Ils sont montés à Paris hier et ont été reçus à Bercy ce matin. La délégation de salariés de la branche hydraulique de General Electric à Grenoble espèrait être entendue mais elle ressort déçue de son entrevue. Ils ont déposé un référé auprès du Conseil d'Etat.
La veille ils avaient manifesté devant l'Assemblée nationale puis devant le Sénat à l'occasion de l'audition du PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, par les commissions des affaires économiques des deux chambres.
Ce jeudi matin quatre personnes de l'Intersyndicale ont eu une entrevue à Bercy. Les syndicats étaient déjà très déçus de ne pas être directement reçus par Bruno Lemaire en personne comme on le leur avait annoncé au départ, mais par son directeur de cabinet... Ils sont en outre ressortis dépités par ce rendez-vous.
"L'Etat ne prend aucune responsabilité" souligne Nadine Boux (porte-parole de l'Intersyndicale GE Hydro/Altom), "il nous dit simplement qu'il va veiller au respect des accords, notamment le millier d'emplois créés..."
"Mais GE se fiche de respecter ces accords", poursuit-elle, "l'amende est de 50.000 dollars par poste non créé, et quand on voit que le PDG est parti avec 112 millions de dollars..."
Dans le même temps, les salariés ont déposé un référé auprès du Conseil d'Etat. Il demande à l'Etat de communiquer sur ses prises de position et ses décisions en matière d'emplois, d'environnement et d'énergie, et de rendre des comptes dans le cadre du rachat de l’industriel français par Siemens.
"Lorsqu'on demande des explications, on n'arrête pas d'invoquer le secret d'affaires" ajoute Nadine Boux, "nous souhaitons plus de transparence".
Si le Conseil d'Etat valide le référé, le gouvernement devra répondre avant le 17 octobre. Une première dans le monde des affaires.
Un référé qui porte le doux nom de "Liberté"... Et une nouvelle bataille qui s'engage, sur le terrain administratif cette fois.
La situation de GE/Alstom Grenoble évoquée à l'Assemblée nationale
Mercredi à l'Assemblée, la député PS de l'Isère Marie-Noëlle Battistel avait interpellé le gouvernement sur la situation de GE Hydro/Alstom à Grenoble.
La restructuration des activités hydroélectriques de GE Hydro/Alstom à Grenoble n'est "pas conforme aux engagements pris" par le groupe, a déclaré le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Christophe Castaner.
"Le gouvernement suit la situation de très près", a-t-il ajouté. Le dossier de GE Hydro/Alstom est "un sujet de préoccupation (...) non pas locale, mais nationale pour notre économie".
"C'est nécessaire parce que (...) la situation de restructuration des activités hydroélectriques de ce groupe n'est à la fois pas conforme aux engagements pris, mais pas conforme non plus par rapport au projet industriel qui doit être le nôtre", a affirmé le porte-parole du gouvernement.
Le "vrai sujet", a-t-il estimé, "ce sont les conditions du plan social que General Electric mène à Grenoble et au-delà, les conditions dans lesquelles le PSE doit être négocié".
"Le gouvernement sera extrêmement attentif à ce que General Electric respecte tous ses engagements, et notamment la création nette de 1.000 emplois", a poursuivi Christophe Castaner, qui a mentionné des projets à Belfort dans l'impression 3D et à Cherbourg dans l'éolien.
"Mais il faut accélérer", a-t-il affirmé, en soulignant que "le gouvernement a une arme pour cela: c'est la pénalité de 50.000 euros par emploi manquant que nous actionnerons pour faire en sorte que General Electric respecte les engagements qu'il a donnés".
Le plan social envisagé à Grenoble porte sur 345 des 800 postes du site qui fabrique des turbines hydroélectriques. Les salariés sont en grève et bloquent leur usine depuis une semaine.