Installé depuis plus de 20 ans sur la commune de La Mure, en Isère, Emmaüs doit fermer son site sur le plateau matheysin. Le bâtiment risque de s'affaisser. Face à cette situation, l'association cherche à reloger ses compagnes et compagnons.
C'est un coup dur que les bénévoles et salariés n'avaient pas vu venir. Emmaüs Grenoble doit se résoudre à fermer l'un de ses sites historiques en Isère. Implantée sur le territoire depuis plus de 20 ans, l'association, qui vient en aide aux plus démunis, doit quitter ses bâtiments de La Mure.
La structure menace de s'affaisser
Il y a une trentaine d'années, Emmaüs avait fait l'acquisition d'un bâtiment au 70 impasse des Gentianes. Construit sur une décharge, le site faisait déjà l'objet d'une surveillance accrue de l'association ces dernières années.
Mais il y a quelques semaines, une importante fissure a attiré l'attention de ses membres. Emmaüs a ainsi demandé l'avis d'un expert qui a requis la réalisation d'une étude géotechnique. Les carottages effectués ont permis d'identifier la nature du sol.
Le site de La Mure est construit sur une quinzaine de mètres de déchets. Du plastique, des pneus et autres résidus qui déstabilisent la structure du bâtiment. Face à ce constat, l'association vient d'annoncer la fermeture de cette antenne.
"C’est la mort dans l’âme et en conscience que le Conseil d’administration d’Emmaüs Grenoble a pris la décision de fermer le site, la structure risquant de s’affaisser et de causer des dommages aux personnes", peut-on lire dans un communiqué.
Douze compagnons et compagnes à reloger
Sur ce site, Emmaüs avait aménagé un atelier ainsi que son espace de vente et d'accueil d'une surface de 800 à 900 mètres carrés. Et au fil des années, l'association a fait construire quelques logements. Au total, une douzaine de chambres peut accueillir les compagnes et compagnons d'Emmaüs. À cela s'ajoutent divers lieux de vie comme la cuisine.
En raison des risques qui pèsent sur la structure du bâtiment, l'association est contrainte de déplacer ses habitants. Douze personnes doivent être relogées avant la fin du mois de septembre. "L'urgence est de mettre en sécurité les compagnons et compagnes. On est en train de les reloger sur nos sites de Sassenage, du Versoud ou dans nos appartements de l'agglomération grenobloise", explique Jean-Pierre Polidori, directeur d'Emmaüs Grenoble.
Pour l'instant, une solution a été trouvée pour une grande majorité des compagnons. Mais certains logements restent à trouver.
À long terme, reconstruire ou déménager ?
L'association va réduire son activité dans les prochains mois. Emmaüs continuera de recevoir les dons et assurera les collectes. Un espace sera aménagé à l'extérieur du bâtiment avec des conteneurs maritimes pour stocker l'ensemble des dons.
"Plus encore qu’hier, votre soutien nous est vital. Sans vous, nous ne pourrons surmonter cette étape difficile", exprime la direction d'Emmaüs Grenoble. Le 5 octobre prochain, la grande vente annuelle de l'association sera annulée. Seul le moment festif est maintenu pour permettre aux compagnons, compagnes, bénévoles, salariés et fidèles de se retrouver.
Pour poursuivre son activité auprès des plus démunis, l'association recherche un local sur le plateau matheysin. Emmaüs Grenoble ne veut pas abandonner ses bénéficiaires : "Il y a besoin. Il y a de la précarité avec des gens qui sont des fidèles et qui dépendent de nous pour s'équiper et s'habiller", confie Jean-Pierre Polidori.
À plus long terme, l'association se questionne. Doit-elle chercher un autre site ou reconstruire sur le même terrain ? Selon les premiers devis, la reconstruction du bâtiment avoisinerait le million d'euros de travaux. Une somme colossale à laquelle la solidarité matheysine ne pourrait peut-être pas subvenir.