Le célèbre dessinateur, Jean-Marc Rochette, est venu compléter son œuvre commencée l’année dernière à l’occasion du festival de street-art de Grenoble. Il s’agit d’une fresque engagée, en hommage aux éborgnés lors des manifestations. Ce lundi 3 avril, il y a ajouté "un 33e œil".
Un œil de plus, pour un éborgné de plus en France. Jean-Marc Rochette, célèbre dessinateur de bande dessinée, mais aussi artiste engagé, est descendu de ses montagnes où il vit pour "mettre à jour" son œuvre sur le mur du parking Hoche à Grenoble : "C’est de l’art de rue, de l’art où tu dis les choses, confie l’artiste, et je me suis souvenu de ce qu’il s’était passé lors des manifestations des gilets jaunes, qu’il y avait 32 personnes qui avaient perdu leur œil, j’ai été très choqué, alors j’ai voulu le dire."
Cette fresque, le dessinateur l’a commencée l’an dernier à l’occasion du festival du street-art de Grenoble. Le directeur a donné carte blanche à l’artiste, il a alors dessiné 32 yeux, en hommage aux 32 blessés, éborgnés, lors des manifestations des gilets jaunes. De grands panneaux jaunes, sur lesquels il a peint des yeux hors de leur orbite, avec écrit en noir "32, bilan provisoire". Ce 32, il le raye aujourd’hui et écrit 33 à l’encre noire.
Car le 23 mars, lors d'une des manifestations contre la réforme des retraites, un homme a perdu un œil, suite à la déflagration d'une grenade de désencerclement : "C’est quand même tragique, on part en manifestation, on ne peut pas imaginer ça, là la personne qui a perdu son œil, c’est un père de famille. Je l’avais promis quand j’ai fait cette œuvre, j’avais dit que s’il y avait d’autres blessés qui avaient perdu un œil, je reviendrai. S’il y en a dix, je reviendrai 10 fois, s’il y en a 30, je reviendrai 30 fois et s’il y a un mort, je dessinerai un carré noir avec le nom de la personne."
Dans ce quartier du centre-ville de Grenoble, les peintures murales sont toutes très engagées. Notamment en souvenir des Afro-américains tués par la police, ou pour des messages politiques. Les yeux du dessinateur de BD ont toute leur place ici : "c’est une fresque qui est relativement soft, elle peut interroger, elle n’est pas trash, elle n’est pas sanguinolente, mais par contre une fois que l’on a compris de quoi ça parlait, effectivement ça invite à la réflexion," explique Jérôme Catz, le directeur Street Art Fest Grenoble Alpes.