Soupçons de versements illicites à Grenoble : "Défendez-vous monsieur le maire", Éric Piolle sous le feu des critiques au conseil municipal

Les élus de la ville de Grenoble se sont réunis lors d'un conseil municipal mouvementé, précédé par une manifestation devant l'hôtel de ville ce lundi. Éric Piolle, soupçonné d'avoir organisé un système de versements illicites en faveur de son ex-première adjointe, Elisa Martin, a été interpellé à de multiples reprises sur cette affaire.

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"Rendez l'argent, rendez l'argent !" Devant l'hôtel de ville de Grenoble, ils étaient une petite trentaine tout au plus autour d'Émilie Chalas, lundi 24 juin. La conseillère municipale d'opposition Renaissance l'assure : cette manifestation devant l'hôtel de Ville autour de l'affaire Piolle-Martin concerne Grenoble et non une échéance électorale pourtant toute proche.

Depuis le 5 juin, l’édile, son ex-première adjointe Elisa Martin et un ancien conseiller spécial du maire sont visés par une enquête pour “concussion” et “recel de délit”, ouverte par le parquet de Grenoble. Eric Piolle aurait augmenté le salaire de son conseiller spécial, passant de 3 000 à 3 600 euros net par mois, en janvier 2016. En échange, l’écologiste lui aurait demandé de "(rétrocéder) 400 euros en cash tous les mois à Elisa Martin", révélait Le Canard Enchaîné, début juin.

"Je demande des comptes"

"Je n'ai pas choisi la sortie de l'article du Canard Enchaîné, je n'étais pas au courant des faits, je n'ai pas choisi la dissolution, je n'ai pas choisi la date du conseil municipal, a justifié Émilie Chalas. Les choses sont très claires : on demande des comptes à tous les protagonistes. C'est en tant que conseillère municipale, en tant que Grenobloise, que je demande des comptes."

Émilie Chalas brigue à nouveau la 3ᵉ circonscription de l'Isère face à la députée sortante Elisa Martin (LFI). Au centre comme à gauche, la candidature de cette dernière, soutenue par le Nouveau Front populaire, pose question.

"On est aujourd'hui dans un cas tout à fait particulier dans ces législatives : le Rassemblement national est aux portes du pouvoir, avance Pascal Clouaire (Grenoble Démocratie Ecologie et Solidarité). Il aurait été plus sage que madame Martin se retire pour clarifier la position du Nouveau Front populaire."

"Élisa Martin, qu'elle affirme les choses, qu'elle dise tout simplement si c'est vrai ou si c'est faux. Ça met un véritable doute sur la gauche et ça, ce n'est pas possible ici à Grenoble, regrette Maxence Alloto (Place Publique). On aurait préféré avoir une autre candidature et ne pas avoir ce type de rassemblement aujourd'hui." Élisa Martin, comme l'ensemble de ses collègues de la majorité municipale, préfèrent garder le silence et s'en remettent à la justice.

"Madame, vous serez face à vos choix"

Une fois n’est pas coutume, le conseil municipal de Grenoble, qui a suivi la manifestation, était très mouvementé, lundi 24 juin. Le maire écologiste Éric Piolle a été pris pour cible par les élus de l’opposition dès l’ouverture de la séance. "Ce dont vous êtes accusé est minable et dégueulasse, a lancé d'emblée Émilie Chalas (Nouveau regard). Alors que vous affichiez le non-cumul des mandats, vous continuiez à percevoir du fric au black. Impensable, dans un monde politique qui exige de la rigueur et de la transparence. Défendez-vous madame, défendez-vous monsieur le maire !"

“La teneur des propos sera scrutée”, a prévenu Éric Piolle, conservant sa ligne de conduite. “Nous gardons la tête froide, nous mesurons les raisons qui peuvent être derrière ces attaques. Il n’est ni justifié ni opportun de monter sur ce ring médiatique. [...] La justice est saisie et permettra de faire la lumière sur cette affaire.” Et s’adressant à Émilie Chalas : “Madame, vous serez face à vos choix, face à la prise de parole que vous venez de faire.”

Tour à tour, les groupes d'opposition ont exprimé leur colère. Dominique Spini-Alim (société civile, divers droite et centre) s’est dite “écœurée” par "vos discours larmoyants, la main sur le cœur et l’autre sur le portefeuille". "C'est qu'on ne se mouche pas du pied à la mairie, a ajouté Anne Chatelain-Roche (sans étiquette). Je ne sais pas si vous réalisez le salaire net mensuel d'une infirmière en fin de carrière. Je vous laisse regarder, ça vous intéressera."

La "mise en retrait" d'Eric Piolle demandée

“Vous avez incarné, en 2014, une certaine dynamique. Vous êtes devenu le naufrageur de vos propres idées”, a poursuivi Alain Carignon (société civile, divers droite et centre). L'ancien maire de Grenoble (1983-1995), condamné pour corruption en 1995, a exigé la “mise en retrait” de l’édile, estimant qu’elle était “indispensable au bon fonctionnement de la ville”. “Votre maintien serait politiquement et administrativement inacceptable. J'appelle donc à organiser cette transition nécessaire.”

Exclu de la majorité l'an passé après avoir protesté contre la hausse de la taxe foncière, Maxence Alloto a expliqué que le conseil municipal "aurait aimé avoir un démenti" et une attaque "pour diffamation". "Ce n'était pas compliqué, on ne demandait pas des polémiques."

"Vivez votre moment de gloire, profitez-en", a laconiquement répondu le maire de Grenoble face aux critiques. Le conseiller municipal de la majorité Nicolas Beron-Perez a lui dénoncé un “faux happening de personnes de gauche pour personnes de droite”.

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