Les kinésithérapeutes étaient dans la rue ce mercredi pour dénoncer l'absence de revalorisation de leurs actes depuis 10 ans. Ils s'inquiètent de l'épuisement et du manque d'attractivité de la profession.
C’est une profession qui descend peu dans la rue. Une centaine de kinésithérapeutes étaient réunis devant le siège de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) à Grenoble, mercredi 5 avril, pour exprimer leur colère. Ils réclament, depuis plusieurs mois, une revalorisation de la tarification de leurs actes.
"C'est catastrophique, juge Ségolène Ducrocq, kinésithérapeute à Villard-Bonnot (Isère) et membre du syndicat Alizé. On a des charges professionnelles qui augmentent, des charges personnelles qui augmentent et on finit par ne plus s'en sortir. Je travaille avec un patient par demi-heure, ce n'est plus gérable. A 13 euros bruts la séance, il faut faire beaucoup d'heures."
Pour avoir les mêmes revenus qu'il y a 15 ans, il faut maintenant faire 54 heures de travail au lieu de 40.
Pierre Dhien, kinésithérapeute et délégué syndical Snmkr Isèreà France 3 Alpes
L'inquiétude grandit aussi à cause du manque d'attractivité de la profession. En Isère, on dénombre 1 800 professionnels exerçant en libéral, insuffisant pour répondre aux besoins des patients. Dans un communiqué, le Syndicat national des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (SNMKR) Isère dénonce "la dégradation de la prise en charge des patients" et "l'épuisement de la profession" face à des discussions "à sens unique" avec la CPAM.
"Beaucoup de kinés décident de faire autre chose ou de ne plus faire de soins conventionnés. Dans 10 ans, quand je serai à la retraite, il n'y aura peut-être plus personne pour s'occuper de moi ou des autres patients", craint Jacky Otero, kinésithérapeute.
"Débat" autour des dépassements d'honoraires
Dans son cabinet de Vif (Isère), Pierre Dhien reçoit une vingtaine de patients par jour. Le kinésithérapeute se sent pénalisé par le prix de la séance qui n’a pas été revalorisé depuis 10 ans. "Pour avoir les mêmes revenus qu'il y a 15 ans, il faut maintenant faire 54 heures de travail au lieu de 40", regrette le délégué du syndicat SNMKR Isère.
Et Pierre Dhien a fait de gros investissements pour son cabinet, comme un bassin de balnéothérapie qui permet une rééducation dans l'eau. Avec la hausse des coûts de l'énergie, ses charges ont augmenté. Il devra peut-être se résoudre à des dépassements d’honoraires.
"Ça demandera aux patients, malheureusement, un investissement supplémentaire qui ne sera pas remboursé par l'Assurance maladie. C'est un gros débat, ajoute-t-il. Certains confrères le font déjà. Ils sont obligés pour tenir leur niveau de revenus. On espère ne pas en arriver là."
Pour se faire entendre, les kinés font la grève des feuilles de soin électroniques. La caisse d’assurance maladie de Grenoble a promis de relayer leurs revendications au siège, à Paris.