"Notre futur Président doit montrer qu'il nous soutient", Valérie Mourier, policière à Grenoble

©France 3 Alpes

Fonctionnaire de police à Grenoble, représentante du syndicat Alliance, Valérie Mourier était l'invitée du dimanche le 5 mars sur France 3 Alpes. Après la vague de manifestations policières et l'affaire Théo, elle s'exprime sur l'évolution de son métier et de ses conditions de travail. 

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"Le métier de policier est compliqué au quotidien, on a l'habitude, on sait gérer les violences etc. [...] Mais l'état d'esprit des policiers est différent, car on ne se sent pas soutenu par le gouvernement, par notre hiérarchie"  juge Valérie Mourier. "Quand on rentre dans la police, c'est pour défendre les valeurs de la République", rappelle-t-elle.
 

Je pense que les quelques dérapages, sur le nombre d'interventions qu'on fait par an, sont vraiment minimes



Les relations entre la population et la police ne se sont-elles pas tendues en raison du comportement des policiers ? "Non, je n'irais pas par ce chemin-là, car nous sommes la profession la plus contrôlée. [...] On connaît nos limites. Je pense que les quelques dérapages, sur le nombre d'interventions qu'on fait par an, sont vraiment minimes. Donc non, la réaction des jeunes ne peut pas s'expliquer par le comportement des policiers". 


Dans des quartiers où il n'y a pas de deal ou de délinquance, avec les jeunes ça se passe très bien


Comment expliquer alors le rapport conflictuel entre la police et une partie des citoyens ? "Quand on va dans des quartiers où [les jeunes] commettent des délits, des crimes, forcément, on les dérange. Et cette réaction hostile envers nous vient du fait qu'on dérange leur business. Lorsque vous allez dans des quartiers où il n'y a pas de deal ou de délinquance, avec les jeunes ça se passe très bien ! Il y a des quartiers où l'on n'arrive plus à maîtriser cette délinquance, et où il est difficile de faire notre travail".  



Pour Valérie Mourier, le principal facteur de la dégradation des conditions de travail des policiers et de l'augmentation de la délinquance, c'est la baisse des effectifs. "Quand j'ai démarré, c'était en 1998, nous étions encore dans une police où il y avait des effectifs, et où il était facile d'intervenir rapidement, et efficacement. À l'heure actuelle, ce n'est plus possible", regrette-t-elle. 

Sans effectifs, le métier de policier "en perdition" 


"J'ai toujours aimé l'uniforme, la discipline, l'ordre. [...]  C'est un métier très altruiste, on est tourné vers les autres constamment. On l'oublie souvent, on voit le côté répressif, mais les trois-quarts de nos missions, c'est quand même d'aider les autres. Nous sommes là quand il y a des accidents de la route, des cambriolages. On est souvent là dans la douleur des gens, en soutien psychologique. Aider l'autre, c'est ce que j'ai aimé quand je suis rentrée dans la police" témoigne Valérie Mourier. 


Notre futur Président doit montrer qu'il nous soutient


Elle déplore aussi la disparition de la police de proximité, une "opulence d'effectifs qui permettait de faire intervenir les gens, d'être plus au contact, des habitants, des commerçants, et cela rassurait la population. La police est quand même là pour assurer la sécurité de nos concitoyens. Si nous ne sommes pas assez nombreux pour ces missions "premières", le métier de policier va en perdition". 

En pleine année electorale, quel message souhaite-t-elle adresser aux candidats ? "Donnez-nous les effectifs. On défend les valeurs de la République. On aime notre pays, on veut que les citoyens s'y sentent bien. Notre futur Président doit montrer qu'il nous soutient". 


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