Jena-Paul Stahl, professeur au CHU de Grenoble, spécialiste des maladies infectieuses, était l'invité du 19/20 sur France 3 Alpes. Alors que les manifestations contre le pass sanitaire se multiplient, il dénonce des "gens qui sont manipulés" et s'inquiète des effets de la quatrième vague.
Les anti-pass sanitaires sont à nouveau dans la rue ce samedi 24 juillet, en peu partout en France. Au moins une dizaine de rassemblements sont prévus en Auvergne-Rhône-Alpes, notamment à Annecy, Grenoble et Chambéry. Les manifestants sont "des gens qui sont manipulés" estime le professeur Jean-Paul Stahl. Le spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Grenoble était l'invité du 19/20 de France 3 Alpes, mercredi 21 juillet. INTERVIEW.
Qui sont ceux qui manifestent contre le pass sanitaire ?
Je pense que ce sont des gens qui sont manipulés. Manipulés par les fausses nouvelles qui circulent sur les réseaux sociaux et puis manipulés par certains hommes ou femmes politiques totalement irresponsables.
Je crois qu’il faut dire les choses comme elles sont. Le pass sanitaire, ce n’est rien d’autre que le constat que la personne qui l'a, elle est protégée contre le virus, c’est tout. Que ces personnes protégées puisse fréquenter des endroits où théoriquement, il y aurait un risque, c’est normal.
Comprenez-vous leur démarche ?
Je ne comprends absolument pas la démarche. Je ne comprends absolument pas la peur du vaccin, même si je constate qu’elle existe, mais je ne la comprends pas parce qu’elle est totalement irrationnelle. Depuis maintenant plus d’un an et demi, on communique sur le vaccin. Il n’y a pas d’effets secondaires significatifs par rapport à ce qui se passe quand vous êtes atteint du Covid.
Je n’arrive pas à comprendre cette absence de relations entre un risque quasi-inexistant et un risque réel de passer un séjour en réanimation et d'y mourir.
Peut-on dire que nous sommes dans la quatrième vague ?
C’est le début. On voit le nombre de cas en France qui augmente quasiment tous les jours. On voit très bien la progression de l’épidémie et mathématiquement, il y a un certain nombre de ces personnes infectées qui vont se retrouver à l’hôpital et un certain nombre d’entre elles en réanimation.
Pour l’instant, on part d’une base basse, mais à partir du moment où on va avoir un nombre de patients de plus en plus important, on aura de plus en plus de patients à l’hôpital.
Qui sont les personnes qui se retrouvent à l'hôpital aujourd'hui ?
Ce sont des personnes non vaccinées. Les vaccins protègent à 100 % contre les formes graves, donc vous protègent d’une hospitalisation. C’est à partir de l’observation de quelque trois milliards d'individus vaccinés.
Combien faudrait-il de personnes vaccinées en France ?
On est à peu près à la moitié de la population vaccinée. Il faudrait 80 % au moins pour que l’épidémie s’arrête.
Le risque, c’est que si le virus circule, il mute, il change. À ce moment-là, les vaccins peuvent devenir inefficaces sur ses variants. Il est extrêmement important de ne pas laisser circuler ce virus.