La sépulture de l'abbé Albéric de Braine, mort le 3 mai 1206, a été sortie de terre la semaine passée à Soissons dans l'Aisne. Elle a été transmise au laboratoire ARC-Nucléart au CEA de Grenoble, chargé de la conserver.
C'est un trésor archéologique qui va être conservé à Grenoble. Le corps momifié d'Albéric de Braine, abbé du XIIIe siècle mort il y a plus de 800 ans, est arrivé dans les locaux du laboratoire ARC-Nucléart - Atelier de recherche et de conservation au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives de Grenoble. Les ingénieurs ont déjà réalisé près de 25 heures d'irradiation gamma pour sauver la dépouille.
"L'objectif est à la fois d'avoir un effet sanitaire, protéger les personnes qui vont manipuler cette sépulture à la suite de cette opération. Et à la fois d'avoir un effet de conservation des tissus, des textiles, du bâton, de l'évêque, pour éviter qu'il y ait des attaques fongiques [causée par des champignons, NDLR] qui le dégradent", résume Laurent Cortella, ingénieur au laboratoire ARC-Nucléart.
La sépulture, sortie de terre le 15 décembre à Soissons (Aisne), a été transféré à Grenoble quelques jours plus tard. Une incroyable trouvaille faite dans les ruines de l'ancienne abbaye Saint-Médard dont la crypte est classée au titre des Monuments historiques. Ici même est née la dynastie carolingienne, où se réunissaient les évêques durant le haut Moyen-Âge.
Découverte fortuite
"On organisait des journées de sensibilisation à l'archéologie et deux enfants ont découvert une plaque en grattant le sol. Ensuite, les archéologues se sont dits qu'il y avait peut-être quelque chose derrière et ils ont trouvé cette tombe extraordinaire", se rappelle le président de l'association Abbaye Royale de Saint-Médard, Nicolas de Schonen.
La tombe, parfaitement scellée par cinq pierres, est restée hermétique. A l'intérieur, la sépulture de l'abbé Albéric de Braine a été retrouvée intacte avec la hampe de sa crosse, le grand manteau brodé qui enveloppait son corps et ses chaussures. Son corps était déposé sur une feuille de plomb et sa tête reposait sur une pierre inclinée qui lui servait d'oreiller.
"C'est extrêmement rare d'avoir des inhumations habillées dans cet état. Sur la dépouille a été déposée une collerette en tôle de plomb qui masque son visage. Pour l'instant, on n'a pas encore d'équivalent sur ce mode d'inhumation", explique Jérôme Haquet, archéologue au CNRS Orient & Méditerranée.
La sépulture va rester au laboratoire ARC-Nucléart de Grenoble en attendant les fouilles archéologiques. Elles permettront de restaurer cet ensemble et d'identifier plus précisément le défunt grâce notamment à un analyse ADN. L'occasion également d'en apprendre davantage sur les pratiques funéraires du XIIIe siècle.