Prélever des carottes dans les glaciers les plus exposés au changement climatique et les stocker en Antartique pour les scientifiques des générations futures : voilà le projet de Protecting Ice Memory. Après le Mont-Blanc et la Bolivie, direction la Russie.
Depuis 2015, une équipe de scientifiques français, italiens et russes soutenue par l'Université Grenoble Alpes travaille à une course contre la montre un peu folle. Ils essaient d'extraire des carottes de glaces des plus grands glaciers du monde avant que les neiges y fondent et ne disparaissent. Un projet baptisé Protecting Ice Memory, destiné aux scientifiques de la génération future.
Les bulles d'air emprisonnées dans cette glace enferment énormément d'informations pour le scientifique avisé. Elles constituent une sorte de mémoire des lieux et du temps que les scientifiques souhaitent préserver à tout prix. C'est là tout le projet d'Ice Memory. Les scientifiques souhaitent préserver leurs carottes glaciaires dans le plus grand réfrigirateur du monde : l'Antartique pour constituer une bibliothèque mondiale d'archives glaciaires à destination des futurs scientifiques.
Après avoir débuté leurs opérations en 2016 au Mont-Blanc, les équipes de scientifiques se sont rendues en Bolivie au printemps 2017 pour prélever deux carottes glaciaires du glacier de l’Illimani qui culmine à 6300 mètres d'altitude.
Au sommet de l'Altaï
Elles s'apprêtent à présent à s'envoler vers la Russie. Du 20 mai au 16 juin 2018, une expédition est organisée à la frontière entre le Kazakhstan et la Russie, pour prélever de la glace du glacier Belukha, la plus haute montagne de l'Altaï, qui culmine à 4 506 mètres d'altitude.
"Cette région présente un intérêt particulier pour la recherche paléoclimatique, par le caractère fortement continental de son climat et sa position à la limite entre les forêts sibériennes et les régions arides de l’Asie centrale", expliquent les scientifiques dans un communiqué.
Deux nouvelles carottes de glace, d'une longueur de 150 mètres chacune, seront prélevées lors de cette expédition qui durera une vingtaine de jours. Comme lors des expéditions précédentes, l'une des carotte sera ensuite analysée et l'autre rejoindra l'Antartique pour être intégrée à cette bibliothèque glaciaire.
Au sommet du Caucase
Une équipe se rendra par ailleurs, dans le Caucase, dans le sud de la Russie, du 10 juin au 25 juillet 2018 pour effectuer une opération de forage sur le glacier de l’Elbrouz. Il s'agit du plus grand massif volcanique européen recouvert de glace culminant à 5 642 mètres.
"La diminution de la taille du glacier s’est fortement accrue dans les dernières décennies. C’est pourquoi il est urgent de sauvegarder cette archive environnementale précieuse", précisent les équipes.
Comme dans l'Altaï, deux carottes glaciaires seront prélevées, l'une pour être étudiée, l'autre pour être envoyée en Antartique.