Témoignages. "On craint pour nos vies" : l'évacuation du Carrare se poursuit à Échirolles, les résidents inquiets pour l'avenir

Publié le Écrit par Joane Mériot et Juliette Pommier
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Au lendemain de l'annonce de l'évacuation de l'immeuble Le Carrare, à Échirolles, la police municipale s'assure que tous les résidents quittent les lieux. Face à l'insécurité générée par le trafic de drogue, certains envisagent même de ne pas regagner leur logement une fois les travaux de sécurisation terminés.

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Opération de surveillance, ce mercredi 25 septembre, aux abords de l’immeuble le Carrare à Échirolles (Isère). Une équipe de police municipale contrôle le site avec un objectif : faire disparaître définitivement le point de deal.

"Il est hors de question qu’on cède. La police municipale d’Échirolles, nos partenaires de la police nationale, la préfecture et la maire d’Échirolles, on est tous déterminés à aller au bout de l’action, tonne Gilles Bonaventura, responsable de la police municipale à Échirolles. Et on sera intransigeants envers quiconque tentera de s'introduire dans cet immeuble, à partir du moment où il sera hermétique."

"Arrivé à une certaine heure, on n'ose plus sortir"

À partir de vendredi matin, plus personne ne pourra entrer ni sortir de l’immeuble. À l’intérieur, les policiers vérifient que les derniers logements sont libres de tout occupant. “Bonjour monsieur, je viens vous voir concernant l’arrêté de mise en sécurité qui est paru hier, vous avez été informé ?”, s'enquiert Gilles Bonaventura.

Certains résidents sont encore là et témoignent d’un quotidien au Carrare devenu invivable ces dernières semaines. "Bien sûr, c’est dangereux, déplore un habitant vivant dans la résidence depuis cinq mois, qui a souhaité rester anonyme. J’ai entendu du bruit, des gens qui se tirent dessus et on voit du sang par terre."

"Arrivé à une certaine heure, on n'ose plus sortir. Pour certaines personnes, ce n'est plus vivable. On craint pour nos vies, pour la vie des autres, mais aussi des passants. Il y a eu quelques tirs cet été, une balle perdue c’est vite fait, avance un autre résident, qui vit ici depuis trois ans, rencontré entre deux étages. On arrive à un point où c'est nous qui devons partir, ce n'est pas normal."

Ce locataire ne pense pas revenir dans son logement après la phase de travaux. "C’est devenu trop dangereux, il y a un coin de deal à droite et à gauche... Je pense que d’ici la fin de l’année, les travaux ne seront pas finis. Si je pars d’ici, je reviendrai sur Échirolles, mais pas ici, ça dégénère trop. Trop de laisser aller."

"Personne ne sera à la rue vendredi"

Pour l’instant, une quinzaine d’habitants sur les 80 logements ont été accueillis par la mairie. D’autres, très inquiets pour leur avenir, craignent de quitter leur appartement. Devant l'hôtel de ville d'Échirolles, ce mercredi matin, plusieurs résidents du Carrare ont interpellé la maire de la commune, Amandine Demore (PCF), sur leur situation.

“En 72 heures, je n'arrive même pas à respirer ! Je viens d’arriver de l’étranger, je rentre avec ma valise, je trouve la police. Comment je peux faire ?, questionne un habitant encore sous le choc de la publication des arrêtés. Je ne dors pas dehors ni dans un logement de dépannage. Au bout d’un mois, je peux être dehors. Je tremble."

"Bien sûr qu'il y a eu de l'inquiétude hier lors de la remise de l'arrêté par les agents et agentes de la commune. On a tout de suite proposé un accompagnement social, mené par notre centre communal d'action sociale, avance Amandine Demore. Tous les locataires ont été rencontrés en grande partie hier après-midi et ça continue un peu ce matin. Personne ne sera à la rue vendredi."

À partir de ce vendredi 27 septembre, les propriétaires auront trois semaines pour effectuer les travaux de mise en sécurité.

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