REPLAY. A Grenoble, trois candidats affrontent le maire sortant pour le second tour. Face à l'écologiste Eric Piolle, arrivé en tête le 15 mars, le divers droite Alain Carignon -ancien maire de la ville- la députée LREM Emilie Chalas et le socialiste Olivier Noblecourt.
Faute d'alliances lors de l'entre deux tours, le deuxième round des municipales à Grenoble prend la forme d'une quadrangulaire.
Le maire sortant, Eric Piolle, a refusé l'offre de rapprochement d'Olivier Noblecourt pour "rassembler les forces de progrès et de gauche". L'édile écologiste a décliné l'invitation, estimant que "le rassemblement des humanistes" s'était fait "avant le premier tour de l'élection municipale", lui qui réunit autour de sa candidature douze formations de gauche.
De son côté, Olivier Noblecourt, soutenu par le Parti socialiste, et ancien délégué interministériel à la lutte contre la pauvreté d'Emmanuel Macron, n'a pas souhaité fusionner sa liste avec celle de la macroniste Emilie Chalas.
La députée LREM de l'Isère a, elle, tendu la main à certains colistiers d'Alain Carignon, mais refusé de s'allier à l'ancien maire de Grenoble (1983-1995), condamné à cinq ans de prison et cinq ans d’inéligibilité pour corruption et abus de biens sociaux en 1996.
Les candidats en lice
- Eric Piolle (EELV et alliés) de la liste "Grenoble en Commun", est arrivé en tête du premier tour avec 46,68% des voix
- Alain Carignon (DVD) de la liste "La société civile avec Alain Carignon" a recueilli 19,81% des voix
- Emilie Chalas (LREM et alliés) de la liste "Un nouveau regard sur Grenoble" a séduit 13,75% des électeurs
- Olivier Noblecourt (PS et alliés) de la liste "Grenoble Nouvel Air" s'est classé quatrième avec 13,31% des voix
Lors du premier tour, le taux d'abstention s'est établi à 57,75 %
Petites phrases et attaques personnelles : une entame très polémique
Comme le fait remarquer l'animateur du débat, Jordan Guéant, on comprend vite pourquoi les alliances n'ont pas été possibles entre les différents candidats. Dès les premiers échanges, les attaques fusent.
Alain Carignon reproche à Eric Piolle de vouloir délaisser Grenoble pour briguer la présidence de la République.
Le maire sortant le renvoie à sa condamnation pour corruption et reproche à Olivier Noblecourt d'avoir quitté Grenoble pendant le confinement.
Le candidat socialiste riposte en attaquant le bilan "anti-social" du maire, accusé d'incarner "l'écologie des premiers de cordée" : une "expression macroniste", intervient Eric Piolle.
Emilie Chalas se dit "éffarée" et félicite ses adversaires pour leur capacité à cristalliser l'unique débat d'entre-deux-tours autour "du parcours des uns et des ambitions des autres".
Les hostilités ont débuté sans coups de semonce.
Grenoble post-Covid
C'est évidemment la question du "monde d'après" qui s'est ensuite imposée dans le débat. Pour faciliter le déconfinement, dix-huit kilomètres de pistes cyclables supplémentaires ont été mis en place à Grenoble.
Ce réseau de TempoVélo va-t-il se pérenniser ?
Eric Piolle rappelle qu'il s'agit d'un dispositif temporaire mais qu'à terme, son équipe souhaite passer "de quatre à huit lignes chrono-vélo". Des mesures prises de concert avec le gouvernement pour permettre à l'heure du déconfinement "à 100 000 personnes" de trouver une solution pour se déplacer. "Il valait mieux qu'elles se mettent au vélo plutôt qu'elles aillent se mettre toutes seules dans une voiture".
La création de ces nouvelles pistes cyclables, conjuguée au début de travaux en centre-ville, font de la circulation à Grenoble "un enfer", selon Emilie Chalas. Pour la députée LREM -qui propose six mois de gratuité des transports publics- "on empêche des entrepreneurs, des salariés, des fonctionnaires, des parents et des familles d'arriver à l'heure". "Cela ne peut pas être la réponse à la crise sanitaire", ni "l'alpha et l'omega d'une politique publique", ajoute-t-elle.
Alain Carignon voit les TempoVélo comme l'emblême de la perte de la qualité de vie à Grenoble. "On est passé, sous Eric Piolle, de la dizième à la quatrième place pour le temps perdu dans les embouteillages". Il a "créé volontairement des systèmes qui paralysent la ville", s'offusque le candidat divers droite et d'interpeller Eric Piolle : "vous n'êtes pas un modèle, c'est un modèle raté".
Quant à Olivier Noblecourt, il estime que ces pistes "bien que nécessaires pour le déconfinement", sont par endroits "absurdes, lorsque vous avez juste à côté une ancienne piste cyclable souvent déserte". Le plan de déplacements urbains "manque d'ambition sur les transports en commun", ajoute le candidat socialiste car "tout le monde ne peut pas se déplacer à vélo". Olivier Noblecourt souhaite notamment une ligne de tramway vers le Grésivaudan et encourager la "mobilité électrique".
Quel plan de relance pour la ville ?
Pour le maire écologiste sortant, ce plan de relance post-Covid doit passer par le "développement de l'économie circulaire, le développement de l'économie zéro carbone ou encore de l'économie locale".
Emilie Chalas estime de son côté "le prix de la relance à Grenoble" à 120 millions d'euros : un budget pour "accompagner les plus pauvres et les entreprises" et "préserver l'emploi". "L'emploi doit être la première des solidarités", pour la candidate LREM.
Alain Carignon, qui estime que "Grenoble est entrée malade dans la crise, elle n'en sort pas guérie", opte lui pour la vente d'une partie du patrimoine immobilier municipal "pour générer des recettes" dans "une ville exsangue".
"Une stratégie de déclin" selon Olivier Noblecourt. Il suggère d'augmenter le budget de l'investissement et d'axer le développement sur le réemploi et la réutilisation.
Quelle place pour le maire de Grenoble dans la métropole ?
Enfin, reste la question de la place de Grenoble dans la métropole. Notre confrère de France Bleu Isère, Nicolas Crozel, interroge les candidats : "si vous êtes élus, respecterez-vous la tradition qui veut que le président de la métropole ne soit pas un élu de la ville-centre ?"
Eric Piolle réaffirme son opposition à tout cumul des mandats et regrette qu'il n'y ait pas d'élection directe du président de la métropole Grenoble-Alpes.
Pour Emilie Chalas, les métropoles "qui ont une vraie dynamique" sont celles dans lesquelles le maire de la commune principale est "aussi le président de la métropole".
Alain Carignon voit plus grand et souhaite "faire une grande agglomération allant du Grésivaudan au Voironnais".
Enfin Olivier Noblecourt se positionne lui aussi contre le cumul des mandats mais estime "qu'il faut une majorité très large" car "la métropole est le lieu où se concentre les vraies capacités à agir".