C'est une première : Grenoble accueille du 11 au 12 mai un tournoi de foot international pour des femmes sans-abris ou en situation de précarité, le Solid'Her. Une façon pour elles d'oublier leur quotidien difficile et de recréer du lien. À l'initiative de ce projet, l'association Soccer de rue.
Sur le terrain, toutes les joueuses sont animées par la même fougue, la même envie de s’amuser. Réunies grâce à l'association Soccer de rue, ces sportives participent au premier tournoi international de football à quatre, organisé à Grenoble (Isère) du 11 au 12 mai : le Solid'Her.
Ces femmes aux parcours de vie cabossés ont laissé leurs fêlures sur le banc de touche. "On a tous des soucis, des problèmes, à gauche à droite, mais quand on vient au foot, on oublie tout", témoigne Latifa Boutheldja, joueuse de l'équipe française. L’honneur de Grenoble, de la France, de toutes les femmes qui font des sacrifices. On joue pour tout le monde aujourd’hui."
Un défouloir, une libération
Chaque équipe, dix au total, est coachée par un éducateur ou un travailleur social. Pour ces joueuses sans-abris, victimes de violences ou d’addiction, ce tournoi est une façon de regagner confiance en elles.“C’est une grande fierté de pouvoir participer à un aussi beau projet et de pouvoir sortir du quotidien, sourit Marina, coach de l'équipe belge. C'est une belle récompense aussi pour des filles qui se battent à chaque fois."
Toutes ces femmes ont trouvé dans le football un défouloir, une libération, presque une thérapie. "Il n’y a rien d’autre dans ma tête quand je joue au football", confie une joueuse finlandaise. "Il y a quelques années, j’ai été addict. Je suis en train de me soigner. Ça me fait du bien de jouer au football", ajoute sa coéquipière.
Gagnées par la ferveur du sport, ces femmes sont liées par l’esprit d’équipe. Et chez les Mexicaines, les exercices de cohésion sont pour le moins étonnants. Installées en cercle, bras dessus, bras dessous, elles tentent de garder l'équilibre tout en sautillant sur une jambe.
Recréer du lien
"J’ai réussi à surmonter de nombreux problèmes émotionnels, des difficultés à la maison, dans ma famille, à l’école, raconte Fabiola Hernandez, joueuse de l'équipe du Mexique. Je crois que ce sport m’a happée. Il fait partie de ma vie."
"C'est souvent des femmes qui sont isolées, en plus d’être précaires, explique Meriem Naïli, co-organisatrice et fondatrice de l'association Soccer de rue. Le foot, qui est un sport d’équipe, permet de tisser du lien avec d’autres femmes et surtout de s’entraider. Il y a une grande solidarité." Au-delà de la compétition, ce tournoi permet surtout à ces joueuses de marquer des buts pour rebondir.