Pierre-Yves C., 64 ans, comparaît jusqu'à vendredi devant la cour criminelle de l'Isère. Il est accusé d'avoir violé deux femmes dont l'une était mineure au moment des faits. Les parties civiles mettent en avant la notion d'"emprise" tandis que la défense parle de relations consenties.
L'ex-président de la Fédération française de secourisme et de sauvetage de l'Isère (FFSS 38) comparaît devant la cour criminelle de Grenoble depuis ce mercredi 31 janvier. Accusé de "viol par personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction", il aurait agressé sexuellement et violé deux femmes à de multiples reprises.
Le procès, tenu à huis clos à la demande des parties civiles, s'est ouvert avec l'enquête de personnalité de l'accusé. Pierre-Yves C., 64 ans, comparaît libre devant la cour criminelle, composée uniquement de magistrats professionnels. Il encourt jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle.
Le sexagénaire avait été placé en garde à vue le 22 juin 2020 puis mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour des faits de viols sur deux jeunes femmes, dont l'une était encore mineure au moment des faits.
Cette dernière dénonçait à l'époque plusieurs dizaines de faits survenus dans les locaux de la FFSS de l'Isère à Sassenage, mais aussi à son domicile. Les plaignantes étaient bénévoles au sein de l'association de secourisme alors que l'accusé occupait les fonctions de président à titre bénévole.
La question de l'emprise
Les deux jeunes femmes avaient porté plainte fin 2018, déclenchant l'ouverture d'une enquête jusqu'au placement en garde à vue du suspect, près de deux ans plus tard. Il reconnaît "avoir eu des relations sexuelles pendant plusieurs mois" avec les plaignantes mais affirme que celles-ci étaient consenties, selon son avocat.
"Ces jeunes femmes ont fait un gros travail. Elles étaient dans une situation extrêmement douloureuse depuis le premier jour. Elles attendent et espèrent beaucoup de lui", explique Me Aurélia Mennessier, l'avocate des victimes, selon qui les faits reprochés s'étalent de 2008 à 2012. Elle n'hésite pas à qualifier la relation entre l'ex-président et ses clientes comme relevant d'une "emprise".
"Il ne faut pas oublier que l'accusé avait une relation avec l'une de mes clientes qui, au début des faits, était mineure et dont la mère était sa maîtresse", ajoute-t-elle, estimant que "la notion d'emprise vole le consentement des victimes".
"Elles ne pouvaient pas refuser. Ce n'est pas parce qu'elles n'ont pas hurlé 'non', qu'elles n'ont pas réussi à sortir tout de suite de ce système, que cela lui donnait le droit de prendre ce qu'elles ne voulaient pas lui donner", souligne Me Mennessier. Une autre femme avait porté plainte contre Pierre-Yves C. pour des faits similaires remontant aux années 1990 mais cette dernière ne s'est pas présentée à l'audience.
"Retrouver son honneur"
L'avocat de l'accusé, Me Emmanuel Decombard, réfute pour sa part toute relation "de subordination ou de pouvoir hiérarchique" entre son client et les deux plaignantes. "Ce qui pose question, c'est la différence d'âge" puisque l'accusé et la plus jeune plaignante ont plus de 35 ans d'écart, reconnaît-il, bien que son client "affirme n'avoir forcé personne, les relations ont d'ailleurs duré plusieurs mois".
"J'entends rappeler que sa fonction de président de la FFSS et de salarié de l'association de Sassenage ne lui permettait pas de recruter des gens ni de les payer (...) de sorte que les jeunes femmes pouvaient rentrer et sortir de l'association à tout moment, sans aucune difficulté. Il n'y a aucun enjeu financier, de sorte qu'on a du mal à comprendre cette considération d'emprise", défend l'avocat, qui espère faire tomber la qualification de "viol" au procès qui doit s'achever ce vendredi.
"C'est un homme très affaibli. Il a été impacté par sa mise en examen, par son placement sous contrôle judiciaire qui a duré plusieurs années. C'est quelqu'un qui attend une réponse judiciaire très claire, à savoir l'acquittement, pour retrouver son honneur", conclut Me Decombard.