Ville vitrine des écologistes, Grenoble et ses 158.000 habitants ont largement réélu dimanche à l'issue du second tour des municipales le maire sortant Eric Piolle (EELV) et ses nombreux alliés de gauche.
Si le maire sortant était le grand favori dans cette quadrangulaire qui ne pouvait que le servir, ses 53,13% des voix, malgré une abstention à 64,17%, lui confèrent une légitimité consolidée.
"Vous avez envoyé un message très clair: vous confirmez que le cap des transitions est le bon. Que le sens de l'histoire nous porte et nous entraîne (....) Ici nous sommes fiers d'inspirer un peu partout", a lancé le chantre de l'"arc humaniste", après les autres victoires écologistes en France qui ont arraché une larme d'émotion à cet homme d'ordinaire pudique.Plus de 2.000 soutiens s'étaient massés place Grenette dans le centre-ville, rendue piétonne sous la mandature et où son adversaire l'ancien maire Alain Carignon (DVD), qui arrive en seconde position avec plus de 23,44%, a son adresse officielle.
Au soir du premier tour, malgré des électeurs restés massivement chez eux, Eric Piolle avait tout de même collecté plus de voix qu'en 2014. Contrairement au second tour avec 16.169 voix contre 20.000 en 2014, où il avait créé la surprise "Cette victoire est belle car elle ne s'est faite contre personne", a estimé l'écologiste de 47 ans, tête d'une liste rassemblant LFI, le PCF, Génération.s, Génération Ecologie, Place Publique, Nouvelle Donne, le Parti animaliste et une poignée de socialistes.
"Ce changement de cap que nous appelons tous va à l'encontre du cap porté par le candidat Macron en 2017 (...) il doit être validé par les Français, par référendum", affirmé celui qui oeuvre, parmi d'autres, à un rassemblement des gauches pour la présidentielle de 2022.
- Carignon premier opposant? -
Mais avant ces échéances lointaines, il y a la perspective de son élection formelle vendredi en conseil municipal, avec une bataille à venir pour la tête de l'opposition. Alain Carignon, 71 ans, l'éternel revenant de la droite et ancien maire condamné à de la prison ferme pour corruption en 1996, a été qualifié de "Balkany des Alpes" par Piolle qui promet de ne "rien laisser passer" dans les futurs débats municipaux. M. Carignon a de son côté estimé que "le maire qui va être élu demain ne peut plus décider tout seul compte tenu de cette abstention massive: il doit essayer de trouver un consensus au conseil municipal et sinon consulter les Grenoblois par référendum".Emilie Chalas, 42 ans, la députée LREM qui a recueilli 12,49% des voix et toujours dit son aversion à associer son nom avec celui de Carignon, entend tenter de s'imposer dans l'opposition.
Quant au candidat socialiste Olivier Noblecourt, (10,92 % des voix), allié avec le PRG, le MRC, GRS, Cap 21, dont la main tendue avait été repoussée par Piolle, il a affirmé qu'il "ne cultiverait pas le Grenoble-bashing ni ne ferait de procès en décroissance ou en caricature" mais "il y a eu des difficultés" dans le précédent mandat.
"Je suis là pour pousser l'alerte: nous avons une démocratie sans le peuple, et 80% d'abstention dans les quartiers populaires (...) c'est très inquiétant car cela veut dire que la colère va s'exprimer autrement que dans les urnes", a-t-il mis en garde.
Après ce second tour si particulier, un troisième va se jouer le 17 juillet avec l'élection du président de la Métropole Grenoble-Alpes, qui regroupe 49 communes très diverses. Si Eric Piolle ne peut y prétendre pour raison de non cumul, un des ses proches Yann Mongaburu (Génération.s, ex EELV) est candidat. Les tractations vont bon train pour ravir le poste au sortant, le maire PS de Pont-de-Claix, réélu au premier tour, Christophe Ferrari.