TEMOIGNAGE. Maud Carretta, éborgnée dans une manifestation à Grenoble : "tous les matins ça reste difficile"

Un procès pour se reconstruire. Ce lundi 8 octobre 2018, 4 policiers sont jugés à Lyon après la manifestation au cours de laquelle Maud Carretta avait perdu un oeil. 11 ans après les faits, la jeune femme attend de la justice qu'elle la reconnaisse enfin comme victime.

4 policiers grenoblois comparaissent ce lundi 8 octobre 2018 devant le tribunal correctionnel de Lyon dans le cade de l'affaire Maud Carretta. En 2007, alors étudiante en médecine, la jeune femme avait perdu un oeil en marge d'une manifestation à Grenoble. Elle réclame depuis à la justice d'être reconnue comme victime.

Quelques jours avant le procès, l'une de nos équipes l'a rencontrée à Annecy où elle exerce désormais en tant que psychiatre. Elle livre un témoignage digne et touchant.

Le 16 mai 2007, c'est un éclat de grenade de désencerclement qui lui a coûté son oeil gauche : "Je me rends compte directement que j'ai énormément de sang" se souvient Maud Carretta. "Je me souviens très bien avoir appelé mes parents pour les informer. Mon père m'a dit "et ton oeil" ? Je lui ai dit : je vois pas".

Gravement blessée, Maud restera 15 jours à l'hôpital avant que la sentence ne tombe : "on m'a dit et bien voilà, vous ne verrez plus avec cet oeil" !

Commence alors un très long parcours. Médical tout d'abord avec pas moins de 10 opérations chirurgicales. Judiciaire ensuite pour tenter de faire reconnaître la responsabilité des policiers.

Selon son avocat, Maître Gerbi, en lançant cette grenade, les policiers ont commis une faute. D'abord parce qu'il n'ont fait aucune sommation. Et puis parce que l'emploi d'une grenade de désencerclement ne se justifiait pas au regard de la situation, toujours selon son avocat.

Les défenseurs des policiers affirment que leurs clients ont respecté le règlement et qu'il s'agit d'un accident.

Maud Carretta, elle, attend beaucoup de ce procès. Elle espère que la justice la reconnaîtra enfin comme victime : "Tous les matins, en me regardant, ça reste difficile" explique la jeune femme. "Dans le chemin de l'acceptation, la reconnaissance sera importante". Et de conclure : "J'ai perdu mon oeil, j'ai perdu le goût et l'odorat, ça devient ma bataille, mon combat".
 

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