L'Iséroise Laura Tarantola et sa coéquipière Claire Bové ont été médaillées d'argent aux JO de Tokyo, décrochant la première pour un équipage féminin tricolore depuis 1996. Jusqu'au bout, la course a été indécise.
Une première médaille olympique pour un bateau féminin français depuis 25 ans. Les filles du deux de couple poids légers, la Grenobloise Laura Tarantola et sa coéquipière Claire Bové, ont été médaillées d'argent aux Jeux olympiques de Tokyo mercredi 28 juillet
Grâce à elles, la délégation française totalise neuf médailles depuis le coup d'envoi des JO. Leur médaille d'argent est surtout la première pour un équipage féminin tricolore depuis 1996 ! A Londres, aucun bateau féminin français n'avait réussi à se qualifier. Et à Rio les duos féminins, en deux de couple et le deux sans barreur, étaient repartis bredouilles.
"On est carrément contentes de montrer que les filles aussi peuvent gagner des médailles !", se sont réjouies d'une même voix Tarantola, 27 ans, et Bové, 23 ans, qui participent à leurs premiers Jeux. "Je suis très fière qu'il y ait une médaille pour l'aviron féminin français (...) qui a longtemps été un peu la cinquième roue du carrosse. (...) Ca n'était pas évident, mais rien n'arrive par hasard, les filles ont beaucoup travaillé, ça a fini par porter ses fruits", a souligné leur entraîneur Fredéric Perrier.
"Comme dans un film"
Un bonheur d'autant plus fort que jusqu'au bout la course de jeudi a été indécise. Deuxièmes sur le premier kilomètre, les Françaises ont vu revenir leurs adversaires, notamment les Néerlandaises, championnes olympiques à Rio et vice-championnes du monde, et les Italiennes, qui ont fini très fort pour remporter la finale, avec seulement 14 centièmes d'avance.
"On savait que ça allait être le couteau entre les dents du premier au dernier coup. Dans les 500 derniers mètres, je me suis dit 'là il faut qu'on se barre, qu'on tente quelque chose', Mais on était déjà à fond !", raconte Tarantola. "Mais moi j'ai pensé 'tant qu'on n'est pas mortes, il faut pousser'", renchérit Bové.
"On a vraiment tout donné (...) et quand on passe la ligne, on ne sait pas vraiment combien on est. Quand je vois le panneau (des résultats), je me dis 'c'est pas vrai ils ont dû se tromper '", explique la plus âgée des deux rameuses. "Moi quand j'ai vu 2, j'ai cru que c'était juste le numéro de la ligne d'eau (de laquelle les deux femmes sont parties)", sourit Bové, qui n'en revient toujours pas.
Sur le podium, "j'avais l'impression d'être dans un film, je me suis dit 'c'est pas possible, c'est du cinéma'". "C'était un grand rêve" pour nous. "C'est juste dingue", ajoute Tarantola, qui était encore blessée au dos il y a quelques mois et n'avait pu participer aux Championnats d'Europe cette année, pour défendre leur titre de vice-championnes acquis en 2019.
Paris 2024 en tête
Pour l'emporter, les deux jeunes femmes, qui rament ensemble depuis cinq ans, ont pu compter sur leur belle complicité. "Claire, c'est la coéquipière rêvée ! C'est une acharnée de travail et en même temps c'est beaucoup de fraîcheur et de folie. Même si parfois elle a un peu un grain dans sa tête (...) j'ai une confiance totale en elle, c'est vraiment une amie", a expliqué Tarantola, originaire de Grenoble.
Et pour Bové, fille de Christine Liégois, vice-championne du monde en aviron en 1988, "Laura c'est un roc. Même quand elle est blessée, elle est forte. (...) C'est quelqu'un qui m'a fait grandir. Quand ça ne va pas, et que je me renferme, Laura c'est mes bottes d'acier pour me ramener sur Terre, (...) sans elle je ne suis rien".
Comme leurs homologues masculin du deux de couple, l'équipage des deux Françaises a connu quelques tempêtes, mais a toujours su se relever. "On a bien fait d'y croire et de continuer", se félicite Tarantola, qui avec sa coéquipière ne compte pas s'arrêter là. Les Jeux de "Paris, ça fait rêver. Dans nos têtes, on a bien sûr l'idée de continuer et de viser encore mieux".