INFO FRANCE 3. Alors qu’un suspect a été placé en garde à vue, ce vendredi 5 avril, dans l’affaire dite du "violeur à la trottinette", une jeune femme affirme avoir été victime du même agresseur il y a près de deux ans, en juillet 2022. Cette dernière avait à l’époque porté plainte contre X pour agression sexuelle.
Depuis quand "le violeur à la trottinette" sévit-il dans l'agglomération de Grenoble ?
Alors qu'un homme de 22 ans a été placé en garde à vue ce vendredi 5 avril, soupçonné d'une série de viols et d’agressions sexuelles commis ces derniers mois, un nouveau témoignage laisse penser qu'il pourrait déjà avoir été l'auteur d'une agression sexuelle, il y a près de deux ans dans les rues de Grenoble.
Elodie* a 24 ans. C’est après avoir lu les témoignages de deux victimes présumées du "violeur à la trottinette" de Grenoble, fin 2023 et début 2024, qu’elle a décidé de témoigner, à son tour, auprès de France 3 Alpes. "Ce que j’ai vécu en 2022 colle mot pour mot avec ce que ces femmes décrivent" souffle l’Iséroise, convaincue d’avoir eu à faire face au même agresseur.
"Il m'a attrapée par les fesses"
Le 1er juillet 2022, Elodie, se rend au travail, seule et à pied, aux alentours de 4h30. Lorsqu’elle arrive près du quartier Saint-Bruno, à Grenoble, la jeune femme raconte : "Un homme est arrivé derrière moi en trottinette électrique, m’a attrapé les fesses avec ses deux mains, m’a poussée contre le mur et a mis une main sur l’un de mes seins avant de repartir".
A ce moment précis, impossible pour elle dans la pénombre, d’identifier l’homme "vêtu de noir avec une capuche et un masque en tissu. Je n’ai pas vu ses cheveux mais il avait la peau blanche et les yeux marron".
En état de choc, Elodie poursuit son chemin, boulevard Foch. "A ce moment-là, je regardais partout autour de moi pour tenter de le repérer" confie-t-elle.
C’est au niveau de la rue de Chamrousse que la jeune femme rencontrera à nouveau son agresseur : "Il m’a attrapée par les fesses mais de façon plus violente avant de s’enfuir. Il faisait des allers-retours dans la rue, partait puis revenait vers moi" raconte l’Iséroise, seule, en pleine rue et complétement paniquée, tentant de se protéger derrière les voitures en stationnement.
"Je l’ai vu s’arrêter et je me suis sentie prise au piège alors j’ai couru en direction de mon travail. Il m’a poursuivie et il était tout près de moi, à quelques centimètres seulement" se remémore Elodie.
Lorsqu’il a aperçu la jeune femme rejoindre l’une de ses collègues, l’homme a ensuite effectué un demi-tour. "Si ma collègue n’avait pas été là, je n’ose pas imaginer la suite."
Une plainte contre X pour agression sexuelle
Convaincue par son supérieur hiérarchique, Elodie a déposé une plainte contre X pour agression sexuelle quelques heures après les faits, à Grenoble. Depuis le dépôt de plainte - que nous avons pu consulter, la jeune femme dit n’avoir reçu aucune nouvelle concernant les suites données à l'enquête.
Deux ans plus tard, Elodie découvre dans les médias l’existence du "violeur à la trottinette" qui sévit dans l’agglomération de Grenoble. Après avoir été activement recherché par les forces de l’ordre pendant plusieurs semaines, un homme de 22 ans a été placé en garde à vue. Selon le procureur de la République, "une expertise ADN permet de lui imputer de façon certaine l’un des viols et l'enquête se poursuit sur les autres faits".
"C’est la même personne"
Le suspect, était décrit, le 26 mars dernier par le procureur de la République, comme étant "un homme de 20 ans, de type européen, sans accent, d’environ 1m70 et de corpulence normale voire légèrement replet, yeux marron, teint pâle et cheveux plutôt roux" qui "repère ses victimes et les suit avant de les agresser". Les témoignages diffusés ont également permis à la jeune femme de conclure de façon formelle qu'il s'agit de son agresseur.
"J'en suis sûre et certaine, c'est la même personne. Cela m’énerve parce que j'ai porté plainte il y a deux ans" souffle la jeune femme, certaine d’avoir échappé au pire.
"Mon témoignage colle mot pour mot avec ce que les femmes décrivent aujourd'hui" poursuit la jeune femme, "je ne sais même pas s’ils (les enquêteurs, NDLR) ont fait le rapprochement. Je suis allée porter plainte en me disant que mon témoignage allait peut-être éviter à d’autres femmes de vivre ce que j’ai vécu. Je voulais avertir pour que ça n’arrive à personne d’autre".
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Parler pour convaincre d'autres victimes potentielles
Depuis les faits, Elodie confie : "Dès que je suis dehors, seule le soir et qu’il fait nuit, je ne suis pas loin de la crise d’angoisse. Dès qu’un vélo ou une trottinette passe près de moi, j’ai peur".
Si elle a décidé de parler ce 6 avril 2024, deux ans après son dépôt de plainte pour agression sexuelle, c’est parce qu’elle aimerait "que les femmes qui ont vécu des choses similaires témoignent également". "Deux ans c’est énorme et en 2022, ce n’était peut-être pas sa première fois. Il a peut-être fait un nombre incalculable de victimes" conclut la jeune femme.
*Le prénom a été modifié