L'ancien caïd grenoblois Mehdi Boulenouane tué par balles en région parisienne : "Il avait des appréhensions depuis qu'il avait été libéré"

L'ancien chef de gang grenoblois Mehdi Boulenouane a été tué par balles ce jeudi 16 mai en Seine-Saint-Denis. Condamné en 2016 à 10 ans de réclusion dans une vaste affaire de trafic de drogue et d'armes, il avait écopé de 10 ans de réclusion criminelle. Depuis sa sortie de prison en mars dernier, l'homme craignait pour sa vie.

Un homme "hautement impliqué dans le trafic de stupéfiants" a été tué par balles, jeudi 16 mai, à Dugny (Seine-Saint-Denis), dans un probable règlement de comptes. La victime a été identifiée comme Mehdi Boulenouane, selon une source proche de l'enquête, confirmant une information du Dauphiné Libéré.

Originaire du quartier Mistral à Grenoble, cet homme de 38 ans avait été condamné en 2016 à dix ans de réclusion dans une vaste affaire de trafic de drogue, d'armes et de blanchiment, dans laquelle une trentaine de personnes étaient jugées. Soupçonné d'être à la tête du réseau, il avait écopé de la peine la plus lourde. Libéré en mars dernier et placé sous bracelet électronique dans le cadre d'un aménagement de peine, Mehdi Boulenouane disait craindre pour sa vie depuis sa sortie de prison.

"Il avait raison d'être inquiet"

Son meurtre se serait déroulé peu avant midi, à Dugny, à une dizaine de kilomètres de Paris, selon une source proche de l'enquête. Les sapeurs-pompiers ont été contactés pour un homme blessé à la tête et au thorax, d'après la même source. "On est sidérés et en état de choc du côté de ses proches par la violence de ce qui s'est passé", a déclaré son avocat Me David Metaxas, à l'AFP.

"Mehdi avait des appréhensions depuis qu'il avait été libéré, il les avait exprimées lors de l'audience au tribunal correctionnel de Lyon et il faut croire qu'il avait raison d'être inquiet", a-t-il ajouté. Son client "voulait complètement se retirer, prendre sa retraite. Il laisse une femme, deux enfants (...) venait de sortir de prison".

"Peu importe qu'il ait des antécédents, qu'il soit connu de la justice, c'est un homme qui s'est fait assassiner en pleine rue dans la région parisienne", a déploré Me Metaxas. La juridiction interrégionale spécialisée de Paris (JIRS) s'est saisie de l'enquête, qu'elle a confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne, ont indiqué à l'AFP les parquets de Bobigny et Paris.

Flambée de la violence liée au trafic de drogue

L'ancien caïd était également connu pour avoir été placé sous contrôle judiciaire avant son procès, moyennant une caution de 500.000 euros que 29 personnes étaient venues payer pour lui en liquide. Ces énormes coupures avaient suscité la suspicion du parquet et conduit à l'ouverture d'une information judiciaire pour blanchiment de stupéfiants, non-justification de ressources et association de malfaiteurs. Une quinzaine de personnes avaient été mises en examen, après enquête, dont la mère de Medhi Boulenouane.

Le décès du trafiquant de drogue survient deux jours après l'attaque à l'arme lourde d'un commando contre un fourgon pénitentiaire, pour faire évader un autre narcotrafiquant, Mohamed Amra. Multirécidiviste, l'homme est soupçonné d'avoir commandité des meurtres liés à ses trafics. Deux agents pénitentiaires ont été tués et trois autres blessés, mardi 14 mai. La Seine-Saint-Denis, où Medhi Bouledouane a été assassiné, a également été le théâtre de deux fusillades, faisant trois morts, à Sevran, sur fond de trafic de stupéfiants, il y a dix jours.

Dans un rapport publié mardi 14 mai, une commission d'enquête du Sénat brosse le portrait d'une France submergée par le trafic de stupéfiants, qui s'étend sur tout le territoire national façon "start-stups nation", avec une flambée de la violence liée à la concurrence entre les organisations criminelles.

Le chiffre d'affaires du trafic de drogue en France est estimé entre trois et six milliards d'euros par an, selon les sénateurs. Au total, 315 faits d'homicides ou tentatives d'homicide liés au trafic de stupéfiants ont été recensés en France entre janvier et novembre 2023 en zone police, soit une hausse de 57% sur un an, selon la police.

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