Pour "maintenir le lien", des habitants de la Villeneuve de Grenoble se retrouvent tous les soirs à leur fenêtre pour chanter, faire de la musique. L'initiative vient d'une cheffe d'orchestre, très investie dans la vie du quartier.
Mercredi 18 mars, 18 heures, les habitants du 170 galerie de l'Arlequin pointent un à un à leur fenêtre. Comme chaque jour, c'est Adeline Gueret qui donne le rythme et lance la session musicale quotidienne. Ce soir, ça sera "Bella Ciao".
Un habitant de l'étage supérieur entonne les premières notes à la clarinette et Adeline Gueret bat la mesure avec son tambourin. Tout le monde scande à sa fenêtre le chant de révolte italien, comme une trêve au confinement imposé par l'épidémie de coronavirus Covid-19.
"On est plusieurs musiciens et musiciennes dans l'immeuble et il se trouve que je dirige un groupe polyphonique vocal dans le quartier. On s'est inspiré de ce qui s'est fait par ailleurs ou de ce qu'on a pu faire par le passé pour (...) faire en sorte qu'il se passe des choses, même si on est en confinement", explique Adeline Gueret, cheffe du choeur "Hauts les choeurs" à la Villeneuve de Grenoble.
Sur la centaine d'appartements que compte leur immeuble, il y a pas moins d'une "vingtaine de musiciens", selon Marie Mazille, une autre habitante qui s'en étonne elle-même : "C'est un hasard". Pour les habitants, il s'agit surtout de "maintenir le lien" dans un quartier qui a l'habitude de se serrer les coudes au quotidien.
Une composition humoristique sur le coronavirus
"On a vraiment un bel état d'esprit dans cette montée, on a déjà plein de relations, de liens de solidarité entre nous. Finalement, c'est juste une continuité et on a dû être un peu créatifs vu qu'on ne peut plus aller chez les uns, chez les autres ou se voir, se retrouver au parc, faire ce qu'on peut faire d'habitude", ajoute Adeline Gueret.
Et naturellement, le rendez-vous musical quotidien a rencontré son succès. Aux fenêtre chaque soir, des enfants, des personnes âgées et de nombreuses voix qui résonnent dans tout le quartier. Une initiative salutaire pour certains qui vivent difficilement le confinement.
"J'oscille entre dire que je m'en fous, (le virus) n'existe pas, on se marre et tout... Après c'est dur de se retrouver sans rien du jour au lendemain. Je me lève le matin, je n'ai pas de réveil, je n'ai rien à faire donc mon moteur c'est d'écrire des chansons", reprend Marie Mazille qui a décidé de composer une chanson sur le coronavirus avec sa voisine chanteuse, Nassima Boulghens.
« Le télétravail ça rame et je déraille, j’en peux plus de la marmaille... Coronavirus.. va te faire voir sur Uranus... » la chanson de la Villeneuve chantée aux balcons du 170 galerie l’Arlequin @f3Alpes #coronavirus #ConfinementJour3 pic.twitter.com/wTKtJiVB7S
— Céline Aubert (@celaubert) March 19, 2020
"Marre de franceinfo, du corona en boucle à la radio, on préfère chanter Figaro ou Bella Ciao. Mes voisins s'engueulent pendant que je médite, plus moyen de se sauver, les supporter quel mérite !", les deux femmes jouent leur composition dans leur jardin, à l'accordéon. Une chanson pour faire un pied de nez à l’épidémie, mais surtout une façon de s’occuper et de se retrouver autour d’un projet, malgré le confinement.
Pour Marie Mazille, finalement, aucun regret à avoir : "Je me suis posée la question de partir loin dans une maison isolée avec mes parents, mais je préfère être dans l'immeuble." Leur concert quotidien est devenu très apprécié dans le quartier. Les choristes du 170 vont bientôt transmettre les paroles de leur chanson aux autres habitants de la Villeneuve pour que tous ceux qui le désirent chantent à leur balcon chaque soir, à 18 heures.