Partout en France, les enseignants sont appelés à la grève et à manifester ce jeudi 1er février pour "lancer un avertissement" au gouvernement concernant leurs conditions de travail. À Grenoble, le rendez-vous est donné à 14 heures place de Verdun.
"C’est une souffrance et une maltraitance insupportable", déplore Catherine Blanc-Lanaute, enseignante dans le premier degré à Tignieu-Jameyzieu, mais aussi co-secrétaire départementale du Snuipp-FSU en Isère, principal syndicat du premier degré.
"Conditions insupportables"
Cet après-midi du jeudi 1er janvier, elle sera présente à la manifestation qui aura lieu à 14 heures place de Verdun, à Grenoble, pour dénoncer les conditions de travail des enseignants du premier et du second degré, mais aussi de ses collègues et du personnel de l’éducation nationale. Parmi les principales revendications des enseignants en grève : les conditions de travail qu'ils jugent "déplorables", avec notamment un manque de moyens et de reconnaissance, mais aussi des classes en sureffectifs et des absences pas remplacées.
"Là où j’exerce, nous sommes confrontés à cette problématique du remplacement, nous avons 14 classes, alors dès qu’il y a un ou deux professeurs absents, les élèves sont dispatchés dans les autres classes, ce qui fait que l’on se retrouve avec 4 ou 5 élèves supplémentaires au fond de la classe," explique Catherine Blanc-Lanaute.
Réformes peu convaincantes
François Lecointe est professeur d’histoire-géographie au collège Fernand Léger de Saint-Martin d’Hères (Isère). Dans son collège, près de 90 % des enseignants sont en grève ce jeudi.
Ce qu’il déplore, lui, ce sont les annonces gouvernementales faites par Gabriel Attal : "On est en train de créer une école à deux niveaux avec les groupes de niveaux : mettre les bons avec les bons et les mauvais avec les mauvais. En 20 ans de carrière, je n'ai jamais vu autant de désespoir et de ras-le-bol par rapport aux conditions d'exercice du métier et la façon dont on est considérés."
"Toutes les annonces ministérielles ne vont pas nous aider dans notre quotidien, par exemple le port de l’uniforme, les groupes de niveaux", ajoute quant à elle Catherine Blanc-Lanaute. Avant de conclure : "La remise en cause permanente de notre professionnalisme use les enseignants. On a une fierté de notre métier qui s’effrite au fil des annonces gouvernementales."
Des propos "insultants" de la ministre
La "colère" de ces enseignants a été attisée par les déclarations de leur nouvelle ministre Amélie Oudéa-Castéra. "Elle a eu des propos insultants par rapport à l’école publique, on se sent heurté par ces propos et ces attaques", explique Catherine Blanc-Lanaute.
En effet, dès sa prise de fonction, elle avait justifié l'inscription de ses enfants à l'établissement privé élitiste Stanislas par "des paquets d'heures pas sérieusement remplacées" dans le public.
Pour certains, comme le député écologiste Benjamin Lucas, "un premier signal d'apaisement" envers la "communauté éducative" serait de lui "offrir une interlocutrice ou un interlocuteur" et "donc de changer le ministre de l'Éducation nationale et des Sports".
Presque un professeur sur deux en grève
Au niveau national, quelque 47 % des enseignants de collèges et lycées sont en grève ce jeudi, selon le Snes-FSU, premier syndicat du second degré. Dans le premier degré (maternelle et élémentaire), 40 % des enseignants sont en grève, selon une estimation établie mardi par le premier syndicat du secteur, FSU-Snuipp.
Le taux de participation au mouvement de grève dans l’académie de Grenoble est de 21,94 % dont, 18,63% d’enseignants du 1er degré en grève et 25,48% d’enseignants du 2nd degré en grève.