Davantage de logements sociaux, encadrement des loyers... Voici les premières orientations du programme pour le logement porté par Eric Piolle, annoncées ce vendredi à Grenoble.
Eric Piolle, actuel maire de Grenoble et candidat à sa ré-élection, a dévoilé ses ambitions en matière de logement vendredi 20 décembre. Les premières lignes de son programme ont été annoncées par la voix de ses soutiens Pierre-André Juven, chargé de recherches en sociologie au CNRS, et Anne-Sophie Olmos, conseillère municipale et co-présidente du Rassemblement citoyen, de la gauche et des écologistes (RCGE). Les autres candidats aux municipales n'ont, eux, pas encore communiqué leurs projets dans ce domaine.
Logement social, encadrement des loyers, habitat participatif... Voici ce qu'il faut retenir de ces premières annonces de la liste écologiste pour les élections municipales de 2020.
"Construire un système robuste" pour le logement social
La liste RCGE veut faire du logement social un "sujet prioritaire" de son programme, a estimé Anne-Sophie Olmos lors d'une conférence de presse. Affichant un taux de 23,4% de logements sociaux, Grenoble se rapproche du seuil fixé par la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain) qui impose un taux de 25% à horizon 2025.
Eric Piolle l'avait déjà annoncé lors de sa campagne en 2014, il veut arriver à ce chiffre d'ici six ans et même "accélérer la dynamique" pour atteindre la barre des 30% en 2030. Sur l'ensemble de l'agglomération grenobloise, 17 000 foyers sont actuellement dans l'attente d'attribution d'un logement social.
Dans la même veine, le RCGE ambitionne de quintupler la part de logements sociaux à loyers très minorés "destinés aux plus précaires" dans la métropole. La production de ce type de logement, dont le loyer est entièrement couvert par les APL, passerait donc de 20 à 100 par an, selon le projet porté par la liste.
"Nous sommes fiers de notre modèle de logement social à Grenoble", souligne Mme Olmos. Mais "construire un système robuste" relève du "défi", d'après Pierre-André Juven, pointant "la politique des gouvernements ces dernières années" qui "mettent des coups de boutoir réguliers" sur le budget du logement social.
Une convention citoyenne pour "réinventer un modèle"
Pour construire sa future politique du logement social, le RCGE veut inciter les acteurs du secteur à "travailler ensemble pour réinventer un modèle". Tous seront réunis lors d'une convention citoyenne en 2020 pour "réenchanter le logement social", annonce la co-présidente du mouvement. Les bailleurs seront conviés, mais aussi les locataires et associations oeuvrant dans ce secteur, à l'image d'Alliance citoyenne qui n'est "pas reconnue mais joue un vrai rôle dans ce domaine", ajoute Anne-Sophie Olmos.
Au menu des discussions, outre le modèle économique futur, sera abordée la question de la fusion des deux bailleurs sociaux grenoblois : Actis et Grenoble Habitat. Ce mariage, largement décrié par les associations de locataires, a été reporté après les élections municipales, avaient annoncé la municipalité et la Métro en juillet.
"Nous voulons refaire un tour de piste pour remettre ces éléments en partage. (...) Il y a une inquiétude légitime des salariés et des locataires donc il faut prendre ce temps-là, même si ça veut dire qu'on sera prêts moins vite, et que les délibérations passeront dans le prochain mandat", s'était expliqué Eric Piolle. Les instances locales avaient alors exprimé leur volonté de tout remettre à plat, y compris le statut de la future société qui pourrait être évoqué lors de cette convention.
Vers un encadrement des loyers
La promesse figurait dans le programme d'Eric Piolle lors des précédentes élections municipales, et l'encadrement des loyers revient parmi ses propositions pour le prochain scrutin. Une mesure qui concernerait tous les logements sur le marché de la location, et pas seulement l'habitat social.
Le projet, pas encore mis en place, serait en "bonne voie", soutient Pierre-André Juven. Car pour réaliser cette promesse de campagne dans l'agglomération grenobloise, il a d'abord fallu créer un observatoire des niveaux de loyers, ce qui a été fait en 2017.
Ce sera ensuite au préfet de l'agréer en 2020 : "la dernière marche avant" le lancement de cette mesure, peut-on lire dans un communiqué du mouvement Grenoble en commun. Les résultats des observations permettront d'étudier "le niveau des loyers et les abus" dans la métropole, ajoute le chercheur.
A Grenoble, les loyers sont stables depuis trois ans, autour de 12 euros par mètre carré. Mais les écologistes veulent "éviter la bascule immobilière", "identifier les disparités et les résoudre" afin de "lutter contre les loyers abusifs parfois pratiqués".