C'est un art martial méconnu, réputé ultra-violent, venu de Birmanie. Le "lethwei", ou boxe birmane, a ses adeptes à Grenoble. Pieds, poings, coudes, genoux et tête, tous les coups sont permis. Décryptage.
Sur le ring, les combattants se présentent sans protections, visage découvert. Seules quelques bandelettes entourent leurs poings et leurs pieds. Ils se défient par une danse avant de s'affronter. Coups de genoux, coups de coudes, pieds et poings, mais aussi coups de tête. Tout est permis ou presque. Seul le travail au sol n'est pas autorisé. En Birmanie, cette boxe s'appelle le "lethwei", un art martial ancestral, réputé le plus violent au monde, et enseigné dans la métropole grenobloise, notamment au Grenoble Université Club (GUC) Bando Kick Boxing.
"Cette boxe est victime de beaucoup de superlatifs parce que c'est une tradition très particulière en Birmanie", explique Jean-Roger Calliere, professeur de boxe birmane. "Toutes les armes du corps sont utilisées : les deux pieds, les deux coudes, les deux genoux, les deux mains et la tête, ce qui donne une boxe à l'origine un peu plus violente que les autres".
"En Birmanie, le résultat est un peu particulier. Pour gagner, il faut gagner par K.O, autrement il y a match nul", poursuit Jean-Roger Calliere.
Les combats peuvent être organisés à l'occasion du Nouvel An mais aussi de funérailles.
Une tradition ancestrale en Birmanie
"Là-bas, le public est fervent. Contrairement à la Thaïlande, il n'y a pas de paris. Ce sont les gens qui donnent pour voir. Ils donnent des primes. L'enthousiasme est augmenté par le speaker qui va crier sur chaque coup. L'orchestre accompagne le combat, et les percussions vont de plus en plus vite à mesure que l'intensité du combat augmente", raconte Jean-Roger Calliere.
En France, pas question de se passer des protections. Gants, coquille, protège-dents, protège-tibias, les pratiquants du GUC ne ménagent pas leurs coups. Les combats sont jugés aux points, et non seulement sur K.O
"Je pense que ça dégage une image de violence qui peut faire peur", estime Etienne, l'un des boxeurs grenoblois. "Quand on va sur le ring et que les K.O sont autorisés, forcément, c'est violent. Mais il y a aussi plein d'autres aspects dans cette pratique qui ne sont pas forcément violents. Ce n'est pas ce qui marque visuellement qui est forcément le plus difficile. En Birmanie, il y a un aspect culturel et un aspect matériel aussi, ce sont des gens qui gagnent leur vie, des jeunes qui nourrissent leurs familles en faisant ça. Ici, on est axé sur le plaisir. Personne n'est là pour se faire du mal, on est là pour s'amuser avant tout", dit-il.
Basée sur l'attaque permanente
Plus que tout autre art martial, le lethwei est une boxe de déplacement, et d'attaque permanente. Il faut une très bonne condition physique, une discipline du corps pour allier vitesse et force. Après avoir fait de la danse à haut niveau, Garance Lagraa a choisi de se mettre à la boxe birmane, initiée par des amis pendant le confinement.
Les coups de tête ne font pas peur à la jeune femme. "Moi, je trouve que c'est honnête parce que dans certaines boxes on n'a pas le droit de mettre la tête mais l'engagement du corps amène à ça. Alors que là, si c'est permis, on sait aussi à quoi on s'engage au moment du combat", dit-elle.
"C'est la boxe la plus violente et à la fois, il y a le côté martial. Les valeurs inculquées forcent au respect de son partenaire", continue-t-elle. Et c'est ce que Garance aime dans cet art : "la pluralité de cette boxe amène une ambiance de respect", conclut-elle.