Hasni Bekheira, coiffeur grenoblois, a lancé son association pour venir en aide aux plus démunis en leur offrant une coupe de cheveux. Un moyen de leur changer les idées, et de changer les regards.
Avec son salon éphémère sur roulettes, Hasni Bekheira écume les rues du centre-ville de Grenoble. Depuis deux ans, il coiffe bénévolement les personnes qui dorment dans la rue. Et à chaque fois qu'il pose ses valises, les clients affluent.
"Ca a bien poussé !", lance Hasni à un sans-abri qui fréquente régulièrement son salon. Sa passion pour la coiffure remonte à l'enfance, et grâce à son association Street coiff, il peut mettre son savoir-faire au profit des plus démunis, migrants ou sans-abri.
"Avant le bien-être, (le plus important) c'est l'attention, la discussion, un petit peu de taquinerie. Ca leur fait passer le temps et la coupe vient couronner le tout", estime le coiffeur bénévole. "C'est un espoir qui revient quand il n'y a plus rien", témoigne David, installé sur le fauteuil du salon éphémère.
Changer le regard sur les plus démunis
Éducateur de profession, Hasni Bekheira pratique aussi la coiffure de rue pour changer le regard sur les plus démunis. C'est d'ailleurs pour cette raison que ses enfants, ses assistants comme il dit, l'accompagnent. "La vie, parfois, si elle te met un tacle, t'as du mal à te relever et entre eux, (les sans-abri) arrivent à être solidaires. Mes enfants, ils voient cette solidarité et ça leur ouvre les yeux", ajoute le Grenoblois.
Parmi les clients d'Hasni, il y a Mehdi, 28 ans, parti de chez lui à l'âge de 16 ans pour faire la route en France et en Europe. Les deux hommes viennent de se rencontrer par hasard. "Je suis vraiment content d'être passé par là, d'avoir croisé Hasni. J'ai jamais vu ça autre part qu'ici (...) Ca redonne goût à l'humanité, tu te dis qu'il y a pas que des cons, vraiment. Il suffit de bien chercher, mais au moins il y en a", dit Mehdi.
"On prend soin d'eux, ça ils le sentent, ils le reconnaissent par les yeux qui brillent, par le sourire, ce que je prends pour paye", ajoute le coiffeur qui n'a qu'un seul regret : toujours trouver de nouvelles têtes à coiffer bénévolement dans la rue.