Le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures, ce lundi 27 décembre, pour faire face à la flambée des cas de Covid-19 en France. Pour Olivier Epaulard, chef du service infectiologie du CHU Grenoble-Alpes, les nouvelles consignes sont adaptées à cette cinquième vague.
Un télétravail renforcé, des consignes sanitaires plus importantes dans les bars et restaurants, les boîtes de nuit fermées trois semaines de plus... Le gouvernement a annoncé des mesures supplémentaires, ce lundi 27 décembre, pour faire face à la cinquième vague du Covid-19.
Certains professionnels, notamment dans la restauration, redoutent des mesures trop contraignantes, en pleine période touristique. Pour d'autres, le gouvernement n'a pas assez durci le ton. Selon Olivier Epaulard, spécialiste des maladies infectieuses au CHU Grenoble-Alpes, ces nouvelles consignes seraient adaptées à la situation.
"Les dernières mesures du gouvernement suscitent l'inquiétude de certains professionnels. Elles provoquent de la colère parmi certains professionnels de santé, qui les jugent insuffisantes. Comment les jugez-vous ?
Je pense que le gouvernement a essayé de prendre une position de compromis. À la fois parce que l'on voit le nombre de cas qui augmente, mais aussi parce que nous sommes dans une situation complètement différente de celle d'il y a un an et demi auparavant, au printemps 2020. Il n'y avait pas ou peu de gens vaccinés. Le seul moyen que l'on avait pour freiner l'épidémie était le confinement.
Là nous avons la vaccination. Nous avons plus de 90 % de la population adulte, qui est vaccinée. Nous avons une efficacité très importante de cette vaccination. Je peux rappeler des choses qui sont connues de tout le monde, mais en réanimation, 85 à 90 % des personnes ne sont pas vaccinées.
C'est le cas au CHU de Grenoble ?
Oui, c'est par exemple le cas au centre hospitalier de Grenoble.
Et quand on prend les personnes vaccinées et en réanimation, ce sont des cas dont l'immunité est fragilisée. Par exemple, parce qu'ils ont une greffe. Ils réagissent moins bien au vaccin. Nous ne sommes pas non plus dans l'échec d'un vaccin.
Le gouvernement a opté pour un chemin médian. Je comprends que ça se discute des deux côtés.
Olivier Epaulard, chef du service infectiologie au CHU Grenoble-Alpes.
Le gouvernement devait donc choisir entre un confinement et des mesures strictes ou pas de mesures du tout. Il a opté pour un chemin médian. Je comprends que ça se discute des deux côtés.
Pour vous, ces mesures répondent à l'urgence sanitaire ?
Avec les chiffres actuels sur les hospitalisations, oui. Je pense que le gouvernement sait que si, par exemple, le nombre de cas hospitalisés augmente ainsi que le nombre personnes en réanimation, il faudra peut-être prendre d'autres mesures.
Si jamais des formes graves arrivaient, des mesures plus dures pourraient être prises.
Olivier Epaulard, chef du service infectiologie du CHU Grenoble-Alpes.
Il y a toujours cette grande inconnue liée à l'impact des cas Omicron. On a une incidence de cas, comme au Royaume-Uni, aux États-Unis ou comme aux Pays-Bas, jamais atteinte jusqu'à présent. Mais dans une population très bien vaccinée. Ce qui devrait ne pas causer ou peu de formes graves.
Si jamais des formes graves arrivaient, des mesures plus dures pourraient être prises. Pour le moment, ça ne m'étonne pas qu'on ne soit pas allé plus loin. Sauf peut-être pour le nombre de personnes rassemblées à l'intérieur. La jauge qui fallait mettre, ce n'est pas 2 000, mais 20. En dehors de cette jauge-là, je ne pense pas que les mesures actuelles soient ni trop fortes, ni pas assez.
Selon certaines études sud-africaines, ce variant serait moins dangereux. Est-ce vrai ?
Pour l'instant, c'est plus une espérance, que des données. La vraie question n'est pas de savoir si Omicron est plus dangereux que Delta. Mais plutôt : est-ce que les personnes vaccinées feront aussi peu de forme grave avec Omicron, qu'elles en font avec Delta ? On a de bonnes raisons de le penser avec trois doses.
Mais cela reste une incertitude. En France, cette incertitude pourrait être levée d'ici janvier."