Des membres de la fraternité sacerdotale Saint-Pie X ont attaqué le maire de Meylan, Philippe Cardin, pour diffamation, après des propos parus en avril dernier dans le journal de la ville. Le procès de l'édile isérois a eu lieu ce mardi 8 février.
Une parcelle de terrain située chemin du Bachais, à Meylan, est l'objet de toutes les discordes et d'un face-à-face entre la mairie et la fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX).
Dans un éditorial du journal de la ville paru en avril dernier, le maire de Meylan, Philippe Cardin, s'était de nouveau opposé à la construction d'une église sur ce terrain, qui jouxte l'école Saint-Pierre-Julien-Eymard, un établissement privé catholique hors contrat.
"Ces valeurs sur lesquelles s'est construite la ville de Meylan sont bien différentes des messages extrémistes, intolérants et violents portés par la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X", avait-il écrit. Ces déclarations ne sont pas passées inaperçues du côté de la FSSPX : des membres de la fraternité ont porté plainte contre le maire pour diffamation. L'audience a eu lieu ce mardi 8 février, devant le tribunal correctionnel de Grenoble.
135 000 euros de dommages et intérêts
La FFSPX demande 135 000 euros de dommages et intérêts à l'édile : "C'est une somme démesurée, surtout compte tenu de propos qui sont justifiés", a réagi Philippe Cardin avant l'audience.
Lui veut assumer ses propos : "La vie de la commune ne s'est pas construite sur l'intolérance, la violence ou encore l'extrémisme. Je maintiens les propos. (...) Quand on tient des conférences comme "Les Droits de l'Homme, pourquoi et comment les combattre ?", c'est très violent."
Ils tiennent des positions radicales, antisémites, racistes, contre la mariage pour tous...
Philippe Cardin.
Cette fraternité fait régulièrement l'objet de collusions avec l'extrême-droite et des mouvements politiques et religieux radicaux. Des proximités avec Civitas, mouvement catholique intégriste et nationaliste, ont déjà été dénoncées par le passé.
Il poursuit : "Cette confrérie a protégé Paul Touvier jusqu'à son arrestation en 1989. Ils tiennent des positions radicales, antisémites, racistes, contre le mariage pour tous... Ce sont notamment des personnes de cette fraternité qui ont proféré des injures raciales contre l'ancienne ministre de la Justice (Christiane Taubira, ndlr)."
Un rassemblement républicain
Contactée, la fraternité n'a pas répondu à notre sollicitation. Même issue pour le maire de Meylan qui avait demandé un "débat contradictoire" avec des membres de la fraternité : "Ils l'ont refusé. Ils m'ont invité à la messe en latin, à la place. Je ne pense pas que cette messe en latin puisse m'éclairer sur les positions extrémistes de ces personnes."
"Je suis inquiet. C'est la première fois que je passe en correctionnelle. Je n'y vais pas confiant, car je ne comprends pas pourquoi ils font ça. Je suis dubitatif sur leur intérêt à agir. Est-ce que c'est pour développer leur aura ? Est-ce que c'est pour créer un centre à Meylan afin de développer leur culte ?, s'interroge-t-il. Ce n'est pas une publicité intéressante pour Meylan."
J'attends que chacun puisse être respecté.
Philippe Cardin, maire de Meylan.
Philippe Cardin veut agir au nom de la liberté d'expression, "d'opinion et de croire" : "Ces personnes sont contre la liberté de croire. Ils refusent aux musulmans, aux protestants, aux juifs la liberté de croire dans notre pays. J'attends que chacun puisse être respecté."
Le maire a largement été soutenu par son Conseil municipal qui a voté à l'unanimité la protection institutionnelle. Celle-ci lui permet de couvrir les frais de justice au nom de la municipalité. De plus, le conseil métropolitain lui a apporté son soutien. Ce mardi 8 février, un "rassemblement républicain" avec plusieurs dizaines de maires de la région s'est formé à son arrivée au palais de justice de Grenoble.
Le délibéré sera rendu le 29 mars prochain.