Le projet de réhabilitation du lac de la Villeneuve, à Grenoble, provoque des dissensions dans le quartier. La mairie veut autoriser la baignade dans ce bassin et prévoit de débuter les travaux en 2026, mais un collectif dénonce un projet trop coûteux, éloigné des besoins des habitants.
C'est le point central du quartier. Le lac de la Villeneuve, qui trône depuis plus de 50 ans au cœur du parc Jean-Verlhac à Grenoble, fait l'objet d'un projet de réhabilitation porté par la municipalité. Alors que le bassin est régulièrement utilisé comme lieu de baignade en été, malgré l'interdiction, les élus souhaitent le restaurer pour autoriser officiellement les habitants à y nager.
"Cela nécessite de réhabiliter (le bassin), de le repenser dans son fonctionnement aussi parce qu'aujourd'hui, on est sur une eau qui n'est pas filtrée, pas sécurisée et donc pas baignable. Le projet est pensé pour rendre tout cela possible avec les réglementations actuelles de l'ARS", résume Chloé Pantel, adjointe au maire de Grenoble.
Mais ce programme de rénovation, lancé en 2020, provoque des remous parmi les habitants. Un collectif s'est monté pour s'opposer au projet porté par la municipalité. S'ils souhaitent aussi une rénovation du bassin, ils craignent un cloisonnement du lieu.
"Poser les choses à plat"
Car y autoriser la baignade implique la mise en place d'une surveillance, l’installation de barrières autour du bassin et la fermeture de l’espace à la tombée de la nuit en été. "On ne pourra plus profiter de ce bassin comme aujourd'hui on en profite, à n'importe quelle heure de la soirée. Le soir, en été, je peux vous dire qu'il y a du monde jusqu'à minuit passé et que les enfants continuent d'être là avec leurs parents", assure Paul Hazebroucq, membre du Collectif du lac.
"Aucun incident n’a été déploré et cela nous va très bien", souligne le collectif dans une pétition en ligne ayant recueilli plus de 1 300 signatures. Approfondir le lac le rendra, malgré la surveillance, "inévitablement dangereux" et contraindra à organiser "des temps de baignade restreints", soulignent-ils tout en pointant un "projet très coûteux qui ne tient pas compte de la réalité (du) quartier".
On nous parle d’une magnifique concertation et en réalité, ce qu’on a, c'est le choix dans les ateliers de la couleur des bancs, de la couleur des parasols, de l'endroit où on les met.
Paul Hazebroucq, membre du Collectif du lac
Ces habitants s'accordent pour demander une amélioration de la qualité du parc Jean-Verlhac en multipliant les points de fraîcheur et les espaces dédiés aux familles. Mais ils regrettent un manque de négociation avec la mairie sur le fond du projet. Malgré plusieurs interpellations, le groupe ne se sent pas écouté.
"On nous parle d’une magnifique concertation et en réalité, ce qu’on a, c'est le choix dans les ateliers de la couleur des bancs, de la couleur des parasols, de l'endroit où on les met, regrette Paul Hazebroucq. Mais remettre en cause le principe du lac baignable, ce n'est pas imaginable une seconde pour la mairie et poser les choses à plat, ce n'est même pas envisageable."
Les travaux devraient commencer au premier trimestre 2026, notamment pour rénover la structure en béton du bassin devenue vétuste. Un investissement nécessaire, selon la Ville, estimé à 4,8 millions d'euros pour une entrée en service prévue en 2027.