L'exposition "Une histoire d'images", au musée de Grenoble, présente les 270 clichés donnés par Antoine de Galbert. Le collectionneur et mécène a offert ce fonds de photographies "géopolitiques" pour soutenir le musée, là où il a tout appris.
Elles montrent le monde dans sa diversité, dans sa beauté comme dans la violence, dans la joie autant que dans les larmes. Les collections du musée de Grenoble viennent de s'enrichir de 270 images, juste avant le départ à la retraite du directeur emblématique de l'institution, Guy Tosatto.
Elles brossent un portrait sensible des hommes et des femmes à travers le globe, à travers les décennies, de l'argentique au numérique, du noir et blanc à la couleur. De l'Afrique du Sud à la jungle de Calais, de Nelson Mandela à la reine Elisabeth II, des Pygmées aux Ukrainiens en passant par les Afro-Américains, leurs traits, photographiés par 95 professionnels, donnent un visage à la géopolitique (voir la vidéo en tête d'article).
Ce fonds "couvre une période allant de la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui, et s’attache plus particulièrement aux dernières décennies écoulées, dont il révèle, avec force et acuité, l’âpreté et la complexité", indique Guy Tosatto.
"Une histoire d'images" offerte par Antoine de Galbert.
Enrichir la collection photographique du musée
Grenoblois de naissance, ce professionnel de l'art a vécu une trentaine d'années dans la capitale des Alpes où il avait une galerie avant de créer le centre d'exposition La maison rouge à Paris. Depuis la fermeture de cette dernière, il a collaboré avec le musée de Grenoble lors d'une première exposition en 2019, puis en proposant ses services de mécène à l'institution grenobloise.
La photographie restait le parent pauvre et un point faible des collections.
Guy Tosattodirecteur du musée de Grenoble jusqu'en décembre 2023
Créé en 1798, le musée de Grenoble est connu, en particulier, pour son fonds d'antiquités égyptiennes, ainsi que ses suites de tableaux anciens et son fonds d'art moderne et contemporain, "le premier en région". En revanche, la photographie "restait le parent pauvre et un point faible des collections", note Guy Tosatto.
Avec ce don, à 70% issu des collections de la fondation Antoine de Galbert et à 30% de la collection personnelle du mécène, "c’est un bloc de réalité brute qui entre dans les collections du musée de Grenoble", estime Guy Tosatto.
Des photographies "d'une incroyable actualité"
Des fragments de réalité captés par des artistes ou des photojournalistes : David Goldblatt, Gilles Raynaldy, Jane Evelyn Atwood, Bernard Descamps, Roman Cieslewicz, Henri Cartier-Bresson ou Wiktoria Wojciechowska pour n'en citer que quelques-uns.
Le fourgon de police, "Black Maria", de Dorothea Lange en 1957 est, selon le mécène, "une icône universelle". Car "cette photographie, en plus d’être un très beau tirage, est d’une incroyable actualité".
Sur un autre mur, un immense trombinoscope propose "une histoire de sociologie du monde du travail". Ce sont 80 portraits en plan serré face à l'objectif, signés Christian Courrèges. L'œuvre est le fruit d'une commande d'Antoine de Galbert à l'artiste lors de la construction de La maison rouge à Paris. Les portraits sont ceux des "bâtisseurs" de l'édifice. Un souvenir qui dit quelque chose de la France.
Des donations à Lyon, à Grenoble et à Paris
"Il s'avère que c'est aussi une métaphore, une image de la France au travail, la richesse de la diversité et des différences. Pour moi, on voit dans cette exposition que la différence est une richesse. Ce n'est pas une peur, contrairement à ce que l'on peut entendre de plus en plus. Tous ces gens ont été extraordinaires. Certains viennent du Mali, du Portugal ou tout simplement de Paris et ils ont fait œuvre en fait, puisqu'un bâtiment, c'est une œuvre", dit le collectionneur.
Le musée est à soutenir à 1000%, c'est la mémoire d'un peuple, d'un pays, d'une région. Moi, j'ai tout appris dans les musées.
Antoine de Galbertcollectionneur et mécène
Par le biais de sa fondation, Antoine de Galbert a réalisé d'autres donations, notamment une collection de 530 coiffes au musée des Confluences en 2017, de photographies au Centre Pompidou, au château d’Oiron, et au musée des Beaux-Arts de Lyon.
"Le musée est à soutenir à 1000%, c'est la mémoire d'un peuple, d'un pays, d'une région. Moi, j'ai tout appris dans les musées, ce n'est pas dans des galeries ou chez des copains qui achetaient des tableaux. Je suis absolument convaincu du bien-fondé de faire des dons aux musées. Il n'y en a pas encore assez, mais ça commence. C’est une manière de sanctuariser quelque chose et d'être le témoin de son temps", conclut le mécène.
- Une histoire d'images, donation Antoine de Galbert, à voir jusqu'au 3 mars 2024 au Musée de Grenoble.