentés et aux espaces commerciaux.
Dans la banlieue sud de Grenoble, l'hypermarché Leclerc Comboire accueille environ 4 millions de visiteurs par an. Le centre commercial fait désormais partie de ce réseau de "lieux refuges" pour les personnes victimes de harcèlement de rue ou se sentant en danger. Ces dernières pourront trouver de l'aide en posant la question "Où est Angela ?" aux personnels de la parapharmacie, de l'accueil, des caisses et aux cabines d'essayage.
"Cela peut arriver partout"
"C'est une excellente idée, cela devrait être fait davantage", réagit une mère de famille et cliente du magasin. Son fils a été déjà été suivi dans la rue. Pour elle, le dispositif est rassurant. "Aujourd'hui, je trouve que la situation est anxiogène, surtout en ville et la nuit", assure une autre cliente près des caisses. Mêmes réactions dans d'autres allées de l'hypermarché où certaines clientes assurent être de plus en plus confrontées, de près ou de loin, à des situations de harcèlement dans l'espace public. "Cela peut arriver partout, dans la rue ou dans des grands magasins", réagit une autre femme.
Le personnel du centre commercial a été formé pour accueillir les victimes potentielles et les prendre en charge. "Si on est sollicités dans la pharmacie, on se met à l'écart de la foule, on laisse parler la personne et en fonction de son récit, je peux l'orienter vers des associations ou vers le numéro 3919", résume Nathalie Neto, préparatrice en pharmacie. Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, harcèlement, etc.).
La métropole a organisé dix séances de formation pour 95 personnes travaillant dans les lieux partenaires du dispositif. Dix autres sessions affichent déjà complet. La collectivité espère ainsi multiplier par deux ou par trois le nombre de formations destinées à ces personnels.
90 % de femmes victimes
"Les statistiques sont terribles : 90 % des femmes en France sont victimes de harcèlement, il y a un prisme agressif des hommes vers les femmes", assure Christophe Ferrari, président (divers gauche) de Grenoble Alpes Métropole. La collectivité veut donc lutter plus efficacement contre le phénomène. "Ce dispositif permet de donner aux femmes la possibilité d'être protégées de manière instantanée", ajoute l'élu grenoblois.
Selon un sondage de 2020, plus de 8 femmes sur 10 ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics. Si le harcèlement de rue concerne particulièrement les femmes, il peut toucher tout le monde. Depuis la loi du 3 août 2018, le harcèlement de rue est réprimé par une amende pouvant aller de 90 à 750 euros.
"Demandez Angela" est présent dans 11 communes de l'agglomération : Grenoble, Echirolles, Saint-Egrève, Fontaine, Meylan, Eybens, Saint-Martin-d’Hères, Sassenage, Veurey-Voroize, Pont-de-Claix et Seyssins.