Journée internationale des droit des femmes : "Le chemin est encore très long", selon l’avocate Nathalie Tomasini

En ce mercredi 8 mars, journée internationale des droits des femmes, une conférence sur les violences sexuelles faites aux femmes dans le sport est organisée à Grenoble avec la participation de l’avocate Nathalie Tomasini, spécialisée dans la défense des victimes. Elle était l’invitée du 12/13 sur France 3 Alpes.

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Parmi différentes affaires médiatiques, Nathalie Tomasini a défendu Jacqueline Sauvage, devenue symbole des violences conjugales lors de son procès pour le meurtre de son mari violent. Condamnée en 2015 à dix ans de réclusion, Jacqueline Sauvage avait finalement été graciée par François Hollande.

L’avocate iséroise, qui exerce aujourd’hui à Paris, est de retour à Grenoble à l’occasion d’une conférence sur les violences sexuelles faites aux femmes dans le sport. Organisée par le fonds de dotation du club de hockey sur glace des Brûleurs de Loups (qui a pour mission de favoriser les actions solidaires en vue de venir en aide aux associations de la région grenobloise), la conférence a eu lieu à ce mercredi à Alpexpo. Nathalie Tomasini était l’invitée du 12/13 sur France 3 Alpes, présenté par Marie Michellier.

"France 3 Alpes : Le droit de vivre à l’abri de la violence fait partie des droits fondamentaux des femmes, un droit que vous défendez. Où en est-on ?

Nathalie Tomasini : Au-delà d’être un droit des femmes, c’est aussi un droit humain. 80 % des femmes subissent à la fois des violences au sein du couple mais aussi hors du couple : des violences sexistes, sexuelles, le harcèlement sexuel, le harcèlement de rue… Cette journée internationale des droits des femmes est une journée récurrente qui, il faut le rappeler, remonte à 1910. À la suite des luttes ouvrières, les femmes se sont rassemblées et ont uni leurs voix pour demander le droit de vote, une égalité de salaires et de leurs droits. Qu’en est-il aujourd’hui ? Le chemin aujourd’hui est encore très long.

La libération de la parole peine à se faire dans le monde du sport. Doit-elle passer par l’éducation que l’on peut recevoir au sein de sa famille ?

Oui, cela passe par l’éducation, et la façon dont on considère la place d'une fille dans une fratrie, par exemple. Mais cela passe aussi par l'information. Il faut informer les jeunes, les moins jeunes, les sportifs et les non-sportifs, que les violences sexuelles existent dans le sport. C'est pour cela que je salue l'organisation de cette conférence par le club de hockey sur glace des Brûleurs de Loups.

Les victimes, dans le monde du sport, sont particulièrement vulnérables. D'une part, elles sont jeunes, inexpérimentées. Il y a énormément de viols et d'agressions sexuelles sur des jeunes femmes mineures, par leurs entraîneurs. Elles sont souvent coupées de leur milieu familial et ces entraîneurs leur font miroiter une carrière exceptionnelle si elles acceptent tout ce qu'ils demandent.

Les violences sexuelles ne sont pour autant pas assez révélées. Comment expliquer cela ?

Depuis le mouvement MeToo, il y a une libération de la parole des victimes et notamment des victimes d’agressions sexuelles dans le sport. L’athlète Sarah Abitbol a brisé le silence et grâce à elle, d’autres voix se sont élevées dans le milieu du patinage artistique (en 2020, Sarah Abitbol confiait les viols qu’elle avait subis de la part de son entraîneur Gilles Beyer lorsqu’elle avait entre 15 et 17 ans. Ce n’est que près de 30 ans plus tard qu’elle a réussi à en parler librement comme l’expliquent nos confrères de franceinfo).

Dans le milieu du sport, même si les faits sont prescrits, il ne faut pas hésiter à prendre la parole et à la médiatiser car il y a une série d’autres victimes de ces entraîneurs qui sont dans un rapport de domination avec leurs élèves, qu’ils mettent sous emprise et qui les obligent à faire l’impensable.

Malgré tout, c'est toujours compliqué pour les victimes d'aller déposer plainte et de poursuivre la procédure. Pourquoi ? La honte, la peur de briser une carrière, et elles regardent ces entraîneurs avec admiration car ce sont en général d'anciens champions.

France 3 Alpes : Que conseillez-vous aux victimes ?

Tout d'abord, il faut en parler à son entourage, à sa famille. Ensuite, il existe le 3919 (appel anonyme et gratuit) et les associations de victimes. Enfin, je conseille vraiment de faire appel à un avocat spécialisé pour déposer plainte car tout dépend de la façon dont on dépose plainte ; il peut y avoir un classement si la plainte n'a pas été correctement déposée et si le dossier n'est pas suffisamment nourri."

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