Younès El Habib, l'aîné et auteur des coups de couteau mortels a été condamné à 15 ans de prison, tout comme son frère cadet Yanis. Liam Djadouri écope de 2 ans avec sursis. Un verdict en deça des peines requises. Pour le papa d'Adrien, il ne reste "que la peine,jusqu'à ma propre mort"
Le verdict est tombé ce vendredi 2 juillet en début de soirée au palais de justice de Grenoble. Yanis et Younès El Habib ont été condamnés chacun à 15 ans de réclusion criminelle.
Ils sont ce soir reconnus coupables tous les deux de la mort d'Adrien Perez en juillet 2018 à Meylan. Des peines inférieures aux condamnations requises. La cour n'a en effet pas retenu l'intention homicide, mais des "violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
Les deux frères, 22 et 23 ans, étaient jugés pour le meurtre d'Adrien Perez, 26 ans, la tentative de meurtre de l'un de ses amis et des violences aggravées lors d'une rixe à la sortie du Phoenix, boite de nuit de Meylan, près de Grenoble, le 29 juillet 2018, un drame qui avait vivement ému dans la région et au-delà.
"Il faut condamner ce meurtre sauvage, gratuit, stupide", avait demandé jeudi matin l'avocat général en requérant 20 ans de réclusion criminelle pour Younes et Yanis El Habib, convaincu de leur volonté de tuer durant ces 40 secondes d'un "déferlement de violence", selon les propres mots de la défense.
Dans ses réquisitions, l'avocat général Jacques Dallest s'était adressé, ce même jeudi matin, aux deux frères: "vous n'êtes sans doute pas des tueurs, mais vous êtes des criminels du petit matin, des criminels d'occasion."
Lors du procès, Younes a reconnu l'usage d'une arme blanche dans la rixe, mais pas Yanis, qui réfute cette hypothèse depuis près de trois ans, tout en reconnaissant "avoir été l'élément déclencheur".
Yanis et Younes El Habib étaient "unis dans l'action, dans l'agressivité, dans la violence. Ils doivent donc l'être dans la sanction, dans le châtiment," avait lancé Jacques Dallest.
Ce soir ils sont condamnés à la même peine. Quant à Liam Djadouri, qui comparaissait libre et était poursuivi "pour violences aggravées", il a été condamné à deux ans avec sursis. L'avocat général avait requis un an de prison à son encontre.
"Ca ne me fait ni chaud ni froid en fait, je ne reverrai plus jamais mon fils, et je vivrai cette douleur jusqu'à la fin de mes jours"
A l'issue d'une journée entière de délibérations, Bruno Perez, le papa d'Adrien, n'est plus que douleur et chagrin. " En fait, ça ne me fait à l'instant précis ni chaud ni froid, de toute façon ce n'est pas cela qui pouvait me soulager, je ne verrai plus jamais Adrien, je vis dans la douleur, et je vivrai dans ma peine jusqu'au bout, jusqu'à la fin de mes jours".
Cette sentence prononcée en réalité ne lui apporte aucun soulagement :" de toute façon cela ne pouvait pas apaiser ma peine, j'attendais ce procès avec angoisse, et maintenant tout est terminé, et non, ça ne m'apaise pas en fait, rien ne m'apaise, je vis dans la souffrance depuis le 29 juillet 2018, et je vivrai ainsi jusqu'au bout".
il était inconcevable, au vu des réquisitions, de descendre au-dessous d'une peine de 15 ans d'emprisonnement
Maitre Denis Dreyfus, a salué le "courage et la dignité " de Patricia et Bruno Perez, les parents d'Adrien qu'il représentait. Pour l'avocat " il était inconcevable, au vu des réquisitions, de descendre au-dessous d'une peine de 15 ans d'emprisonnement, mais pour tout vous dire on en a un moment douté".
La Cour n'a en effet pas retenu l'intention d'homicide mais "des violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner", "malgré la violence gratuite des faits" commente l'avocat : "Bruno Perez vous l'a dit avec son coeur et ses mots, aucune peine ne réparera la mort d'Adrien. Il reste à savoir si le Parquet Général fera appel. Il faut que ce verdict mûrisse, je les accompagnerai, comme je le fais depuis trois ans. (...) personnellement je pense que cette famille doit retrouver le calme, le recueillement, et non plus la salle d'un procès, mais vivre hélas avec la douleur et le deuil des yeux bleux d'Adrien".