Nordahl Lelandais, jugé devant la cour d'assises de l'Isère pour le meurtre de Maëlys, a de nouveau assumé, ce lundi 14 février, avoir "volontairement" enlevé et tué la petite fille morte le 27 août 2017. Ces aveux répétés peinent à convaincre les parties civiles.
Des aveux sincères ? Un "non-évènement" ? Ou un coup de la défense ? Les interrogations sont nombreuses au sujet des dernières déclarations de Nordahl Lelandais, ce vendredi 11 février, lors de la dixième journée de son procès pour le meurtre de Maëlys et deux agressions sexuelles sur des petites cousines.
Pendant près de six heures d'audition, le militaire, jugé devant les assises de l'Isère depuis le 31 janvier, a très peu lâché. Il a défendu sa ligne face aux assauts répétés des avocats de la partie civile. Pour lui : Maëlys était montée de son plein gré dans sa voiture, le 27 août 2017 lors d'une soirée de mariage, et il l'avait tuée de manière involontaire.
Puis, dans les derniers instants de son interrogatoire vendredi, il a cédé. Du moins, il a avoué, suite aux questions de son propre avocat, Me Alain Jakubowicz, avoir enlevé et "volontairement" tué la petite fille de 9 ans.
Des aveux "téléguidés"
Un rebondissement dans cette journée éprouvante pour la famille de Maëlys. Ce lundi 14 février, à la reprise de l'audience, Lelandais a assuré avec calme, droit dans son box des accusés, en jean bleu et chemise blanche, reconnaître "tous les faits qui (lui) sont reprochés".
Me Rajon, l'avocat de la mère de Maëlys, a reçu cette nouvelle déclaration avec beaucoup de scepticisme comme l'ensemble du banc des parties civiles : "Oui, il a confirmé des aveux dont la sincérité interroge très clairement."
"Les aveux de Lelandais ont fait suite à cinq heures d'interrogatoire au cours duquel il disait exactement l'inverse. Il expliquait avoir donné la mort à Maëlys sans intention de la donner. Sur exhortation de son avocat, comme l'a dit le procureur général, il va lâcher des aveux que je considère téléguidés. Et tout à fait superficiels", lâche-t-il d'un ton las, comme fatigué par cette nouvelle défense : "Si vous me posez la question de la sincérité, je suis clairement dubitatif."
Il n'explique pas pourquoi il a commis ce meurtre.
Me Laurent Boguet, avocat du père de Maëlys.
Pour Me Boguet, qui représente le père de la petite fille, ces déclarations sorties "du bout des lèvres" sont un "non-événement" : "En début de procès, nous avions déjà assisté à des prises de position qui s'assimilaient à celle-ci. Lelandais comme souvent n'avoue jamais. Mais il finit par admettre quand il est confronté à un certain nombre d'évidences."
L'avocat le soutient avec l'assurance dont il fait preuve depuis le début du procès : Lelandais n'a pas tout dit. "Il n'explique pas pourquoi il a commis ce meurtre." Et pour lui, il faut prendre en compte un possible mobile sexuel.
"Je n'y crois pas"
L'accusé, lui, nie avec force ce mobile sexuel. Il explique désormais avoir volontairement tué Maëlys dans sa voiture après avoir vu le spectre d'Arthur Noyer, mort quelques mois plus tôt, à la place de la petite fille. Un "vécu de dissociation", selon une experte psychologue interrogée ce lundi : "Les coups portés sur Maëlys viennent effacer l'angoisse dans laquelle il est plongé."
Cette nouvelle position ne convainc toujours pas les avocats des parties civiles. "Comment voir le visage d'un homme qu'on a tué devant celui d'une petite fille de 9 ans ? Cela paraît très surprenant. Pour ma part, je n'y crois pas", réagit Me Crespin, l'avocat de deux associations d'aides à l'enfance.
Du côté de la défense, ces aveux ressemblent à un "début d'avancée". Les différents psychologues entendus ce lundi ne contestent pas. Mais, ils précisent que cela va dans "le sens de ses intérêts", selon les termes du docteur Ravit : "Il peut espérer le meilleur, ou le moins pire, pour la détention."
Pour son confrère, M. Loiselot, reconnaître son implication lui a permis de "soulager les parents de la fillette tout en restant dans une position de maîtrise et de contrôle". Ces aveux pourraient être une "ultime tentative de retour vers l’humanisation". Les deux psychologues ont cependant expliqué, de concert, n'avoir observé "ni honte, ni culpabilité" chez l'accusé au moment de la découverte du corps.