La marche blanche en hommage à Lilian Dejean, l'agent municipal tué par balle il y a une semaine, a réuni plusieurs centaines de personnes ce dimanche à Grenoble. Ses proches lui ont rendu un hommage unanime.
Membres de la famille, amis, collègues ou habitants touchés par le drame. Plusieurs centaines de personnes ont participé à une marche blanche, dimanche 15 septembre à Grenoble, en mémoire de Lilian Dejean, agent municipal de 49 ans tué par balle il y a une semaine.
Le rassemblement, organisé par la famille de la victime, a débuté à 11h30 devant l'hôtel de ville, où s'est produit le drame. "Un homme de valeur victime d'une violence devenue trop banale", pouvait-on lire sur une large banderole déployée sur les lieux. Le cortège a pris la direction du quartier Village olympique, où Lilian Dejean a grandi, en faisant un crochet devant les locaux de la propreté urbaine où il était chef d'équipe.
Avant le départ de la marche, Jean-Marc Dejean, l'un des frères de la victime, a remercié les participants et souhaité que le rassemblement se déroule "dans la bienveillance et la tranquillité". Il a invité ceux qui le souhaitaient à prendre des pinces et sacs poubelles pour "ramasser un ou deux déchets sur la route". "Je pense que là où il est, (Lilian Dejean) aurait aimé aussi qu'on rende sa ville propre, au propre comme au figuré", a-t-il ajouté.
"La gentillesse, le don de soi pour l'autre"
"On s'est repassé les vidéos de famille de Noël, de Pâques, avec les enfants. Son sourire, sa voix, sa gentillesse... Ça nous a fait du bien", raconte Sophie, son ex-compagne, un grand bouquet de roses dans les mains. "Il était très proche de sa famille, toujours en train de les soutenir, toujours dans l'entraide. Il ne supportait pas l'injustice. C'était Lilian."
En chemin, les participants ont déposé des fleurs devant les locaux de la propreté urbaine, en présence du maire écologiste Eric Piolle et d'autres élus. "C'est surréaliste. On voit la famille, la détresse de tout le monde et en même temps, il y a une forme de dignité extraordinaire. (...) C'est très important d'être là pour exprimer notre solidarité. On doit tous être dehors, on doit tous être là, on doit tous être concerné. On est tous liés aujourd'hui", estime Hassen Bouzeghoub, conseiller municipal à Grenoble et proche de Lilian Dejean.
"C'était quelqu'un de très attentionné, très prévenant. On discutait de tout et de rien. C'est comme ça qu'on a vu son engagement pour la ville et pour les autres. C'était la gentillesse, le don de soi pour l'autre", décrit Priscille qui a connu l'agent municipal lorsqu'il travaillait dans son quartier, avant de souffler : "Il faut que ça s'arrête."
Au milieu de la foule, une femme tient une pancarte sur laquelle est écrit : "Lilian Dejean, ton grand cœur t'a volé ta vie". "Lilian, c'était tout pour moi. C'était un chef, un frère et surtout mon garde du corps. Ça me fait plaisir de voir autant de monde, de voir que Lilian était apprécié et aimé de tous", a déclaré son adjoint à la propreté urbaine, micro en main, saluant un homme "déterminé, rigoureux, qui aimait son travail."
L'auteur toujours en cavale
Le père de famille âgé de 49 ans a été atteint d'une balle au thorax le 8 septembre alors qu'il tentait d'empêcher la fuite d'un chauffard ayant causé un accident de la circulation, au volant d'une puissante voiture de location immatriculée en Pologne. Lilian Dejean est décédé peu après à l'hôpital. Il devrait être inhumé mercredi en Guadeloupe. "Il ne faut pas pleurer l'homme mais célébrer sa vie", a conclu l'un de ses frères avant un match de l’USVO joué en hommage à Lilian qui en a porté les couleurs.
Le meurtrier présumé, âgé de 25 ans, connu de la justice notamment pour vols, violences et trafic de stupéfiants, est activement recherché depuis une semaine. Une pièce d'identité à son nom a été retrouvée dans la voiture accidentée qu'il a abandonnée sur place.
Une information judiciaire a été ouverte pour "meurtre sur une personne chargée d'une mission de service public", "blessure involontaire" "aggravée par la vitesse et le délit de fuite", et "détention d'armes de catégorie B".
Le drame est survenu dans un contexte de tensions dans la métropole alpine, après un été marqué par de nombreux faits de violences et fusillades entre trafiquants de stupéfiants. Le dernier en date s'est déroulé dans la nuit de samedi à dimanche, quand deux hommes ont été blessés, dont l'un grièvement, par des tirs d'armes à feu à Fontaine.