Le personnel médical du CHU de Grenoble, soutenu par des élus locaux, a mené ce lundi une action symbolique pour alerter sur la surcharge de travail et le manque de moyens à l'hôpital. Face à une situation de saturation des services, ils exigent des embauches.
Le personnel médical du Centre hospitalier universitaire de Grenoble déterminé à se faire entendre. Ce lundi 9 décembre, personnels soignants et administratifs ont symboliquement installé des tentes devant le pavillon Dauphiné, à La Tronche (Isère), le temps d'une conférence de presse.
Lors de cette journée d'action, ils ont bénéficié du soutien de la population et d'élus locaux : "Ce qui est inédit dans cette mobilisation, c'est qu'il y a à la fois des médecins, des personnels, de la population et des élus. Ce n'est pas tous les jours que les syndicalistes et les élus se retrouvent dans les mêmes mouvements", souligne Cyrille Venet, médecin anesthésiste au CHU de Grenoble et secrétaire général du Syndicat national des médecins hospitaliers (SNMH-FO).
"55 lits pour 100 patients"
Le personnel soignant, qui exige de la direction de l'hôpital Nord l'embauche de nouveaux effectifs, dénonce depuis plusieurs mois des conditions de travail précaires et un manque de moyens. "Aux urgences de l’hôpital Nord, il y a en moyenne 100 patients présents pour une capacité de 55", selon un tract signé par plusieurs syndicats dont FO.
Plus de 130 patients sont régulièrement pris en charge alors que les services d'hospitalisation sont déjà débordés avec des lits supplémentaires.
Tract syndical
Selon les syndicats, "plus de 130 patients sont régulièrement pris en charge alors que les services d'hospitalisation sont déjà débordés avec des lits supplémentaires", installés pour faire face à l’afflux. Le 21 novembre, au moment de la publication du tract, "26 patients étaient en attente d'hospitalisation dans le service des urgences de Voiron, 12 à l'unité d'hospitalisation de courte durée et 14 dans les couloirs. De même, 20 patients attendaient des transferts ou de retours."
Une situation "alarmante"
Pour Cyrille Venet, si la situation est "alarmante à l'hôpital", il est cependant "possible d'améliorer les choses" en embauchant du personnel sur certains postes. "La direction trouve différentes sortes de prétexte pour ne pas embaucher. Au CHU de Grenoble, il y a des médecins, des infirmières et des aides-soignants qui demandent à être embauchés ou à ce que leur temps de travail soit augmenté, mais la direction refuse. J'en connais au moins six dans mon secteur et si on extrapole à tout le CHU, ça fait au moins une cinquantaine", avance le médecin.
Force est de constater que la santé, finalement, devient une marchandise comme les autres et c'est ce qui fait que son accès devient compliqué.
Élisa Martin, députée (LFI) de la 3e circonscription de l'Isère
Venue apporter son soutien, la députée (LFI) de l'Isère Élisa Martin déplore "un étouffement progressif de l'hôpital public. Ce qui intéresse le gouvernement, ce sont les recettes. (...) Force est de constater que la santé, finalement, devient une marchandise comme les autres et c'est ce qui fait que son accès devient compliqué", a-t-elle estimé.
Appel à la grève le 10 décembre
Face à cette situation, les syndicats appellent à une grève reconductible à partir du 10 décembre, "jusqu’à la satisfaction des revendications". Ils exigent une rencontre avec la direction, accompagnée d’une délégation d’élus locaux, pour ouvrir des négociations.
"Si la situation n'est pas améliorée, ça ira de pire en pire : le temps d'attente aux urgences s'allongera, un nombre de personnes qui ont besoin de soins importants n'y auront plus accès. À partir du moment où vous n'avez plus de lits, de personnels soignants et administratifs, et bien la santé dans le pays reculera", s'inquiète Elisa Martin.