"Il voulait faire pire que le Bataclan" : un gendarme isérois néonazi jugé pour des projets terroristes d’extrême-droite

À partir de ce lundi 19 juin, quatre hommes de la mouvance néo-nazie sont jugés aux assises des mineurs à Paris. Ils sont soupçonnés d'avoir fomenté des projets d'attentats entre 2017 et 2018. Parmi eux, Alexandre Gilet, un gendarme volontaire isérois, considéré par les enquêteurs comme "le plus radical" du groupe.

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Ils parlaient de s'en prendre aux dîners du CRIF, au rappeur Médine ou aux meetings de Jean-Luc Mélenchon. Quatre hommes de la mouvance néo-nazie sont jugés aux assises des mineurs à Paris à partir de ce lundi, soupçonnés de projets terroristes criminels entre 2017 et 2018.

Cette audience criminelle constitue une première pour l'ultradroite. Comme l'un des mis en cause avait 17 ans au moment des faits, ils comparaissent devant la cour d'assises des mineurs spéciale, jusqu'au 30 juin.

Un Isérois au cœur du projet "WaffenKraft"

D'après l'accusation, les hommes, aujourd'hui âgés de 22 à 28 ans, imprégnés de l'idéologie "d'extrême droite néo-nazie", participaient à un forum privé nommé "projet WaffenKraft" sur lequel leurs discussions avaient "très rapidement dérivé vers l'élaboration de projets terroristes sous l'impulsion d'Alexandre Gilet", le "plus radical et plus motivé" du groupe.

Âgé de 22 ans au moment des faits, le jeune homme avait intégré la gendarmerie en tant que volontaire en Isère. Selon nos confrères de Politis, il aurait été affecté à Montbonnot-Saint-Martin en 2017, l’année où il a rédigé un texte intitulé "Tactiques et opérations de guérilla". Ce "manifeste de passage à l'acte terroriste" rédigé "à la manière des tueurs de masse de l'ultra-droite", "détaillait notamment des fusillades ou des actions au camion-bélier".

De son côté, son avocate balaye le terme de "manifeste" pour ce texte : plutôt un "journal intime de la haine", "jamais diffusé et dont il a honte aujourd'hui".

"Je pense qu'il voulait faire pire que le Bataclan"

"Je pense qu'il voulait faire pire que le Bataclan", a déclaré un autre mis en cause au sujet d’Alexandre Gilet. "C'est caricatural de dire que c'était le leader", déplore son avocate Fanny Vial, décrivant un jeune homme qui "reconnaît des propos violents qui n'auraient jamais dû exister" mais qui "n'a recruté personne, et a toujours dit qu'il n'allait pas passer à l'acte".

Alexandre Gilet a été interpellé en décembre 2018, signalé après une commande de produits précurseurs d'engins explosifs. Outre les discussions en ligne, l'enquête a mis en évidence des achats d'arme, dont trois fusils semi-automatiques.

Les enquêteurs ont aussi retrouvé un document inachevé, "Reconquista Europe - Opération croisée", "qui semble annoncer un attentat pour le 13 novembre 2018", cinq ans après les attentats de Paris et Saint-Denis, et dit vouloir viser "des lieux fréquentés par des islamistes" et "les traîtres marxistes communistes".

J'ai un moment de ma vie où j'ai été radicalisé

Alexandre Gilet

Parmi les cibles évoquées par le groupe néo-nazi : des mosquées, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et le siège de la Licra à Tours. Mais aussi, selon un co-accusé, "le concert de Médine au Bataclan" (rappeur régulièrement accusé à droite et à l'extrême droite de complaisance envers l'islamisme) ou des "meetings de Jean-Luc Mélenchon".

Contrairement à d'autres cibles, "aucune recherche sur M. Mélenchon n'a été retrouvée dans les supports de M. Gilet", tempère une source proche du dossier.

"J'ai un moment de ma vie où j'ai été radicalisé" à la suite des attentats islamistes de 2015, a reconnu Alexandre Gilet depuis le box des accusés. "J'ai envisagé des projets de violence. Mais je me sentais pas psychologiquement en capacité de passer à l'acte", a ajouté l'ancien gendarme volontaire, en t-shirt noir, bouc et mèche sur le côté.

Le groupe stoppé entre 2018 et 2019

Ses trois coaccusés, qui comparaissent libres sous contrôle judiciaire, admettent une implication moindre. Tous ont été interpellés entre octobre 2018 et mai 2019 : Julien, adolescent de la région de Tours au parcours scolaire émaillé d'incidents violents ; Gauthier Faucon, fils de militaire de 25 ans surnommé "Panzer"; Evandre Aubert, Ardéchois de 23 ans. Ils encourent jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle.

Seul manque à l’appel le collégien de 14 ans, qui a déjà été condamné par le tribunal pour enfants de Paris à deux ans d'emprisonnement avec sursis.

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