Victime de l’inflation et de la baisse des dons, l'unique centre de soins à la faune sauvage de l'Isère est contraint d'accueillir moins d'animaux

Seul centre de soins à la faune sauvage en Isère, le Tichodrome est menacé. L’association, dépendante des dons et des subventions, n’a plus les moyens d’assurer toutes les demandes de prises en charge, et accuse un déficit de 50 000 euros. La pérennité des emplois et l'accueil des animaux est en jeu.

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"On va commencer par regarder son poignet", chuchote Laetitia en imbibant une compresse avec de la Bétadine. Penchée au-dessus d’un corbeau chouka, la responsable animalière du Tichodrome observe l’oiseau. Victime d’un choc inconnu, il présente une fracture au tibia et une plaie au niveau de l’aile.

"S’il n’y a pas de fracture au poignet compromettant sa survie, on va devoir réaliser une pose de broche, explique-t-elle. C’est un acte chirurgical, qui entraîne des frais supplémentaires et de la médication. Donc c’est un animal qui sera financièrement coûteux pour le Tichodrome".

À ces frais médicaux, il faudra sans doute rajouter des médicaments onéreux comme des antibiotiques et des anti-inflammatoires. 

Autrefois offerts par un vétérinaire parti à la retraite, ils sont désormais entièrement financés par Tichodrome, le seul centre de soins dédié à la faune sauvage en Isère. "C’est de plus en plus difficile pour nous d’assurer la charge médicamenteuse, reconnaît la soigneuse. Donc on y fait très attention, car c’est indispensable à la survie des animaux."

Un déficit prévisionnel de 50 000 euros

Plombés par les frais vétérinaires et les récents recrutements de soigneurs professionnels, la trésorerie de l’association souffre aussi de l’inflation. Par exemple, le prix des insectes, qui servent à nourrir les oiseaux, a augmenté de 43 %. "Rien qu'en juin, le budget prévisionnel dédié à la nourriture des animaux estimait une facture 600 euros. En réalité, ça nous a coûté plus de 3 000 euros avec la hausse des prix", se désole Jean-Charles Poncet, le trésorier de l’association.

Dépendante des subventions publiques et des dons, l’association est en difficulté depuis deux ans et accuse un déficit de 50 000 euros. Une cagnotte en ligne a été lancée l’année dernière pour tenter de boucler le budget, en vain. Fin juillet 2023, seul 19% du montant a été recueilli.

"Les dons ont diminué, reconnaît Mireille Lattier, la présidente de l’association. Il y a quelques années, dès qu’on faisait un appel aux dons sur les réseaux sociaux, on avait beaucoup d’aliments, de croquettes et de lait maternisé. Là, on fait moins d’appels aux dons car ça marche moins. A force de solliciter tout le temps les gens, il y a un effet d’usure".

Plus de 2000 animaux soignés chaque année

En parallèle, les appels n’ont jamais été aussi nombreux : une centaine par jour, pour 2000 animaux sauvages accueillis chaque année. Hérissons, martinets, écureuils, rapaces, rongeurs : le centre prend en charge des dizaines d’espèces de mammifères et d’oiseaux. En haute saison, vingt à trente personnes se relaient toute la journée pour les soigner et les nourrir.

Le Tichodrome a fait le choix de pérenniser six emplois, dont des soigneurs professionnels, qui ont la charge de former les bénévoles. Un choix assumé au nom du bien-être animal, mais qui représente 75% du budget de l'association. 

Alors pour éviter de creuser encore plus la trésorerie, le centre a décidé à contrecœur de réduire l’accueil de certains animaux. "On va être obligés de se rabattre sur certaines espèces protégées et de faire une sélection, regrette le trésorier. Il y a quelque chose qui ne correspond plus à ce que je pense de la sauvegarde de la faune sauvage".

Désormais, la priorité du Tichodrome est de maintenir à tout prix les emplois des soigneurs professionnels. Quitte à accueillir moins d’animaux, pour mieux les soigner.

Si vous souhaitez participer à la cagnotte en ligne du Tichodrome : www.helloasso.com/associations/le-tichodrome 

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