C'est une institution depuis des décennies à Grenoble. L'Auberge Napoléon a changé de propriétaire en 2020 pour devenir un restaurant d'insertion professionnelle. En cuisine comme au service, ce sont des personnes en situation de handicap qui œuvrent au quotidien pour que vous vous régaliez les papilles. Reportage.
Ce jour-là, c’est Lorraine, une des serveuses qui nous accueille à l’Auberge Napoléon et elle commence par nous présenter l’équipe du jour : "Morgane, elle est au service et au bar, Léa, c’est la pâtissière de l’équipe, Jessica elle est avec moi au service et elle est barman aussi."
Un restaurant inclusif
Leur portrait, à chacune, est affiché dans le couloir de la nouvelle Auberge Napoléon. Cette insitution a été mise en vente il y a six ans par les propriétaires, après 35 ans de service. Le lieu a été racheté par l’association d’insertion Arist, quelques années plus tard. Et cette nouvelle auberge n’a plus rien à voir avec la précédente. Le décor d’abord, mais aussi le personnel. Les membres de l’association ont décidé d’en faire un lieu inclusif, sept des salariés sont en situation de handicap.
"Notre engagement, c’est que les personnes que l’on emploie soient dans la vie sociale courante. Ce restaurant est né, car les personnes étaient déjà préparées à la cuisine en interne et il a fallu aboutir un jour à ouvrir ce restaurant et à leur donner leur chance d’avoir un accès à un monde ordinaire," explique Françoise Mirabel, présidente de l’association Arist.
Olivier Anas, est le chef de cuisine, c’est un ancien éducateur spécialisé. "Je m’appuie sur leurs ressources, ils ont des différences, ils ont des capacités énormes. J’essaye d’être un chef à l’écoute, et d’être connecté avec eux pour sentir si la journée est facile, pas facile, j’essaye d’attraper chez eux ce qui est d’intérêt pour la cuisine, pour les faire progresser ensuite. Et je ne peux pas le cacher, ils ont beaucoup d’intérêt pour ce qu’ils font."
Sortir des structures d'accueil classiques
Ce travail est l’occasion pour les jeunes embauchés de sortir des structures d’accueil classiques et d'apprivoiser la relation à l'autre. "Moi ce que j’aime, c’est d’être entourée des clients, ils m’apprécient et ça me prouve que l’on est capable de travailler en milieu ordinaire," nous dit Jessica.
"J’adore la relation avec les clients, je parle avec les clients, les servir, j’aime bien. C’est un restaurant familial ici, on s’entend bien avec les clients et le personnel", raconte Lorraine.
Un premier pas pour ces salariés dans le monde de la restauration et du service, mais l’ambition de l’association ne s’arrête pas là, "Nous aimerions qu’ils puissent travailler dans un restaurant qui ne soit pas un restaurant d’insertion", confie Françoise Mirabel.
Pour l’instant, vous pouvez retrouver Lorraine, Morgane et toute l’équipe du Napoléon, du lundi au vendredi midi rue Montorge à Grenoble.