Le musée de l'ancien Evêché de Grenoble propose, jusqu'au 1er septembre, une exposition en hommage aux photographes de la famille Tairraz. Sur quatre générations, ils ont immortalisé les hauts sommets du Mont-Blanc et laissé des clichés devenus iconiques, bien que leur nom reste méconnu.
Ils s'appelaient Joseph, Georges I, puis Georges II et enfin Pierre. Du premier guide photographe, au milieu XIXe siècle, jusqu'au dernier Tairraz du nom, à l'orée du XXIe siècle, ce sont quatre générations de la même famille chamoniarde qui ont jeté leurs regards sur les Alpes. Un regard qui porte désormais leur nom, tant il a sublimé à jamais les montagnes qu'il embrassait.
"Ces photos m'évoquent l'ascension au sommet du mont Blanc par ma mère en 1938. Quand je repense à l'équipement qu'elle avait à l'époque, je me dis qu'il lui a vraiment fallu du courage pour y arriver."
Venu de Haute-Savoie jusqu'au musée de l'ancien Evêché de Grenoble, c'est d'abord un regard de technicien de la montagne que Daniel porte sur la grande rétrospective consacrée aux guides photographes de la famille Tairraz. L'une des entrées possibles pour apprécier les vertus de cette exposition, première du genre.
Tairraz : plus qu'une famille, un regard
"Les Tairraz, pendant 150 ans, ils vont gravir le massif du Mont-Blanc, de père en fils", explique Sylvie Vincent, la directrice du musée de l'ancien Evêché. "Dès le XIXe siècle, bien d'autres viennent y photographier la montagne, mais ce sont généralement des Parisiens qui repartent ensuite. Eux sont tous - excepté Pierre, le dernier des Tairraz - des guides de haute montagne et ils choisissent tous de faire de leurs montagnes, le terrain de prédilection de leur passion pour la photographie. C'est un cas plutôt unique en son genre."
Une démarche familiale, muée par un amour commun de l'univers montagnard et transmise de génération en génération au fil de 150 années passées à photographier les hauts sommets. Rien de tel pour susciter l'intérêt des scientifiques se penchant sur l'évolution du milieu alpin. Aujourd'hui encore, ils sont nombreux à s'intéresser aux photos de la famille Tairraz pour juger du recul des glaciers, par exemple.
Ce n'est toutefois pas leur valeur documentaire qui saisit le plus souvent le visiteur planté devant les 120 clichés familiaux signés Tairraz. Mais plutôt un certain regard, comme disent les spécialistes de la photographie. Un regard "Tairraz".
"Leurs clichés sont devenus des figures iconiques de la photographie de montagne, parfois connus dans le monde entier, alors que les photographes qui les ont pris restent, quant à eux, encore méconnus", explique encore la commissaire de l'exposition grenobloise. "Pourtant, lorsque l'on voit la qualité de leurs productions, il est bien difficile de comprendre pourquoi une grande rétrospective ne leur avait pas encore été dédiée."
Nés pour sublimer la montagne
Bien difficile, en effet, de comprendre comment cette sorte d’œil absolu, tout entier consacré à magnifier la haute montagne, a pu passer au travers des hommages pendant 150 ans.
Ces quatre photographes montagnards ne sont pas du tout dans l'exploit physique ou sportif, ils font juste leurs clichés pour sublimer la montagne. Dans leurs photos, il y a un respect, une véritable harmonie entre ces hommes et l'environnement qui les entoure.
Sylvie Vincent, directrice du musée de l'ancien Evêché de Grenoble
L'exposition "Tairraz, quatre générations de guides photographes", est présentée jusqu'au 1er septembre 2024 au musée de l'ancien Evêché à Grenoble.