Le mouvement Génération.s, fondé par Benoît Hamon, tiendra sa première convention du samedi 30 juin au dimanche 1er juillet 2018 au Summum de Grenoble, en Isère. Un an après son lancement, le mouvement revendique 60 000 membres mais peine à trouver sa place dans le paysage politique.
Génération.s, qui tient ce week-end à Grenoble sa première convention, cherche encore sa place dans le paysage politique, tout juste un an après son lancement par l'ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon.
La réunion s'ouvre samedi à 9H00 au Summum, pour se clore dimanche en début d'après-midi avec un discours de Benoît Hamon. Le mouvement, qui revendique 60.000 membres et un millier de comités locaux, adoptera à cette occasion ses "premiers statuts" et son manifeste. Le principe d'une cotisation payante devrait être acté, alors que les adhésions sont aujourd'hui gratuites. Au programme également, samedi à 18H00: un temps fort intitulé "Démasquons l'action de Gérard Collomb", où il sera notamment question des migrants. "Nous voulons être le mouvement anti-identitaire, ceux qui combattent le repli identitaire à l'heure où celui-ci gagne partout du terrain", affirme le coordinateur de Générations, Guillaume Balas.
Ce matin Grenoble est aux couleurs de Génération.s !
— Toine (@AntoineMrld) 28 juin 2018
J-2 ! On est prêt, on attends plus que vous pour construire ensemble l'avenir de notre mouvement ! #ConventionGénérations pic.twitter.com/ExRsGZGb3M
Aucun chiffre sur la participation attendue n'a été communiqué par le mouvement. Son précédent rassemblement, le 2 décembre au Mans, avait réuni quelque 2.000 participants. D'autres formations de gauche devraient être représentées: le sénateur Rachid Temal pour le PS, la députée européenne Marie-Pierre Vieu pour le PCF, Gwendoline Delbos-Corfield, membre du bureau exécutif d'EELV, Andrea Kotarac, conseiller régional LFI. Le journaliste Aymeric Caron, fondateur du Rassemblement des écologistes pour le vivant (REV) sera présent dimanche.
Des sondages peu encourageants
Après l'enthousiasme des débuts, le soufflé semble un peu retombé pour le mouvement né le 1er juillet 2017, après l'échec de Benoît Hamon à la présidentielle puis aux législatives. Les premiers sondages sur les intentions de vote pour les européennes de 2019 ne sont guère encourageants: Générations est crédité de 3% des voix par Ifop-Fiducial dans une enquête pour CNews et Sud Radio publiée vendredi (EELV et le PS recueillant chacun 6% des intentions de vote, et la France insoumise 11).
Pour le directeur du pôle Opinion et stratégies d'entreprise de l'institut Ifop, Frédéric Dabi, Benoît Hamon souffre de son "score calamiteux à la présidentielle" (6,36%). "Les Français ne pardonnent plus une défaite. Il est durablement marqué par cet échec". "Il y a aussi la difficulté d'installer une marque", dans un paysage politique dominé à gauche par La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
Les anciens camarades socialistes de M. Hamon jugent avec une certaine commisération les premiers pas de son mouvement. "Je n'ai pas le sentiment que ça prenne. Il y a une impasse stratégique. Ils disent que le PS va mourir. Mais le PS n'est pas mort", analyse un ténor. "Hamon, ça n'existe pas", tranche un proche du premier secrétaire, Olivier Faure. "Dans les sondages qualitatifs Benoît Hamon est beaucoup plus assimilé au quinquennat précédent qu'Olivier Faure", se réjouit un autre.
Du côté d'EELV, qui s'était rallié à M. Hamon pendant la présidentielle, les commentaires peuvent aussi être acides. "Le seul objet de Générations c'est le destin présidentiel de Benoît Hamon. La question fondamentale est: qu'apporte Générations à la structuration politique en France ? Ça ne sert à rien", balaie un proche du député européen Yannick
Jadot.
Le porte-parole d'EELV Julien Bayou se montre moins sévère: "Hamon a réussi à parler à toute une génération. Si on arrive à travailler ensemble cela peut être vraiment intéressant", plaide-t-il. Un temps évoquée, l'hypothèse d'une liste commune EELV-Générations pour les européennes a cependant du plomb dans l'aile. "EELV a décidé de partir avec une liste autonome", regrette l'ancien député Noël Mamère, qui, après s'était proposé pour conduire cette liste de coalition, a jeté l'éponge.
Les relations se sont aussi nettement refroidies avec La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, au côté de laquelle M. Hamon avait pourtant manifesté en début d'année. L'appel de Benoît Hamon et Yanis Varoufakis, l'ex- ministre grec des Finances, à une primaire pour les européennes, lancé le 8 juin, "c'est lunaire", note le directeur des campagnes de La France insoumise, Manuel Bompard, qui se demande si M. Hamon ne cherche pas "une porte de sortie".