Un professeur de Sciences Po Grenoble sort un livre sur l'histoire du RIC, le "référendum d'initiative citoyenne" réclamé par les Gilets Jaunes. Le RIC existe déjà dans 36 pays de par le monde.
Depuis plusieurs années déjà, c'est-à-dire bien avant les Gilets Jaunes, Raul Magni-Berton, professeur à Sciences Po Grenoble, travaille sur le RIC, le fameux référendum d'initiative citoyenne, appliqué de différentes manières dans 36 pays.
Le RIC permet aux simples citoyens de proposer une nouvelle loi, ou de remettre en cause une ancienne loi, sous la forme d'un "référendum populaire".
Les résultats de par le monde sont très inégaux, mais pour cet enseignant et ses collaborateurs, le RIC doit être mis en place en France.
A les croire, ce RIC serait né dès le XIIIème siècle. Et mis en place institutionnellement aux USA et en Suisse depuis le XIXème siècle.
"On a cent ans d'expérience pour l'évaluer" explique Raul Magni-Berton, qui ajoute : "on a fait le tour de ces pratiques dans le monde entier, y compris là où ça ne marche pas".
Pour un RIC optimal
A la lumière de cette étude historique comparative, le professeur propose d'appliquer le RIC dans notre pays sous sa forme optimale, c'est-à-dire la plus audacieuse.
"Il ne faut pas le restreindre à certains sujets, sinon ça ne marchera pas" affirme Raul Magni-Berton.
Les citoyens devraient donc pouvoir se prononcer sur les questions constitutionnelles, y compris donc sur nos "droits fondamentaux".
C'est la forme ultime du RIC, plutôt controversée...
Le RIC, un jeu dangereux ?
Pour d'autres chercheurs, comme le politologue Olivier Rouquan, interrogé par Le Monde, l'enjeu du RIC est surtout de réconcilier le peuple et ses représentants. Le RIC serait-il une "fausse bonne idée" ? Parviendra-t-il à combler le fossé entre la classe politique et les citoyens ?
Là est toute la question, dans nos démocraties qui semblent à bout de souffle, de plus en plus otages du populisme.
Pour Denys de Béchillon, responsable du Comité scientifique du think tank Le Club des Juristes, agrégé de droit public et professeur des universités à la faculté de droit de Pau, le RIC est "d'abord un produit de substitution imaginaire à l'impuissance générale de la classe politique".
Interrogé par la Revue des deux-Mondes, ce juriste estime que le RIC présente un risque pour nos principes de droit.
Il pourrait permettre de "de franches violations de nos droits fondamentaux, voire une révision sauvage de notre Constitution. La réalité, c’est aussi ce genre de choses : le fait que les citoyens peuvent vouloir, a fortiori dans l’excitation ou la peur, des choses terrifiantes pour le destin de notre pays. Comme disait Sénèque, « le pire se reconnaît à la foule qui le suit »."
Un chercheur engagé
Ce à quoi Raul Magni-Berton, auteur du RIC expliqué à tous rétorque : "les seuls qui perdent des droits avec le RIC, ce sont les parlementaires et le Gouvernement. Les seuls qui aujourd'hui en France peuvent lancer un projet de loi".
Le livre du grenoblois sera présenté en librairie à partir du 19 avril. Et le visage de son auteur bientôt sur les affiches. Des candidats aux élections européennes. Raul Magni-Berton a monté une liste sans étiquette.