Procès Lelandais : "dangerosité criminologique" et "dimension perverse", des psychiatres dressent les rouages mentaux de l’accusé

La dernière semaine du procès de Nordahl Lelandais, jugé devant les assises de l'Isère pour le meurtre de Maëlys et deux agressions sexuelles sur des petites cousines, a débuté ce lundi 14 février avec les témoignages d'experts en psychologie et psychiatrie.

La dernière semaine du procès de Nordahl Lelandais, jugé devant les assises de l'Isère pour le meurtre de la petite Maëlys et deux agressions sexuelles sur des petites cousines, a débuté ce lundi 14 février avec les témoignages de psychologues et psychiatres.

En tout, six experts ont été appelés à la barre pour mettre en lumière la personnalité et les rouages mentaux de l'accusé. L'ancien militaire, déjà condamné pour le meurtre d'Arthur Noyer en avril 2017, a reconnu, dans les derniers instants de la journée du vendredi 11 février, avoir "volontairement" tué la petite fille de 9 ans. Revivez l'audience dans ce direct commenté.

Ce qu'il faut retenir de la journée d'audience

  • Lelandais maintient ses aveux. L’ancien militaire, accusé du meurtre de la petite Maëlys et d’agressions sexuelles sur deux petites cousines, a changé de version vendredi, lors de sa longue audition sur les faits. Lui qui avait maintenu sa version initiale tout au long de l'après-midi, face aux questions de la présidente et des parties civiles, a fini par reconnaître l'ensemble des faits qui lui sont reprochés lorsqu'il a été interrogé par son avocat. L'ancien militaire a ainsi avoué avoir enlevé et tué "volontairement" la fillette de 8 ans. Questionné une nouvelle fois par la présidente de la cour d'assises ce lundi matin, Nordahl Lelandais a "confirm(é)" ses propos.
  • "C'est une personnalité pas homogène, qui réagit dans un mode tout-puissant quand il ne se sent pas bien." Une experte psychologue a décrypté les rouages psychiques de Nordahl Lelandais devant la cour d’assises de l’Isère ce lundi matin, lors de cette dernière semaine de procès. Mme Ravit est revenue sur l’enfance de l’accusé avec une mère dont il était très proche et un père absent. Quand la plupart de ses proches parlent d’un parcours scolaire difficile, l’accusé se décrit comme "un bon élève". "Il y a un décalage réel entre ce qu'il perçoit de ses aptitudes et ses aptitudes réelles", a expliqué la psychologue. Un mécanisme mis en place face à ses échecs professionnels et scolaires afin de masquer "une honte à dire qu'il est en difficulté, une honte à dire qu'il est vulnérable". L’experte a par ailleurs décrit une personnalité "clivée", naviguant entre "deux réalités" et réagissant "dans un mode tout-puissant quand il ne se sent pas bien". Chez Lelandais, selon Mme Ravit, il n'y a "pas un plaisir à faire souffrir l'autre." "Il n’y a ni haine, ni amour, il y a de l’indifférence" vis-à-vis de l’autre, a ajouté la psychologue pour expliquer son passage à l’acte.

L'audience minute par minute

20h10 - La présidente demande à l'accusé de se lever. "J’ai bien compris qu’il fallait faire un long travail et je m’y engage. J'ai déjà commencé mais j’ai compris qu’il fallait que je reprenne depuis le début", réagit-il après cette journée d'audition d'experts psychologues et psychiatres.

L'audience est suspendue. Elle reprendra mardi à 9 heures.

20h06 - Me Jakubowicz revient sur le changement de version de Nordahl Lelandais. Vendredi soir, l'accusé a avoué avoir enlevé et tué "volontairement" Maëlys de Araujo. "Il (Nordahl Lelandais) a désormais une conscience pleine et entière d’être coupable de l’intégralité des faits qui lui sont reprochés, même s’il demeure des zones d’ombres sur ce dossier, mais il assume sa culpabilité. Peut-on considérer cela comme un signe encourageant ?", demande l'avocat de la défense.

"Un premier pas, c’est déjà ça de pris, constate le psychiatre. Mais il faudrait que cela s’accompagne d’une expression émotionnelle, que cela s’accompagne d’une nécessité interne." En clair, cela dépend "de quoi sont accompagnés (ces aveux) et quel sont leur objectif". "Il parle quand la rationalité objective extérieure le pousse à parler", rappelle le Dr Danet.

19h56 - Nordahl Lelandais a-t-il pu souffrir d'"hallucinations" dues à sa consommation de cocaïne ? L'accusé a affirmé en avoir eues au moment du meurtre de la petite Maëlys.

Me Jakubowicz questionne l'expert psychiatre, citant un autre rapport d'expertise dans lequel il est écrit qu'une "consommation chronique ou répétée de cocaïne peut entraîner de la violence, de la confusion mentale et de la paranoïa".

"Je dirais 'participer à' si, en amont, on présente une personnalité qui est encline", nuance le Dr Danet.

19h50 - "J’ai du mal à croire qu’il n’y ait pas eu de traumatisme événement dans la vie de M. Lelandais", présume l'expert psychiatre, interrogé par Me Jakubowicz pour la défense. "On a essayé (avec le collège d'experts psychiatres, ndlr) de lui demander ce qu’il s’est passé, s’il n’y avait pas eu des choses pendant son enfance et son adolescence." Mais l'accusé a toujours nié avoir vécu des événements traumatiques dans sa jeunesse.

19h42 - Me Pariat pose ses questions au Dr Danet pour la défense. L'avocate évoque les "troubles pédophiliques" de l'accusé mentionnés dans le rapport d'expertise. "On peut considérer que M. Lelandais présente un trouble pédophile", tranche le psychiatre, bien qu'il "se livrait assez peu" sur ce point.

Le Dr Danet distingue une "période clé entre avril et août 2017" caractérisée par une "recherche de sensations corporelles supplémentaires avec une augmentation consommation cocaïne et alcool". C'est également sur ce laps de temps que se sont produits les agressions sexuelles pour lesquelles il comparaît, le meurtre de Maëlys et celui d'Arthur Noyer.

19h28 - Nouvelle question de Me Rajon, l'avocat de Jennifer Cleyet-Marrel, sur la dimension "perverse" de la personnalité de Nordahl Lelandais. "Ca se soigne ?", demande-t-il à l'expert psychiatre.

"Oui. L’étanchéité du clivage est l’élément central défavorable de ce rapport d’expertise (…) Nous avons également souligné le risque suicidaire. C’est l’une des problématiques centrales du rapport", insiste le Dr Danet, évoquant l'importance d'un suivi socio-judiciaire pour l'accusé.

19h10 - L'avocat du père de Maëlys interroge à son tour le Dr Danet, regrettant que le collège d'experts "n’en (ait) pas obtenu beaucoup plus que nous autres au niveau de la cour". Me Boguet revient sur les aveux de Nordahl Lelandais dans l'affaire Maëlys, obtenus après la découverte d'une goutte de sang de la fillette dans le coffre de sa voiture.

"M. Lelandais, c’est confronté à des arguments rationnels qu’il va dire quelque chose. Ce n’est pas quelqu’un qui va s’épancher et avouer pour soulager quelque chose en lui qui est insupportable", explique le Dr Danet.

19h - La présidente questionne l'expert psychiatre sur son rapport. Mme Blain insiste sur une phrase de ce document faisant état de la "dangerosité criminologique extrêmement importante (de Nordahl Lelandais, ndlr) du fait de la dimension perverse de sa personnalité".

Le Dr Danet développe : "M. Lelandais est exceptionnel par le fait de ne pas parler de son histoire avec des affects." Les experts l'ont vu s'effondrer en larmes une fois, lorsque l'accusé a évoqué la mort récente de son chien Tyron.

18h47 - Le collège d'experts psychiatres a conclu à une "absence de pathologie mentale" mais a relevé plusieurs troubles de la personnalité chez Nordahl Lelandais, notamment une "instabilité émotionnelle" et une "tendance antisociale". Pour autant, relève la présidente, les conclusions de ce rapport divergent, sur certains points, des experts entendus plus tôt dans la journée.

"Nous avons principalement conclu à la question du clivage. Il y a une convergence de vue et c’est ce que nous avons souligné comme l’élément central de sa problématique", répond le Dr Danet, parlant de "quelques éléments épars divergents qui ne sont pas centraux".

18h40 - Le psychiatre explique aux jurés comment il a procédé à cette expertise. Le type de questions posées à l'accusé, l'objectif de ce rapport...

18h31 - L'accusé présente une "dangerosité criminologique du fait de la dimension perverse de sa personnalité", constate l'expert psychiatre dans sa déposition. Concernant les faits qui lui sont reprochés, Lelandais se trouve face à un dilemme : "soit il continue à se protéger par la fermeture à s’exprimer sur son histoire mais réduit ses capacités à s’inscrire dans un suivi, soit il s’ouvre à ces difficultés mais risque un état dépressif ou suicidaire".

18h28 - Le Dr Danet livre à présent les conclusions de son expertise psychiatrique. Il note deux modes de fonctionnement séparés par un clivage chez l'accusé : "une partie à peu près adaptée et une autre de plus en plus envahissante qui s’est exprimée au moment du passage à l’acte". Nordahl Lelandais présente "vraisemblablement un trouble pédophilique et de la personnalité", ajoute le psychiatre.

18h18 - Les expertises psychiatriques menées par ce collège d'experts sur Nordahl Lelandais ont eu lieu entre février 2018 et mars 2019, soit depuis ses aveux dans l'affaire Maëlys. Ces entretiens ont eu lieu aussi bien en établissement pénitentiaire qu'en hôpital psychiatrique où l'accusé a été admis pendant quatre mois après qu'il a avoué avoir tué la fillette.

18h08 - "C’est comme un jeu vidéo, c’est comme quelque chose qui n’est pas sur Terre", a déclaré Nordahl Lelandais à l'expert psychiatre à propos du meurtre de Maëlys. L'accusé a notamment expliqué son geste par sa vie amoureuse tumultueuse et un sentiment d'échec général à cette époque.

"Je ne suis pas fou mais il faut avoir un problème pour faire une chose pareille, pour aller cacher une enfant dans les bois", a encore dit le trentenaire aux experts, disant s'être trouvé "spectateur de (son) corps, comme au-dessus de ce qu’il se passe" quand il a donné la mort à la fillette. 

17h58 - Parcours professionnel, relations amoureuses... Le Dr Danet revient sur les différents entretiens au cours desquels il a rencontré Nordahl Lelandais. Le trentenaire a vécu aussi bien en colocation, en concubinage que chez ses parents, où il était domicilié au moment de son arrestation. L'ancien militaire a travaillé 10 ans en intérim, cumulant les arrêts maladie.

17h50 - L'expert psychiatre retrace le parcours de vie de l'accusé depuis son enfance. Une enfance qu'il a évoquée de manière "lisse et superficielle" auprès des experts. Il a connu des "troubles de la concentration" en milieu scolaire mais n'a jamais fait l'objet d'un suivi pendant son enfance ou son adolescence.

17h42 - L'audience est reprise. Un dernier expert psychiatre, le Dr Danet, s'apprête à déposer devant la cour ce soir.

17h19 - "J’ai l’impression qu’on se trouve, en vous entendant, dans une émission de Morandini sur « Dans la tête de Nordahl Lelandais », lâche Me Jakubowicz, toujours en critiquant le rapport de l'expert psychologue. C’est extrêmement gênant quand j’ai affaire à un expert judiciaire."

M. Loiselot quitte la barre. L'audience est suspendue, elle reprendra à 17h35.

17h12 -  Me Jakubowicz critique les ouvrages cités par l’expert psychologue dans son rapport. Des ouvrages, selon lui, de "vulgarisation scientifique" et non des études documentées. "Il n’y a pas une once d’éclairage scientifique dans votre rapport", tance l'avocat de la défense.

"Vous fonctionnez un petit peu avec l’annulation rétroactive. Je ne vous annule pas mais je vous annule", répond l'expert, crispé par des questions véhémentes.

17h05 - Echanges tendus entre l'expert psychologue et Me Jakubowicz, l'avocat de Nordahl Lelandais. "Quel est votre rôle d’expert ? Quelle est votre fonction ? Quel est votre apport à ce débat ?", questionne le conseil de l'accusé, qualifiant cette expertise de "réquisitoire". Pour rappel, trois passages ont été cancellés par la chambre de l'instruction à la suite d'une requête en annulation de la défense.

"Votre rapport est pétri de références factuelles, très peu de références scientifiques. Donner votre avis sur ces faits, ce n’est pas votre rôle. Votre rôle, c’est de donner un éclairage au regard de la science qui est la vôtre", lance Me Jakubowicz. L'avocat tente de discréditer ce rapport qu'il trouve "d’une partialité terrible"

16h58 - Que se serait-il passé si Nordahl Lelandais n'avait pas été arrêté en septembre 2017, peu de temps après la disparition de Maëlys de Araujo ? L'expert psychologue évoque un possible "mécanisme de recommencement". "Tant qu’il n’y a pas quelque chose qui vient arrêter, on recommence. Est-ce que cela se serait passé pour ce monsieur ? Je ne sais pas. En tout cas, ce n’est pas impossible."

16h48 - Me Remond, l'avocate des petites cousines de Lelandais, interroge à présent l'expert sur les agressions sexuelles dont les deux fillettes ont été victimes. Pour M. Loiselot, le passage à l'acte de l'accusé s'explique par une "montée pulsionnelle" : "Il ne peut pas s'empêcher de passer à l'acte" indifféremment de la personne qui se trouve en face de lui.

"Peut-on imaginer qu'il ait eu une pulsion sexuelle le soir de la disparition de Maëlys ?", demande encore Me Remond. "Bien sûr qu’on peut l’imaginer, tranche-t-il. Si on attend qu’il nous le dise, on peut certainement attendre longtemps, mais on peut l’imaginer."

16h38 - De nombreux témoins qui ont déposé à la barre ont noté que Nordahl Lelandais avait repris une existence "presque normale" dans les jours suivant la disparition de Maëlys.

Comment expliquer cette capacité à mettre les faits à distance ? "Il est capable de mettre dans un coin de sa personnalité ces choses sombres et horribles et de vivre comme si elles n’étaient pas là", assure l'expert psychologue.

16h31 - La petite Maëlys, le caporal Arthur Noyer, deux fillettes de 4 et 6 ans. "Qu’est-ce que vous pouvez nous dire de ce spectre de victimes ?", demande Me Rajon, l'avocat de Jennifer de Araujo, à l'expert psychologue.

M. Loiselot note qu'Arthur Noyer était caporal, tout comme Lelandais lorsqu'il était engagé à l'armée. Une "similitude étonnante dans les fonctions". Mais pour le reste, "il (Lelandais) fait feu de tout bois. Quand il y a des chances qui se présentent, elles adviennent", estime l'expert. 

16h23 - Nordahl Lelandais fait des "rapprochements étonnants" entre ses chiens et lui. "L’animal représente pour lui l’objet de l’amour qui aime sans condition, décrypte l'expert psychologue. Le chien l’aimera tout le temps. Ce qu’il a incorporé, c’est la force de l’animal qui peut aimer sans condition. Il n’y arrive pas mais il essaye."

L'ancien maître-chien en est même venu à "intégrer certaines aptitudes" des chiens dans sa propre personnalité. Il a notamment estimé avoir un très bon sens de l'orientation et un bon odorat. "Il a pu trouver un étayage affectif sur les animaux", présume M. Loiselot.

16h15 - "En 20 ans d'expertise, j'en ai rencontré deux." M. Loiselot revient sur certains traits de la personnalité de Lelandais. Un triptyque qui caractérise la "partie psychopathique" de sa psyché. "On rencontre des psychotiques, des psychopathes et des pervers. Mais les trois en même temps, c’est vraiment rare", explique-t-il.

"Il faudra beaucoup de temps pour qu’il puisse faire un travail sur lui", présume l'expert selon qui l'accusé n'est "pas du tout dans une démarche d’évolution".

16h05 - "Il est capable de dire que c’est injuste qu’il soit condamné parce que ce n’est pas lui (qui a commis ces actes, ndlr), c’est le monstre", explique l'expert psychologue à la barre, faisant référence à la personnalité "déstructurée" et "dissociée" de Lelandais. Plus tôt, M. Loiselot a expliqué que l'accusé présentait une personnalité comportant des traits "psychopathiques".

15h58 - Dans son rapport à la sexualité, Nordahl Lelandais ne va pas "tenir compte de l’autre ou pas toujours", relève M. Loiselot. "Homme, femme, enfant" : il va chercher à assouvir ses pulsions par tous les moyens "lorsque c’est impératif pour lui".

15h53 - "Pour moi, il allait mal depuis son départ de l'armée et, en 2017, ça s'est arrêté", analyse l'expert psychologue, interrogée par la présidente Valérie Blain. Pour autant, difficile selon lui de connaître les sentiments profonds de l'accusé : "Il est à l’écoute des attentes de l’autre bien plus qu’il n’est à l’écoute de lui-même".

15h40 - Selon l'expert psychologue, Lelandais exerce une "emprise prédatrices" sur ses victimes qu'il a "déshumanisées". "Il capte l’autre pour mieux le manipuler et le détruire", résume M. Loiselot.

La personnalité de l'ancien militaire comporte une "partie psychopathique" le rendant "imperméable au sentiment de culpabilité". Et l'expert de conclure : "On retrouve le triptyque pervers narcissique et psychotique déjà trouvé chez des criminels en série".

15h30 - "Pour se protéger, le psychisme de Nordahl Lelandais s’est cloisonné, certaines parties se sont dissociées de sa psyché." L'expert explique que l'accusé a mis en place un "processus dissociatif" pour ne pas être envahi. Au fil de ses rencontres avec l'accusé, M. Loiselot affirme avoir vu plusieurs facettes de sa personnalité : de l'"homme défiant qui se fabrique une innocence" à l'homme "effondré", "soumis" ou "en colère".

"Cet homme ne dit rien que ce que les interlocuteurs demandent à entendre", résume l'expert, évoquant certains traits de sa personnalité : la mythomanie ou la manipulation "par la ruse et le mensonge".

15h18 - Nordahl Lelandais s'estime "victime de lui-même", relève M. Loiselot. "C'est comme si une entité s’emparait de moi", a-t-il déclaré à l'expert psychologue au cours d'une rencontre. L'accusé s'est dit "envoûté d’un démon, d’un diable" au moment des faits qui lui sont reprochés.

"L’alcool et la drogue lui permettent d’affirmer qu’il était étranger à lui-même", explique M. Loiselot, ce qui conduit à Lelandais à "reconnaître son acte sans en assumer la responsabilité."

15h10 - L'expert psychologue revient à présent sur les aveux de Nordahl Lelandais concernant le meurtre de la petite Maëlys, il y a tout juste quatre ans. Reconnaître son implication lui a permis de "soulager les parents de la fillette tout en restant dans une position de maîtrise et de contrôle", explique M. Loiselot. Ces aveux pourraient être une "ultime tentative de retour vers l’humanisation" bien que l'accusé n'ait éprouvé "ni honte, ni culpabilité", selon l'expert.

15h03 - Sur le plan affectif, Nordahl Lelandais entretient des relations "instables". "Le risque d’effondrements dépressifs l’engage à rechercher des relations de suppléance lorsqu’il se retrouve seul", analyse M. Loiselot. Plus généralement, l'expert décrit un "homme en difficulté pour s’adapter sur le plan social et émotionnel" mais menant sa vie "comme s'il détenait les codes". Il estime notamment que son impulsivité, trait de personnalité souvent cité par ses proches, pourrait être à l'origine "des déconvenues de son existence".

14h53 - L'expert psychologue commence par évoquer l'histoire familiale de l'accusé. "Il existe, en germes, dans sa famille, les comportements qui lui sont reprochés", déclare l'expert psychologue. Il parle notamment d'"atteintes identitaires importantes", de plusieurs drames familiaux et du rejet de Lelandais par ses grands-parents "dès sa naissance".

14h47 - La présidente commence par signaler que l'expertise de M. Loiselot a été partiellement annulée par la chambre de l'instruction. L'avocat de Nordahl Lelandais avait formé une requête en annulation. Trois passages ont été cancellés, ils ne seront donc pas abordés par l'expert.

14h40 - L'audience est reprise. M. Loiselot, expert psychologue, va être entendu par la cour au sujet de la personnalité de Nordahl Lelandais.

13h25 - "On est à l'épicentre du sujet", poursuit l'avocat de Nordahl Lelandais, abordant la question du risque de récidive chez l'accusé. "Est-ce que ce passage de l’autre côté est quelque chose d'irrémédiable, sur lequel il ne sera jamais possible de revenir à l’horizon des 20 années qui viennent ?"

"Le pronostic est très sombre dans la littérature, répond l'experte psychologue, Mme Ravit. Maintenant, il y a toujours des cas atypiques. Je ne sais pas."

L'audience est suspendue, elle reprendra à 14h30 avec l'audition d'un nouvel expert psychologue.

13h15 - Comment Lelandais est-il passé à l'acte alors que rien ne laissait présager ces meurtres, selon les témoignages de ses proches. "Un univers se forme en secret, dit-elle. Cet univers est fait de sexualité abusive, de choses extrêmes. Ca monte crescendo et ça ne suffit plus."

13h02 - Lors d'une rencontre après avoir avoué le meurtre de Maëlys, la psychologue avait vu Lelandais effondré : "C'était une catastrophe ce qu'il se passait pour lui. C'était toute cette vie secrète, qui allait être dévoilée au grand jour. Je n'ai pas eu le sentiment qu'il avait des remords ou de la culpabilité." Elle précise : "Dans la culpabilité, il y a une reconnaissance du mal que l'on a infligé à d'autres."

Les analyses concernent de plus en plus le passage à l'acte et les échanges deviennent difficiles pour la famille. La mère de Maëlys quitte la salle.

12h55 - L'avocat de Lelandais insiste sur ce "vécu de dissociation" rencontré par Lelandais dans sa voiture au moment, où il a vu le visage du caporal Noyer à la place de Maëlys. Selon la psychologue, il s'agit d'un événement rencontré lorsqu'il y a "un vécu traumatisant, d'angoisse extrêmement fort, de mort imminente".

12h45 - Me Jakubowicz, avocat de la défense, revient sur "la lâcheté" qu'a éprouvée Lelandais sur les agressions sexuelles commises sur deux petites cousines endormies. Est-ce que cette "lâcheté" la surprend ? "Elles sont dans un état de conscience qui fait qu'elles ne sont pas en rapport avec lui." Il est dans une "exploration" : "Il se teste pour voir s'il passe à l'acte ou pas."

12h28 - Que pense-t-elle des derniers aveux de Lelandais ? "Je ne sais pas. Il peut espérer le meilleur, ou le moins pire, pour la détention." L'aveu peut-il être un retour à l'humanité ? "Oui, on peut espérer que l'aveu amende. C'est une sorte d'acceptation et de libération. Je ne sais pas si ça peut se mettre en conformité avec une culpabilité."

12h19 - Exclut-elle des traumatismes subis par Lelandais ? La psychologue répond à Me Crespin, avocat d'associations pour la protection de l'enfance, et évoque "un traumatisme psychique, qui a lieu sur des âges différents, des degrés différents. C'est une situation que l'on est pas capable d'organiser sur le plan subjectif. Le sujet n'est plus sujet, il doit se couper d'une partie de ses émotions pour survivre et continuer. Cela n'a rien à voir avec un traumatisme événementiel."

11h57 - La psychologue est interrogée sur les recherches pornographiques de Lelandais, qui concernent des pratiques qui peuvent "frôler la mort" : "Il y a l'idée d'une exploration de ce qui est l'autre, jusque dans ses chairs, explique-t-elle. Il n'y a pas une conduite sadique de sa part. Il n'y a pas cette idée de voir quelqu'un qui souffre. Il y a davantage cette idée d'exploration."

11h52 - Me Boguet, avocat du père de Maëlys, questionne la psychologue sur sa passion pour les chiens : "C'est quelque chose qui relève de l'ordre de l'affect. Les chiens ne l'abandonneront pas."

Elle évoque "une logique organisée" dans les liens entre Lelandais et ses chiens. Il est le maître, ses chiens obéissent. De plus, ses deux bêtes étaient éduquées. Il y aurait même une "symbolique narcissique et phallique""Les malinois sont des belles bêtes, assez grandes. Ce n'est pas le petit chien de Jean-Paul Belmondo."

11h40 - Le rapport des psychologues fait part, le 19 février 2018 quelques jours après avoir avoué le meurtre de Maëlys, d'un "déni le plus absolu" de la part de Lelandais dans sa participation "active" dans la mort de la petite fille. "J'ai l'impression que ça va être le travail d'une vie pour M. Lelandais de raconter ce qu'il s'est passé. Dans son cas, ce n'est pas possible de reprendre une place en tant que sujet ayant commis un acte."

11h25 - L'audience est reprise. Lelandais peut-il de nouveau passer à l'acte ? "Le pronostic ? Je ne sais pas, confie-t-elle. Il est difficile de faire un travail psycho traumatique à l'approche d'un jugement."

Lelandais a exprimé le souhait d'être davantage accompagné en détention et participer à plus de séances avec des psychologues : "Ce ne sont pas des séances sportives auxquelles il a participé. Je partage les dires de Lelandais qu'il manque des consultations psychologiques en détention. Mais c'est un autre débat."

10h55 - "Il ne dit pas avoir voulu faire du mal à Maëlys, il dit que c'est un contexte de peur", poursuit la psychologue. une manière d'éviter d'être confronté au passage à l'acte.

La présidente la questionne sur "une normalité de surface" : "Beaucoup de témoins se sont dits sidérés par son acte. Ils sont dans l'incompréhension", rappelle Valérie Blain. La psychologue explique que deux réalités s'opposaient chez Lelandais : "Il est tout à fait en capacité d'organiser une réalité, qui n'est pas la sienne. Il y a toujours eu deux réalités. Mais c'est quelqu'un qui sait s'adapter. L'autre réalité est envahissante, "de terreur", Cette autre réalité, il est arrivé de moins en moins à la masquer."

L'audience est suspendue, elle reprendra à 11h10.

10h49 - La présidente revient sur un moment du procès. Lelandais avait expliqué à une de ses anciennes compagnes que, si elle avait répondu à un de ses textos le soir du mariage, la petite Maëlys serait encore en vie : "C'est une manière pragmatique et opératoire de voir les choses, sans affect."

10h37 - La psychologue a l'impression que l'armée "tenait quelque chose" chez Lelandais. Mais à son retour, qu'il avait justifié par un souci d'éloignement auprès de l'experte alors qu'il a été réformé, plus rien ne tenait. Le témoin évoque "une surenchère" de problèmes, "un marasme affectif", chez Lelandais à partir de 2017.

10h32 - La présidente questionne la psychologue sur la scolarité difficile de l'accusé. L'experte évoque une "incapacité d'appeler au secours", car il ne s'avoue pas lui-même en difficulté scolaire. "C'est un signe de souffrance d'être en échec scolaire pour lui. Il y a bien une honte à dire qu'il est en difficulté. Une honte à dire qu'il est vulnérable. Le contrat narcissique n'est pas en accord avec un enfant en difficulté."

10h21 - Comment se remet-il de son "effondrement narcissique" vécu au moment de la reconstitution des faits ? "C'est des personnalités qui arrivent à trouver des ressources dans des clivages", tente d'analyser la psychologue. Lelandais abandonne ses "personnalités" lorsque cela ne fonctionne plus. Cela pourrait expliquer ses différents emplois, trouvés puis abandonnés, après quelques temps ; ou ses relations avec les femmes, très nombreuses et parfois tumultueuses

10h10 - La psychologue décrit la personnalité de Lelandais qui "s'adapte très bien à l'environnement". "C'est une personnalité pas homogène, qui réagit dans un mode tout-puissant quand il ne se sent pas bien."

Elle conclut son analyse et explique que Lelandais a vécu des "carences affectives précoces". Il s'est senti "victime de vécu d'abandon et intrusion. Il a tendance à se situer sur un mode très normatif."

Sur le plan de l'organisation de ses liens, Lelandais ne s'est pas senti dans un cadre affectif suffisamment sécurisant.

Il agit virilement et procède régulièrement "à une surenchère d'excitations", qui témoigne d'"un fort désir de tension", illustré par ses consommations de cocaïne, d'alcools et ses relations avec les femmes. Il cherche, dans cet état, à être au-delà du bien et du mal.

9h59 - Sur le meurtre de Maëlys, il lui avait expliqué avoir vu le visage d'Arthur Noyer lorsqu'il s'est tourné vers la petite fille dans la voiture. Elle poursuit son analyse et dit qu'il s'agit  d'"un élément de dissociation, un vécu de dissociation. C'est quelque chose qui n'est même pas pensable. C'est un sentiment de néant."

En l'occurrence "le visage de Noyer vient se superposer sur ce vécu de dissociation" et que "le coup va effacer une angoisse". Elle explique que chez Lelandais, il n'y a "pas un plaisir à faire souffrir l'autre."

"J'ai eu le réflexe de lui mettre un coup sur le visage, lui avait-il dit. Il est tout à fait conscient d'être dans une autre réalité."

9h50 - Lors de la reconstitution des faits, la psychologue était présente. Elle a été témoin de la réaction de Lelandais, qui revit tous les éléments de la soirée du 27 août 2017 : "Il est catastrophé par ce qu'il s'est passé. Il vit un vrai effondrement narcissique. Un monde s'effondre""Quand je le rencontre, il me dit qu'il n'a pas envie de mourir mais il a envie que tout cela s'arrête."

9h45 - Lelandais a évoqué ses différentes relations avec les femmes. Il évoque notamment "les feux de l'amour" avec une de ses compagnes, qui est revenue à plusieurs reprises dans sa vie notamment par "la manipulation et les sentiments".

"Il est toujours entre deux. Il est tiraillé", résume-t-elle sur ses relations. La psychologue explique notamment qu'il peut percevoir les femmes comme un objet. Cela a notamment été le cas lors des deux agressions sexuelles sur des petites cousines. Il avait précisé qu'elles "dormaient". "Elles dormaient donc pour lui c'était des objets."

9h40 - La psychologue évoque en longueur son parcours professionnel. Elle explique que ses différents contrats et emplois, qui se terminent souvent mal, pourraient être "des éléments de honte" : "Il ne dit pas qu'il n'y arrive pas."

9h36 - La psychologue évoque désormais la passion de Lelandais pour les chiens. Il en parle avec beaucoup "d'aisance" et se montre très intéressé par le dressage canin. Il adopte alors une nouvelle altitude, pleine d'assurance : "On l'écoute avec plaisir quand il parle de ses chiens." Il prend beaucoup de plaisir à échanger à ce sujet. Son premier chien s'appelait "Noc", explique-t-il et précise qu'en verlan cela donne "Con". Par la suite, il avait également recueilli des chiens blessés.

9h33 - Au niveau de sa scolarité, Lelandais s'est décrit comme "un bon élève". Pourtant, tous les témoins rencontrés jusque-là ont fait part d'un parcours scolaire difficile. Lelandais refuse de parler d'"échec scolaire". "Il y a un décalage réel entre ce qu'il perçoit des ses aptitudes et ses aptitudes réelles", explique la psychologue.

9h30 - La psychologue revient sur un événement de l'enfance de Lelandais. Lorsqu'il a 17 ans, le fils d'un de ses oncles, éleveur de chien, meurt. A partir de ce moment là, il y a une rupture familiale entre son père et son oncle. Les deux frères ne se parlent plus. L'accusé avait pointé cet événement lors d'une de leurs rencontres.

9h25 - Le docteur Ravit, experte psychologue, s'avance à la barre. Elle a rencontré Lelandais au cours de plusieurs séances en 2018. Leur dernière rencontre remonte à avril 2019. Elle débute son audition par un retour sur l'enfance de l'accusé.

Il avait raconté être très proche de sa mère. Moins de son père, malgré quelques sorties de pêche et de chasse. Il parlera de l'éducation porté par son père en ces termes : "Un chien on lui apprend, quand il sait faire il est récompensé, quand il échoue il est réprimandé."

9h20 - La présidente demande à Nordahl Lelandais s'il souhaite ajouter quelque chose en ce début de troisième semaine. L'accusé se lève dans son box et précise qu'il "confirme" ses aveux de vendredi dernier. Chemise blanche et jean bleu, il ne s'étend pas davantage et se rassoit.

9h15 - L'audience est reprise avec un petit quart d'heure de retard. 

8h40 - Dernière ligne droite de ces assises. Le procès de l'ancien militaire, jugé pour le meurtre de la petite Maëlys et deux agressions sexuelles sur des petites cousines, continue d'attirer beaucoup de monde en cette dernière semaine. Dès les premières heures du matin, une longue file d'attente s'est formée devant le palais de justice. L'audience doit débuter à 9 heures.  

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