Les militants de l'association L214 ont démarché des passants à Grenoble ce samedi pour leur faire signer un appel contre l'élevage intensif. Une action qui relance le débat sur les méthodes d'élevage et d'abattage en France.
"Pour en finir avec l'élevage intensif" : c'est ce slogan qu'ont affiché des bénévoles de l'association L214 ce samedi 28 septembre pour dénoncer les souffrances infligées aux animaux. Au coeur de Grenoble, place Félix Poulat, ils ont proposé aux passants de signer un Appel contre l'élevage intensif. Dans ce texte, l'association qui défend le droit des animaux dénonce les mutilations, la déformation des corps par la génétique, des vies enfermées avec des densités poussées au maximum."Aujourd'hui, 80% des animaux sont dans des élevages intensifs donc c'est contre ça qu'on lutte, pour que les animaux puissent au moins avoir accès au plein air, qu'ils soient moins utilisés et maltraités", résume Coralie Mariani, membre de L214.
Une nouvelle action qui relance le débat sur l'élevage des animaux en France. L'association demande "un plan concret de sortie de l’élevage intensif" avec un "accompagnement des personnes qui en dépendent vers des productions alternatives". Pour autant, elle prône aussi un mode de vie vegan, consistant à ne consommer aucun produit issu des animaux ou de leur exploitation.
"Quand la faim ne justifie plus les moyens". Notre cri d’alarme pour réveiller les consciences sur les horreurs que l'être humain fait subir aux animaux et leurs conséquences dramatiques, notamment pour l’environnement et la santé. #VendrediLecture
— L214 éthique & animaux (@L214) September 6, 2019
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Points de vue divergents
"Quand on choisit de devenir vegan, on exclut, autant que possible, toute activité faisant souffrir les animaux", écrit L14 sur son site. Un point de vue que ne partagent pas certains professionnels de l'élevage en Isère, revendiquant des méthodes respectueuses des animaux. Aux Abrets, près du lac de Paladru, le boucher René Jean élève ses propres bêtes depuis toujours. Jusqu'en novembre, elles vivent dehors. Et pendant les quatre mois d'hiver, plus de la moitié du troupeau reste libre d'aller et venir.
"Je laisse la porte de la grange ouverte, les bêtes ont à manger à l'intérieur et si elles veulent, les jours où il fait beau, elles vont se promener dans le pré", montre le boucher-éleveur. Selon la saison, il élève entre 50 et 80 charolaises en agriculture raisonnée. Pour lui, la qualité de la viande dépend du bien-être de l'animal, c'est pourquoi il prône un mode d'élevage où les animaux ne sont pas stressés. René Jean aime prendre son temps.
"Si vous faites courir les bêtes dans tous les sens, au bout d'un moment, vous n'en faites plus rien. Mais quand on arrive à les amadouer, on les appelle et elles arrivent en courant. Quand on emmène une bête à l'abattoir, si on le fait dans de mauvaises conditions, la bête est énervée et ça a tendance à rendre la viande ferreuse. Pour le bien-être de tout le monde, il ne faut pas être pressé d'être riche, plaisante-t-il. Quand on prend le temps de faire les choses bien, les résultats sont aussi bons."
Alors, peut-on respecter les animaux qu'on élève pour les manger ? René Jean en est persuadé. Entre militants et professionnels de l'élevage, il arrive d'ailleurs que les points de vue convergent. Pierre-Etienne Rault, un autre éleveur Isérois, a signé l'appel contre l'élevage intensif de l'association L214. Il expose sont point de vue dans son livre "Végano sceptique : regard d'un éleveur sur l'utopie vegane".