Soupçons de versements illicites à la mairie de Grenoble : "Consternant et très grave", "affaire sordide"... L'opposition réagit

L'opposition municipale réclame de la "transparence" après des révélations, mercredi, sur des soupçons de versements illicites à la mairie de Grenoble. Une enquête a été ouverte par le parquet. Elle vise Eric Piolle, son ex-première adjointe Elisa Martin et un ancien conseiller du maire.

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Les élus d'opposition au conseil municipal demandent des comptes après les révélations du Canard Enchaîné mercredi 5 juin sur de possibles versements illicites à la mairie de Grenoble.

Le maire écologiste Eric Piolle aurait demandé à l'un de ses plus proches conseillers, après lui avoir attribué une hausse de salaire de 600 euros, d'en rétrocéder 400 par mois à l'ancienne première adjointe Élisa Martin. Celle-ci, aujourd'hui députée LFI de l'Isère, aurait perçu un total de 16 800 euros en liquide, non déclarés au fisc, selon l'hebdomadaire.

Cet arrangement aurait visé à compenser la fin du mandat de conseillère régionale d'Élisa Martin, et la baisse d'un quart des indemnités des élus municipaux. Le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant, a fait savoir ce mercredi qu'une enquête visant les trois protagonistes était ouverte pour "concussion" et "recel de ce délit".

"Ce n'est pas une erreur, ce n'est pas une incompétence"

"C'est avec stupéfaction que nous avons pris connaissance des faits révélés par Le Canard Enchaîné", écrivent dans un communiqué les élus du groupe Nouvel air, socialistes et apparentés (Nasa), qui demande à Eric Piolle "de faire la lumière sur cette affaire" en fournissant "des explications rapides et claires" au conseil municipal.

"Quelles que soient les éventuelles suites judiciaires (...), ces faits ne pourraient qu’alimenter la défiance des citoyens vis-à-vis de leurs élus et accroître leurs interrogations quant à leur probité. En démocratie, l’utilisation de l’argent public – issu des impôts des Grenobloises et des Grenoblois – ne saurait souffrir du moindre soupçon", déclarent ces mêmes élus.

"On attend, si les faits sont avérés, qu'il y ait une sanction contre les personnes concernées. Le mot est dur mais on ne peut pas laisser passer ça. Ce n'est pas une erreur, ce n'est pas une incompétence, c'est quelque chose qui a été calculé pour tromper les gens", complète au micro de France 3 Alpes Cécile Cénatiempo, cheffe de file de l'opposition PS.

"Système de rétrocommission"

Alain Carignon, ancien maire de Grenoble, aujourd'hui conseiller municipal et co-président du groupe d'opposition Société civile, divers droite et centre, demande à Eric Piolle de "tirer les conséquences de ces révélations". "Ces faits révélés par l’un de vos plus proches collaborateurs sont d’une exceptionnelle gravité", écrit-il dans un courrier adressé à l'édile, ajoutant que son groupe "va étudier les suites judiciaires à donner à cette nouvelle affaire".

"Eric Piolle a vendu aux Grenoblois qu'il baissait les indemnités des élus et, en parallèle, il mettait en place un système de rétrocommission avec ses collaborateurs pour payer ces mêmes élus", estime M. Carignon, interrogé par France 3 Alpes.

"Eric Piolle avait signé la charte Anticor qui lui imposait de démissionner après une condamnation. Il a été condamné pour favoritisme [dans l'affaire de la Fête des Tuiles, NDLR], ce qui est attentatoire à la probité selon le Code pénal. Il n'a pas démissionné. Aujourd'hui, il y a une affaire sordide de rétrocommission du personnel aux élus. Il faut que la majorité et lui-même, en responsabilité, en tirent les conséquences", ajoute l'ancien maire, lui-même condamné pour corruption en 1996.

"Consternant et très grave"

L'ex-députée Renaissance de l'Isère Emilie Chalas réclame, pour sa part, de la "transparence" dans ce dossier. "Que et quand vont répondre Eric Piolle et Elisa Martin à cette accusation très grave ? J'ai envie de les entendre, comme tous les Grenoblois. Si les faits sont arrivés, c'est consternant et c'est très grave", estime la conseillère municipale d'opposition, se questionnant sur les sommes en jeu.

Si c'est ça, le monde de Piolle ne vaut pas mieux que celui de Carignon, à une autre échelle, mais dont Grenoble a souffert dans les années 1990.

Emilie Chalas, conseillère municipale d'opposition

"Autant de risques pour 400 euros par mois... Elisa Martin en était-elle vraiment à 400 euros par mois ? (...) Tout cela me paraît surréaliste et digne d'un scénario de série B ou du Baron noir. On ne peut pas croire qu'à Grenoble, il se passe ça", s'étonne l'élue.

"Si les faits sont avérés, ajoute-t-elle, l'intention était là, la malversation est réelle. C'est dégueulasse. Si c'est ça, le monde de Piolle ne vaut pas mieux que celui de Carignon, à une autre échelle, mais dont Grenoble a souffert dans les années 1990."

Contactée par France 3 Alpes, Elisa Martin a fait savoir qu'elle ne souhaitait pas s'exprimer pour le moment et qu'elle allait prendre contact avec un avocat. La mairie de Grenoble n'a pas encore donné suite à nos sollicitations.

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