Ce mercredi 13 mars 2019, l'avocat grenoblois Bernard Boulloud et l'association "Assistance et recherche de personnes disparues" tenaient une conférence de presse à la Maison de l'avocat pour dénoncer le manque d'information des proches de disparus.
Il y a un mois, à Paris, le sous-directeur de la police judiciaire de la Gendarmerie nationale, Jean-Philippe Lecouffe dévoilait à la presse les premières conclusions du travail effectué par la cellule Ariane.
Une unité spéciale chargée depuis début 2018 de réexaminer 900 dossiers de disparitions et d'homicides non résolus à la lumière du parcours de Nordahl Lelandais.
On apprenait alors que parmi ces "cold cases", 40 dossiers avaient retenu l’attention des enquêteurs. A charge ensuite des Parquets concernés d’aller plus loin.
Mais depuis, rien.
Aucune information n’a été communiquée aux familles de personnes disparues chez qui ces nouvelles investigations avaient redonné un brin d’espoir.
Une attente insupportable que dénonce aujourd’hui l’avocat de plusieurs d’entre elles, Bernard Boulloud.
"Où est l'humain dans cette justice ?"
Devant la presse, ce mercredi, il annonce avoir écrit au Général Lecouffe pour lui demander "de dire sans plus attendre à ces familles si les 40 dossiers restants concernent leurs proches".
Il n’a pour l’instant pas obtenu de réponse. "Ces familles sont moins bien traitées que dans des affaires de vols ou d’extorsion. Où est donc l’humain dans cette justice ?" demande Maître Boulloud.
A ses côtés pour appuyer ses propos, plusieurs proches de disparus ont fait le déplacement.
Les parents de Nelly Balmain et le compagnon Eric Foray tous deux disparus dans la Drôme.
La sœur de Malik Boutvillain également. Âgé de 32 ans, le jeune homme a disparu le 6 mai 2012 dans le secteur d’Echirolles en Isère.
"Il faut être qui pour que l’on s’intéresse à nous ?" demande-t-elle. "Suite à l’implication de Nordahl Lelandais dans l’affaire Arthur Noyer, une information judiciaire a été rouverte il y a un an dans le dossier de mon frère. Nous avons été reçus depuis au Palais de justice mais le dossier reste vide. Nous ne savons même pas ce qui a été fait ni même d'ailleurs si quelque chose a été fait".
L’association Assistance et Recherche de personnes disparues (ARPD) elle aussi présente indique avoir sollicité la Garde des Sceaux. Sans plus de résultats.
"Nous sommes passés en mode combat"
"Ces familles doivent normalement être tenues au courant tous les 6 mois des avancées de leurs dossiers mais dans les faits ce n’est pas le cas" affirme Philippe Folletet, enquêteur bénévole de l’ARPD.
Et Bernard Boulloud de conclure "l’enthousiasme est le frein de la souffrance. Nous souffrons mais nous allons nous battre, nous sommes passés en mode combat".