Le collectif Place aux piétons a dévoilé son baromètre des villes "marchables" de France après avoir recueilli le ressenti de 70 000 participants. En Isère, Grenoble fait figure de mauvais élève alors que la municipalité assure tout faire pour garantir la sécurité des usagers.
En France, 24 % des déplacements se font exclusivement à pied, selon le Commissariat général au développement durable, et la marche est le deuxième mode de déplacement du quotidien. Mais les communes sont-elles pour autant adaptées aux piétons ? Pour le savoir, le collectif Place aux piétons a effectué, pour la deuxième fois, un sondage auprès des usagers. Le questionnaire, auquel il était possible de répondre en ligne, explorait cinq thématiques : le sentiment de sécurité, le confort de marche, l’importance donnée aux déplacements à pied par la commune et aux aménagements permettant de faciliter leur quotidien.
L’enquête nationale, autrement appelée "baromètre des villages et villes marchables", a révélé une "légère amélioration générale du ressenti des piétons en milieu urbain" par rapport à 2021, en ajoutant que "les résultats demeurent très insatisfaisants au vu des attentes" des Français avec une note nationale moyenne de 9,2/20 pour le ressenti global. C’est plus que la note obtenue par Grenoble, qui est de 7,7/20, en baisse par rapport à l'édition précédente.
"Il faut voir l’évolution entre 2021 et 2023", explique Michel Voilin, membre du collectif 60 millions de piétons en Isère. "En 2021, c’était déjà moyennement suffisant comme ressenti et en 2023, on a confirmation qu’il n’y a pas eu d’efforts pour sécuriser les piétons à Grenoble", poursuit l’usager qui explique cela par une cohabitation difficile entre les marcheurs et les cyclistes. En effet, en Isère, les 450 votants qui ont participé au sondage national ont attribué une note de 9,6/20 en ce qui concerne leur sécurité contre 10,6/20 lors du dernier sondage.
Cohabitation difficile
Selon le baromètre 2023, "dans les villes de plus de 100 000 habitants, les piétons sont encore nombreux (62 % en 2023 contre 86 % en 2021) à estimer important ou très important d’être séparés des cyclistes et usagers d’engins de déplacement personnel."
A Grenoble, "il y a beaucoup de vélos et de trottinettes qui ne respectent pas toujours les piétons", témoigne une piétonne interrogée par France 3 Alpes. Un autre usager rencontré est satisfait, évoquant des "trottoirs plus larges et une piétonnisation grandissante".
Cette satisfaction ne se traduit pas dans les notes publiées par Place aux piétons : 7,8/20 pour le confort, 8/20 en ce qui concerne l’effort fourni par la ville et 9,3/20 pour les aménagements et services.
La municipalité réagit
"On entend la crainte des piétons parce que la place de la voiture est omniprésente, concède Gilles Namur, adjoint à la Ville de Grenoble en charge des espaces publics et de la mobilité. C’est pour cela qu’aujourd’hui, nous avons besoin de redonner de la place aux piétons et cela passe par de nouveaux aménagements" tels que des "places aux enfants vraiment dédiées aux piétons avec deux flux différents" l’un pour les marcheurs, l’autre pour les cyclistes.
On élargit les trottoirs, on va même végétaliser la ville pour les piétons, tout en essayant de réserver une place à chacun.
Gilles Namur, adjoint à la Ville de Grenoble, en charge des espaces publics et de la mobilité
L’élu aborde également le sujet de la Chrono Vélo, un itinéraire réservé aux cyclistes qui relie plusieurs communes de la Métropole entre elles en traversant Grenoble de part en part. "Quand on fait une Chrono Vélo, on a des trottoirs pour les piétons, une piste pour les vélos et une route pour les voitures", poursuit Gilles Namur.
"On a privilégié les pistes cyclables à travers la Chrono Vélo", réagit Michel Voilin de l’association 60 millions de piétons. "La plupart des villes en France font un boulevard circulaire pour les pistes cyclables, comme à Strasbourg, mais jamais on n’a vu 'd’autoroute' traverser nos villes", estime le citoyen qui affirme que cela provoque "des difficultés pour les piétons qui souhaitent traverser".
Les deuxièmes rencontres nationales de la marche en ville auront lieu les 9 et 10 novembre 2023 à Reims et permettront, selon le collectif "de faire le point et de susciter de nouvelles propositions pour inciter les pouvoirs publics à poursuivre leurs efforts pour développer la marche dans tous les territoires". Un espoir pour Michel Voilin. "Quand on est piéton, on a le droit de rêver en marchant", sourit-il.