C'est une étude étonnante que 2 chercheurs du CNRS viennent de rendre publique. Selon eux, les messages véhiculés par les tambours d'Amazonie, et qui peuvent être entendus à plusieurs kilomètres, imitent le ton et le rythme de la parole.
Comment des phrases peuvent-elles être transformées en une séquence de percussion ? C'est la question sur laquelle se sont penchés 2 chercheurs du CNRS, l'un de Grenoble, l'autre de Lyon. Ils ont travaillé sur les tambours d'Amazonie utilisés par le peuple Bora qui vit à la frontière du Pérou et de la Colombie.
Bien sûr, il faut prêter l'oreille très attentivement. La langue du peuple Bora puis les rythmes du Manguaré, ce tambour d'origine pré-colombienne utilisé pour la transmission de messages entre communautés indigènes d'Amazonie. C'est l'exercice auquel se sont prêtés Julien Meyer, chercheur au CNRS de Grenoble et Frank Seifart, du CNRS de Lyon.
Leurs travaux sont publiés dans la revue Royal Society of Open Science ce mercredi 25 avril 2018. Selon eux, le langage des tambours "imite les tons et le rythme de la parole de la langue bora (la langue locale)".
Toujours selon les 2 chercheurs grenoblois et lyonnais, "le rythme contribue de manière cruciale à l’intelligibilité de la parole bora tambourinée : celle-ci est codée sous forme de percussions". Différents marqueurs rythmiques permettraient ainsi "de distinguer les mots alors que les durées entre les coups de tambour renseignent le nombre de consonnes et de voyelles".
Pour vous faire une idée, les 2 versions d'une même phrase, parlée puis "tambourinée" ont été mises en ligne. La phrase signifie en Français "je termine la cahuana (une boisson d'amidon de manioc)".
- La version parlée :
https://soundcloud.com/cnrs_officiel/esm3-figure3-a-manioc-spoken/s-kmqm2?in=cnrs_officiel/sets/bora/s-Y0k7T
- La version tambourinée :
https://soundcloud.com/cnrs_officiel/esm4-figure3-b-manioc-drummed/s-9ZoVn?in=cnrs_officiel/sets/bora/s-Y0k7T